DOUGLAS COUPLAND

 «Je me rappellerai toujours la première fois que j'ai vu la neige. J'avais douze ans et c'était juste après le premier, et le plus beau, divorce de mes parents. J'étais à New York en visite chez ma mère et je me trouvais à côté d'un îlot piétons au milieu de Park Avenue. C'était la première fois que je sortais de L.A. J'étais sidérée par la grande ville. Je regardais en l'air, le building Pan Am, et je pensais au problème essentiel de Manhattan.»

«Qui est --?» je demande.

«Qui est son poids. Excessif et mal réparti : des tours et des ascenseurs; de l'acier, de la pierre et du ciment. Trop de masse, trop haut, ça pourrait distordre le champ de gravité lui-même -- une inversion terrible -- un programme de permutation avec le ciel.» (J'aime quand Claire débloque.) «Cette idée me fit frémir. Mais juste à ce moment mon frère Allan me tira par la manche car le signal piétons venait de passer au vert. Je tournai la tête pour traverser et alors bang, en pleine figure, le premier flocon de ma vie . Il me fondit dans l'oeil. Sur le coup je ne savais même pas ce que c'était, puis je vis des millions de flocons -- une infinité blanche qui sentait l'ozone et tombait au ralenti, on aurait dit une pluie de chrysalides d'anges.»1

BIOGRAPHIE

Douglas Coupland, l'écrivain qui nous a donné l'expression «la génération X», est né sur une base aérienne en Allemagne de l'Ouest et a été élevé par la suite à Vancouver où il demeure toujours. Son premier roman, intitulé Génération X (1991), a remporté un succès instantané particulièrement au Canada auprès des jeunes dans la vingtaine. Son deuxième roman, Shampoo Planet (1992), et un recueil de nouvelles, Life after God (1994), ont été accueillis avec le même enthousiasme. En 1995, Coupland offre à ses lecteurs un roman fort attendu intitulé Microserfs et publié par HarperCollins.

John Fraser, éditeur de la revue Saturday Night et défenseur de Coupland, définit ce dernier comme étant le dalaï-lama de la génération des jeunes dans la vingtaine. Bien que Coupland parle au nom de sa génération, il exprime le plus souvent ses propres idées. Ses personnages souvent pleins d'esprit, honnêtes et introspectifs fascinent toute une génération aux prises avec la complexité et le vide de l'existence des années 1990. Les lecteurs de Coupland sont fidèles et enthousiastes. Par exemple, lorsqu'un extrait de Microserfs est paru dans le numéro de janvier 1994 de Wire en version imprimée et électronique, la version électronique a remporté un tel succès qu'elle a été copiée et répandue partout sur l'Internet. De même, tout récemment, on trouvait la nouvelle de Coupland intitulée «This Bridge Is Ours» sur le World Wide Web, dans un numéro du Vancouver Magazine .

Membre assez récent de la littérature canadienne, Coupland s'est forgé une réputation internationale. En effet, aujourd'hui ses ouvrages sont traduits en vingt-quatre langues.

OEUVRES DE DOUGLAS COUPLAND

·        Generation X : tales for an accelerated culture. -- New York : St. Martin's Press, 1991.-- 183 p.-- ISBN 031205436X. -- Titre en français : Génération X.

OEUVRES SOUS FORME ÉLECTRONIQUE

Cet ouvrage est également accessible à:

URL: gopher://tern.csulb.edu/0/colleges/cba/faculty/rlewis/papers /micro
URL: gopher://gopher.etext.org/0/Quartz/wired/2.01/features/micro serfs.gz
URL: http://www.umd.umich.edu/~nhughes/htmldocs/micro.html
URL: http://www.dts.harris.com/~sabat/microserfs.html

ÉCRITS SUR DOUGLAS COUPLAND


Notes

1 Douglas Coupland, «Rappelle-toi bien la terre», Génération X (Paris : R. Laffont, 1993), p. 123-124.

Article paru dans Le Matricule des Anges
                               Numéro 3 d'avril/mai 1993

