Dimanche 17 decembre 2000

"Si vous prenez le diable en stop, c'est lui qui finira au volant"

Ecrire, ne pas laisser le temps filer, vous filer le bourdon, agir, réagir, retenir à soi les temps passés qui dérapent dans les sentiers sinueux, anoblir l'instant, en laisser une trace pour soi, pour vous, pour ceux qui restent quand d'autres partent.

J'ai deux mille et un an, je me balance à vos faces brunies, tournoyant dans un trou, vidant l'ozone, raflant l'air au passage, aggripant l'espace de mes mains-serres, déployant des ailes silencieuses, invisibles et inutiles, juste pour épater la gallerie: Regardez j'ai des ailes moi, regardez j'ai des ailes! Puis personne ne sait qu'elles servent à rien, tout le monde s'en fout, parce que les gens ce qu'ils aiment c'est les apparances.

Il y a quelque temps j'ai vu les gens comme du pop corn, j'ai mis au point ma Théorie du Maïs. Vous savez, quand vous êtes dans la foule, vous avez l'impression de traverser un champ de maïs. Chaque épis se ressemble, chaque épis est interchangeable. Mais si vous mettez ces grains dans une casserole avec un peu d'huile et de feu sous le récipient, ces grains se transforment en des flocons tous différents les uns des autres. Les gens c'est pareils, c'est les situations (provoquées ou pas) qui les font apparaitre différent. Mais apres un bout de temps si on consomme pas ce pop corn, il devient mou, sans saveur. Alors faut le manger chaud, avec du sucre ou du sel, parce que nature c'est pas toujours ça, les gens ont besoin qu'on les enrobe d'une certaine dose de choses pour les rendre mangeables, ce qui les rend pas forcément digestes.

Je marche sur une plage et des pas s'effacent devant moi, mes pieds emboitent son pas, et sa silhouette est un point sur l'horizon. En faisant les mêmes enjambées, le même parcours je me lie à elle, cette forme qui déja disparait au loin. En accelérant l'allure, elle réapparait briévement. Les gens sont toujours sombres vu de loin, sans doute pour cela que je m'habille en noir, pour être vu de loin même de pres. Instaurer une distance, faire partie de la ligne d'horizon de chacun et n'accorder de l'importance qu'à celui qui voudra m'emboiter le pas, qui aura ce courage ou cette curiosité. Alors je me retourne de temps en temps pour voir si personne ne me suit, mais mon horizon est renvoyée à un autre horizon, vide, froid et plat. Quelques nuages s'étirent pour ressembler à des volutes de fumées d'un feu lointain. Qu'est ce qui brûle la-bas ?

My long sweet day... Les jours de pluie se ressemblent tous, portant tous en eux le souvenir ou l'espoir d'un déluge, ils cherchent à imposer leurs rêves humides, à nous faire sentir comme les poissons que l'on est pas, à nous glacer jusqu'aux os et nous faire goutter le nez. Les jours de pluie sont tous différents, ils arrivent à nous faire rêver, finissent par nous donner la mélancolie necessaire pour nous faire écrire ça, pour nous rendre un peu plus intéressant que le commun des mortels. Ils nous donnent pas des écailles mais nous donnent un avant gout d'océan, un infra monde sous vide, sans oxygéne, sans géne. Je suis une bulle qui ne remonte pas, je reste à vous voir de loin, petit cercle comme une goute d'eau transpirant au soleil. Je veille sur vous dans ma translucidité, je reste lucide, sans rêves et sans éclat. Ce n'est pas moi qui brille, vous savez ce qui me fait briller, on ne brille jamais tout seul.