L'utopie revisitée

"Soit nous faisons de notre vie un roman, soit nous ne nous en sortirons jamais." Génération X est le livre/réaction au Moins que Zéro de Bret Easton Ellis, une génération plus humanisée qui a quitté la ville yuppisée pour "la recherche de la lettre intérieure que chacun a à lire ".
Andy, Dag et Claire ont atterri dans des bungalows de Palm Spring dans le désert californien, vivant de "Macjobs" (petits boulots) en attendant quelque chose qui pourrait bien être eux-mêmes dans ce monde qui ne sait pas bien où il en est. C'est l'esprit de 68 filtré par trente années de technologie et de zapping pub. Un univers semi-poétique, teinté d'ironie, de cynisme et d'humour où tout le monde est lucide -donc déprimé- et en même temps habité plein d'un espoir intérieur.
Tous les soirs, chacun raconte des histoires qui servent à exorciser leur peur de l'avenir. Ils ne se font pas de cadeaux, ils se créent un présent avec en parallèle une vision panoramique sur la civilisation américaine qui est, un peu plus tôt, un peu plus tard, la civilisation (ou le manque de) totale.
Génération X est un double livre qui se lit dans la marge comme autant de flashes ironiques d'une époque marketing/communicattion et dans le centre comme une pulsation d'un coeur qui bat.

Alex Besnainou

Génération X
Douglas Coupland
Traduit de l'américain par Léon Marcadet

Robert Laffont
232 pages, 115 FF

"Nous vivons des petites vies périphériques. Nous sommes marginalisés et il y a beaucoup de choses auxquelles nous avons choisi de ne pas collaborer. Nous voulions le silence et nous avons le silence. Nous sommes arrivés içi troués d'ulcères et d'acné, le colon tellement coincé qu'il semblait impensable qu'on puisse un jour rebouger les boyaux. Nos systèmes centraux avaient disjoncté, brouillés par l'odeur des photocopieuses, du correcteur, le parfum des titres en bourse et le stress sans fin des boulots absurdes faits à contrecoeur et sans gloire. Nous suivions des impulsions qui nous faisaient confondre shopping et créativité, avaler des tranquilisants et croire que louer une vidéo le samedi soir était un but dans l'existence. Mais aujourd'hui que nous vivons içi dans le désert, tout va beaucoup, beaucoup mieux."

 

Les esclaves de Bill Gates

CYBERESPACE Le romancier canadien Douglas Coupland décrit avec une ironie cosmique la vie quotidienne à l'ère Microsoft.

MICHEL AUDÉTAT

Il y eut un Age des Ténèbres technologiques: c'était l'époque où l'on s'émerveillait encore devant un fax, quand IBM semblait promise à la même éternité que le bloc de l'Est. Depuis lors, les enfants du rêve américain que décrit Douglas Coupland ont été pris de vitesse. Ils flottent désormais dans un univers pixelisé où la vraie vie se distingue mal de ses simulacres techniques. Et, s'il leur arrive de se tourner vers le passé, 1776 (déclaration d'indépendance des Etats-Unis) compte moins pour eux que 1973 (invention du TripleBurger McDonald's). Tel est le sort de la «Génération X» dont Douglas Coupland avait scruté les m¦urs dans son précédent livre. Des rejetons du baby-boom et de la classe moyenne. Des jeunes gens largués dans le présent sans savoir si c'est la fin de l'histoire ou son commencement. Une génération qui se débrouille comme elle peut, surfant entre ses petits plaisirs (sushi, Coca light, le feuilleton «Melrose Place»...) et ce vieux fond d'angoisse: comment dissimuler qu'on est pas sûr d'avoir un avenir?

Avec «Microserfs», on découvre cette génération incertaine au travail. D'un séjour de deux mois passé chez Microsoft, Douglas Coupland a ramené ce roman en forme de journal postmoderne où Dan tient la chronique de sa petite bande. Ils sont sept, garçons et filles de moins de trente ans, dotés d'un QI largement supérieur à la moyenne, oubliant leur vie dans un travail informatique auquel ils donnent tout leur temps et dans une atmosphère aseptisée où la présence spectrale de Bill Gates plane comme celle de Big Brother. La durée de vie créatrice du programmeur microsoftien est estimée à sept ans. Après c'est le flou: un destin de millionnaire grâce aux actions que l'entreprise distribue à ses employés? Ou un job minable dans le télé-marketing?