Elle accélére le pouls, elle aime la vitesse, bouge plus vite que mon ombre, elle agite sa vie comme le vent agite un champ, envoyant loin les pollens, le songe d'une fleur qui passe par la plante, puis le fruit. Je suis sa réssurection, sa fin et son devenir. Devant, un picasso sur le mur sourit, déformé et heureux de l'être. Je suis bleu de toi. Saura t'on se suivre, ralentir pour s'accorder ? Revenir au point de rupture pour construire ce qu'il reste à ressentir. Ma vie me parait de plus en plus promue à une sorte de grande échappée, avec cette peur qui tenaille le ventre, peur de ne pas avoir d'avenir, peur de ne pas le supporter, peur de devoir stopper tout cela en cours, peur que personne n'ai envie de me suivre, de me comprendre, d'être la pour moi. Derriére moi, une mélodie au piano, quelque chose de tendre, comme un rendez-vous qui se passe bien, où l'un prend la main de l'autre pour la regarder loin dedans, passer des yeux aux levres, sans qu'aucun mot ne s'échappent, ou alors des banalités d'usages qui pour l'occasions sont pas si banales, pas si molles, un peu plus belles, un peu plus brillante, parce que c'est lui, parce que c'est elle et que elle et lui c'est pas mal comme petit mélange, ça donne quelque chose de beau, comme deux pop corn qui s'emboitent, comme si elle avait trouvé les pas dans le sable et qu'elle avait courru au lieu d'avancer, pour se dire que quand on se dépéche on rattrape ce qu'il y a sur l'horizon.

Dehors il fait froid, sur qu'il va encore neiger un jour ou l'autre, dans ta ville puis dans la mienne. Demain nous aurons chaud, fais moi confiance...

Lundi 18 décembre 2000

Des biologistes français de l'Inra ont génétiquement modifié une lapine albinos. Elle présente une particularité: éclairés en lumiére ultraviolette, ses poils, ses moustaches et ses yeux prennent une couleur fluo. On parle de luciferase, enzyme catalysant la réaction bioluminescente chez de nombreuses espéces vivantes.

Fais moi voir les choses comme tu veux me les faire voir, 8, 48, 180 l'espace du possible. Dans un second élan, je m'élance vers le ciel, mais je rêve, je ne tombe pas ou alors je ne me souviens jamais de la chute. Dehors, le mur beige renvoit les grisailles du ciel. Ingrédients pour un bestiaire fabuleux, modifications climatiques, regarde inversé. J'aimerais être fluorescent pour que tu me vois de loin, un point vert sur un ocean gris, lointain.

Je te dépasse, tu me dépasses, nous nous dépassons et nous retrouvons. Sors de la...

Sous les herbes folles, dans les versants abruptes, au loin les vagues céléstes aux formes de divinités mythologiques. Dans les forêts d'une Inde profonde. Faire l'amour dans les ruines, les temples antiques, sous un ciel ocre. Tirer avantage des passions, pour s'évacuer vers les cieux. Ralentir le temps, déployer nos ailes, supériorité aérienne. Mes yeux voient loin, ils tremblent sous ta lumiére, tes rayons me brisent et tes caresses me reconstruisent... Sous ta bouche le néant, je suis dans ton néant, anobli par ton présent en devenir, lissé par tes rêves centenaire et tes fantasmes prolifiques. Contre toi je m'assoupis, telle une ombre sur un mur. Je ne te distingue plus de moi, tu disparais sous mes baisers, parfaite forme mouvante, au ralenti tu t'évapores et me guide, maintenant.

Je t'emméne partout où je vais...

Mardi 19 décembre 2000

Vois ce que tu as créé en moi. Tout est lumineux, comme le soleil sur un lac gelé.

Dans un cercle des flammes dansent, elles tracent les signes qui font dire que les astres approchent. Le mot grandit sous la langue, il s'enroule comme un vent solaire qui embrase les corps et les coeurs. Masques ronds, oiseau lyre, ache à double lame, tenebres contenus dans une boite, formules magiques. Attirons la lune, retiront nos craintes, ranimons les chiméres du temps passé.

Dans l'union, explosions de couleurs, fées en équilibres sur les fleurs de nuit, peintures profondes. Insomnie, liberté, rêves verts, une créature vit en toi, dans la cage de ton thorax, gémissant sans cesse en manque de quelque chose, quelqu'un.