Ces esclaves de Microsoft vont pourtant briser leurs chaînes. On les voit quitter Seattle et partir en caravane vers la Californie. La terre promise, c'est Silicon Valley où ils vont créer leur propre entreprise et développer «Oop», un ébouriffant projet de Lego virtuel. Tant pis si l'intrigue romanesque traîne un peu les pieds. «Microserfs» vaut par l'étrangeté concentrée de cet univers dont les codes sont aussi rigoureux que ceux du salon Verdurin décrit par Proust. Dan et ses potes estiment que les autoroutes de l'information constituent «la blague du siècle» («une projo de diapos avec musique»). Ils préfèrent se chercher une philosophie dans les manuels d'ingénierie autoroutière des années 70. Entretenir des relations par e-mail. Produire la critique post-féministe des poupées Barbie. Ou encore débattre des céréales qui sont décadentes et de celles qui ne le sont pas. Sous l'ironie cosmique de l'auteur, on trouvera des questions auxquelles la littérature se confronte peu ou mal. Savoir, par exemple, comment les techniques et les machines conditionnent la façon de voir le monde. Ou ce que devient, aujourd'hui, le désir de laisser le vieux monde derrière soi pour s'en aller en bâtir un neuf.
M. A.

«Microserfs», de Douglas Coupland, traduit de l'américain par Léon Mercadet, Lattès, 427 p.

Shampoo Planet

Par Douglas Coupland
Simon & Schuster, New York, 1993

C'est Douglas Coupland qui a inventé l'expression maintenant courante/aberrante de « Génération X », en l'utilisant comme titre de son premier roman. Dans Shampoo Planet, qui traite des « adolescents à l'ère de la mondialisation », Coupland raconte les expériences d'adolescents nord-américains durant les années 90. Tyler Johnson, le personnage principal, est déchiré entre sa conscience et ses ambitions. D'une part, il est convaincu d'avoir la responsabilité personnelle d'améliorer le monde et de sauver l'environnement mais, d'autre part, il aspire à se faire une place dans le secteur corporatif affluent, lequel véhicule des valeurs contraires à ses idéaux. Suivez Tyler Johnson à mesure qu'il s'explique le monde contemporain et lutte pour s'y tailler une place.

Les sujets discutables à propos de la culture sont très nombreux ces jours-ci. Le débat sur les moeurs de la jeunesse d'aujourd'hui, 1998, est répandu presqu'autant que l'emblème du Coca-Cola. La réponse à la question de "qu'est-ce que la Culture?" est souvent ambigüe parmis les jeunes. On retrouve plusieurs auteurs qui aiment mettre une étiquette sur les générations, tellement, qu'il en est devenu un jeu obsessif.

Beaucoup d'auteurs utilisent un "langage farouche" qui dépasse plusieurs jeunes. Par "langage farouche", je veux dire; le langage des "grandes" personnes. Un langage qui n'est pas "apprivoisé" et que peu qui l'utilisent peuvent l'expliquer. Lorsqu'on ne comprend pas, (nous les jeunes), on demande une explication et les plus vieux se précipitent vers la première porte de secours: "vous, les jeunes, vous ne comprendrez jamais..."

Alors, sans doute, on va se contenter d'avoir une "Mcjob" que dit Douglas Coupland: "Mcjob: un emploi bas en paie, dignité, bénéfices et sécurité (d'emploi) dans le secteur des services. Considéré, fréquemment, comme un choix de carrière "satisfaisant" par ceux qui en n'ont jamais eu".(1) Bien sûr, nous sommes une génération d'individus interchangeables et nous nous prostituons d'employeur en employeur. Nous sommes la "génération Glad" comme le dit Nicole F. Bernier dans son "Manifesto de la génération Glad"(2), que j'aborderai plus tard.



1.Coupland, Douglas, Generation X: Tales for an Accelerated Culture, St. Martin's Press, New York, 1991, p. 5 2.Bernier, Nicole F., Manifesto de la génération Glad, La presse, Montréal, 15 juillet, 1995.

Douglas Coupland
Génération X
Collection 10/18
Traduit de l'anglais par Léon Marcadet

"Avec Génération X, best-seller aux USA, Douglas Coupland a eu l'idée imbécile de naître entre 1960 et 1970. Ceux qui sont nés après la bataille et qui vieilliront dans le siècle prochain. Cette fiction reality show est un roman à trois personnages qui se croisent dans les bars à cocktails de Palm Springs. Par bien des aspects, la tendresse mêlée à la révolte, le portrait d'une classe d'âge - ce roman rappelle L'Attrape-coeur ou Moins que zéro." Frédéric Beigbeder

Douglas Coupland est un écrivain allemand né le 3à décembre 1961 à Baden-Söllingen. Il a grandit à Vancouver (Canada).

Génération X est un livre à la fois critique et drôle. C'est une critique acerbe et caustique de cette génération américaine née entre 60 et 70, jeunesse désabusée dans la lignée des générations dites perdues (époque Hemingway) puis foutues (époque Kerouac).

La richesse de ce livre provient outre des dialogues et du scénario (plutôt secondaire et pretexte à une critique de cette société américaine gavée d'MTV, de souvenirs du Viet-Nâm, fan des stars et du show-business, cultivée à grand coups de Disneyland.....) des annotations que Douglas Coupland nous offre pour "expliquer "et enrichire son roman.


Ces annotations sont en fait les définitions de mots (réels ou inventés, poétiques, drôles ou critiques mais toujours représentatifs d'une génération) que Coupland invente pour représenter chaque paragraphe :
Exemples :

Coupland nous offre également quelques chiffres forts représentatifs :

A quoi sert de vivre quand on n’a pas le temps de vivre ?” Triste constat de Douglas Coupland dans son dernier livre “Microserfs”. Ou bien est-ce là une simple affirmation réaliste et désabusée ?

Douglas Coupland, auteur de Génération X” et “Microserfs”.

Les “héros” de l’œuvre de Coupland ne sont autres que des employés de la multinationale de Bill Gates : “Microsoft”. Ces Nerds (passionnés d’ordinateurs), petits génies en herbe se vouent corps et âme à saint Bill, gagnent des millions, habitent les endroits huppés de la Silicon Valley (la Mecque de la technologie informatique) et rêvent en assembleur (1) voire en HTML (2)... Ils sont l’archétype de la réussite couplée d’une faillite sociale et sentimentale. Douglas Coupland, déjà auteur de “Generation X” est un bon romancier, mais ici, il n’a pas eu besoin de se creuser trop la tête car ayant lui même travaillé chez Microsoft, il parle en connaissance de cause. “Je suis célibataire. J’en attribue partiellement la cause au fait que Microsoft n’incite pas aux relations soutenues. L’année dernière, j’ai rencontré une fille à la Conférence Mondiale des Développeurs Apple à San Jose. Elle travaille près d’ici, chez Hewlett-Packard sur l’A90, mais l’affaire n’a pas eu de suite. De temps en temps, j’ai une petite histoire, mais le travail me prend toute ma vie. J’annule les rendez-vous et la romance tombe à plat.” Terrifiant microcosme qui borne ses employés à travailler pour travailler et non plus travailler pour vivre, la vie étant en option, à moins - et c’est le cas de Coupland, qui a quitté ses employeurs après quelques mois - de s’en affranchir.

Alors, quelle est la raison de cet engouement international pour les micros ? L’explication est élémentaire. L’ordinateur est un outil qui décuple la créativité. Et un moyen d’épanouissement à utiliser en doses homéopathiques. Passé le cap du Nerd et autres Geek (3) on comprend aisément l’augmentation de la fréquence d’utilisation d’un micro. Des études ont démontré que les accros du Net (4) sont autant de clients en moins du petit écran. Ce fait n’a pas manqué d’éveiller l’intérêt des publicitaires qui ont aussitôt transféré une part de leur budget sur le Web (5).

http://www.coupland.com/index_ok.html