Cavernes voyageuses, aux dessins changeants, parois chaudes et rouges. Sable fin, feu vivant dans nos mains reconnaissantes. Je te cueille dans l'extase, tu me regardes. Ici, la trace nous guide et nous conduit vers ce qui brille et réchauffe.

J'ai lutté longtemps contre le temps, adversaire cruel et implaccable.

J'ai une tristesse au fond de moi. La plainte de l'aube qui s'échine à m'abattre... Le sommeil quitte mon corps pour remplir mille corps lointains. Le chant des oiseaux s'est tût, me laissant à ma solide solitude, citadelle infranchissables aux vitres argentées, opaques. Rechauffe mon coeur comme tu le fais, apporte moi ta lumiére rose écarlate, fais de moi celui qui s'acceptera vivre avec ce qu'il a à porter.

Mercredi 20 décembre 2000

Mémoire, je connais tes rouages, tes leurres et tes fuites. Je te poursuivrai jusqu'au tréfond de l'abîme que je nomme: moi-même.

Il est des choses que l'on rapportent ici bas et qui appartiennent aux rêves. C'est étonnant, mais je rêve souvent de ma grand-mére, qui est pourtant morte depuis des années. Je visite ainsi son appartement et j'y fais des photos, je la rencontre de temps en temps, me disant que la mort n'a pas pris sur elle et que ce ne furent que des rumeurs. Cette nuit elle m'a montré un album photo. Ces images étaient d'un autre temps mais assez présentes, elle m'a dit que c'était de moi, en fait toutes les photos que je n'avais pas prises ou alors celles que j'avais pris en rêve et qui restaient dans ma mémoire, quelque part. Ainsi, les photographies sont la mémoire d'un monde, j'aimerais recréer ces photos que j'ai vu en rêves pour les amener dans cette réalité.

Dans ces rêves, je réalise toujours que ma grand-mére est morte mais je trouve cela presque normal. Bizarement, je me dis que c'est moi, vivant, qui la hante. Parfois je m'envole du balcon, pour froler des immeubles imaginaires, certains exposent des BD, d'autres sont des écoles, des jardins étranges, une cabane en bois, magique. D'ailleurs, cette cabane existait et a été détruites peu de temps avant que je m'y habitue, mais je garde toujours une intense tendresse voir fantasme pour cette cabane, car elle renferme mon enfance.

Je suis retourné il y a maintenant un an environ, c'est comme si c'était hier. Le temps passe si vite. Les choses avaient changées, sans pour autant me dérouter. J'y retrouvais mes marques, mes souvenirs, mon enfance. Me suivras-tu dans mes refuges lointains ? La où ma mémoire garde en secret la poésie du temps.

Jeudi 21 decembre 2000

Si l'on bouge, est ce que la lune nous suit ? Et si l'on s'arrête, est ce qu'elle s'arrete ? Et si l'on repars en sens inverse ?... Alors on se déplace sans faire trembler personne.

Dimanche 24 decembre 2000

C'est noël... j'ai toujours peté les plombs aux alentours de ces jours.

Lundi 25 decembre 2000

Je me demande ce que j'ai en tête...

Samedi 30 decembre 2000

Les garçons sont revenus dans la ville, avec leur souffle de cougar, le vent est froid et le trajet long, le train nous méne vers le nulle part qui pretend porter en lui les espoirs d'un avenir. Je voudrais sourir, j'y arrive, je pense à demain et à ce qui se fera apres. Deja je saute dans un autre univers.

Dimanche 31 decembre 2000

Le jour de l'an apporté sur un plateau de dégustation, l'année 2001 sera une année étrange, marquante et pleine de charme

lundi 8 janvier 2001

C'est l'année de l'amour, les gens sont heureux, se découvrent, remettent leur coeur en mouvement, se sentent bien à deux. Ce soir passe Lolita, avec Jeremy Irons et Dominique Swain, je sais pas pourquoi mais j'adore ce film, et ce livre...