DOUGLAS
COUPLAND
«Qui
est --?» je demande.
«Qui
est son poids. Excessif et mal réparti : des tours et des ascenseurs; de
l'acier, de la pierre et du ciment. Trop de masse, trop haut, ça pourrait
distordre le champ de gravité lui-même -- une inversion terrible -- un
programme de permutation avec le ciel.» (J'aime quand Claire débloque.) «Cette
idée me fit frémir. Mais juste à ce
moment mon frère Allan me tira par la manche car le signal piétons venait de
passer au vert. Je tournai la tête pour traverser et alors bang, en
pleine figure, le premier flocon de ma vie . Il me fondit dans l'oeil. Sur le
coup je ne savais même pas ce que c'était, puis je vis des millions de
flocons -- une infinité blanche qui sentait l'ozone et tombait au ralenti, on
aurait dit une pluie de chrysalides d'anges.»1
Douglas Coupland, l'écrivain qui nous a donné
l'expression «la génération X», est né sur une base aérienne en Allemagne de
l'Ouest et a été élevé par la suite à Vancouver où il demeure toujours. Son
premier roman, intitulé Génération X (1991), a remporté un succès
instantané particulièrement au Canada auprès des jeunes dans la vingtaine. Son
deuxième roman, Shampoo Planet (1992), et un recueil de nouvelles, Life
after God (1994), ont été accueillis avec le même enthousiasme. En 1995,
Coupland offre à ses lecteurs un roman fort attendu intitulé Microserfs
et publié par HarperCollins.
John Fraser, éditeur de la revue Saturday
Night et défenseur de Coupland, définit ce dernier comme étant le
dalaï-lama de la génération des jeunes dans la vingtaine. Bien que Coupland
parle au nom de sa génération, il exprime le plus souvent ses propres idées.
Ses personnages souvent pleins d'esprit, honnêtes et introspectifs fascinent
toute une génération aux prises avec la complexité et le vide de l'existence
des années 1990. Les lecteurs de Coupland sont fidèles et enthousiastes. Par
exemple, lorsqu'un extrait de Microserfs est paru dans le numéro de
janvier 1994 de Wire en version imprimée et électronique, la version
électronique a remporté un tel succès qu'elle a été copiée et répandue partout
sur l'Internet. De même, tout récemment, on trouvait la nouvelle de Coupland
intitulée «This Bridge Is Ours» sur le World Wide Web, dans un numéro du Vancouver
Magazine .
Membre assez récent de la littérature canadienne,
Coupland s'est forgé une réputation internationale. En effet, aujourd'hui ses
ouvrages sont traduits en vingt-quatre langues.
·
Generation X : tales for an accelerated culture. -- New York : St. Martin's
Press, 1991.-- 183 p.-- ISBN 031205436X. --
Titre en français : Génération X.
Cet ouvrage est
également accessible à:
URL: gopher://tern.csulb.edu/0/colleges/cba/faculty/rlewis/papers
/micro
URL: gopher://gopher.etext.org/0/Quartz/wired/2.01/features/micro serfs.gz
URL: http://www.umd.umich.edu/~nhughes/htmldocs/micro.html
URL: http://www.dts.harris.com/~sabat/microserfs.html
Notes
1 Douglas Coupland, «Rappelle-toi bien la terre», Génération
X (Paris : R. Laffont, 1993), p. 123-124.
Article paru dans Le Matricule des Anges
Numéro 3 d'avril/mai 1993
L'utopie
revisitée
"Soit nous
faisons de notre vie un roman, soit nous ne nous en sortirons jamais."
Génération X est le livre/réaction au Moins que Zéro de Bret Easton Ellis,
une génération plus humanisée qui a quitté la ville yuppisée pour "la
recherche de la lettre intérieure que chacun a à lire ".
Andy, Dag et Claire ont atterri dans des bungalows de Palm Spring dans le
désert californien, vivant de "Macjobs" (petits boulots) en attendant
quelque chose qui pourrait bien être eux-mêmes dans ce monde qui ne sait pas
bien où il en est. C'est l'esprit de 68 filtré par trente années de technologie
et de zapping pub. Un univers semi-poétique, teinté d'ironie, de cynisme et
d'humour où tout le monde est lucide -donc déprimé- et en même temps habité
plein d'un espoir intérieur.
Tous les soirs, chacun raconte des histoires qui servent à exorciser leur
peur de l'avenir. Ils ne se font pas de cadeaux, ils se créent un présent
avec en parallèle une vision panoramique sur la civilisation américaine qui
est, un peu plus tôt, un peu plus tard, la civilisation (ou le manque de)
totale.
Génération X est un double livre qui se lit dans la marge comme autant de
flashes ironiques d'une époque marketing/communicattion et dans le centre
comme une pulsation d'un coeur qui bat.
Alex
Besnainou
Génération
X
Douglas Coupland
Traduit de l'américain par Léon Marcadet
Robert Laffont
232 pages, 115 FF
"Nous
vivons des petites vies périphériques. Nous sommes marginalisés et il y a
beaucoup de choses auxquelles nous avons choisi de ne pas collaborer. Nous
voulions le silence et nous avons le silence. Nous sommes arrivés içi troués
d'ulcères et d'acné, le colon tellement coincé qu'il semblait impensable qu'on
puisse un jour rebouger les boyaux. Nos systèmes centraux avaient disjoncté,
brouillés par l'odeur des photocopieuses, du correcteur, le parfum des titres
en bourse et le stress sans fin des boulots absurdes faits à contrecoeur et
sans gloire. Nous suivions des impulsions qui nous faisaient confondre shopping
et créativité, avaler des tranquilisants et croire que louer une vidéo le
samedi soir était un but dans l'existence. Mais aujourd'hui que nous vivons
içi dans le désert, tout va beaucoup, beaucoup mieux."
CYBERESPACE Le romancier canadien Douglas Coupland décrit avec une
ironie cosmique la vie quotidienne à l'ère Microsoft.
Il y eut un Age des Ténèbres technologiques: c'était l'époque
où l'on s'émerveillait encore devant un fax, quand IBM semblait promise à
la même éternité que le bloc de l'Est. Depuis lors, les enfants du rêve américain
que décrit Douglas Coupland ont été pris de vitesse. Ils flottent désormais
dans un univers pixelisé où la vraie vie se distingue mal de ses simulacres
techniques. Et, s'il leur arrive de se tourner vers le passé, 1776 (déclaration
d'indépendance des Etats-Unis) compte moins pour eux que 1973 (invention du
TripleBurger McDonald's). Tel est le sort de la «Génération X» dont Douglas
Coupland avait scruté les m¦urs dans son précédent livre. Des rejetons du
baby-boom et de la classe moyenne. Des jeunes gens largués dans le présent
sans savoir si c'est la fin de l'histoire ou son commencement. Une génération
qui se débrouille comme elle peut, surfant entre ses petits plaisirs (sushi,
Coca light, le feuilleton «Melrose Place»...) et ce vieux fond d'angoisse:
comment dissimuler qu'on est pas sûr d'avoir un avenir?
Avec
«Microserfs», on découvre cette génération incertaine au travail. D'un séjour
de deux mois passé chez Microsoft, Douglas Coupland a ramené ce roman en forme
de journal postmoderne où Dan tient la chronique de sa petite bande. Ils sont
sept, garçons et filles de moins de trente ans, dotés d'un QI largement supérieur
à la moyenne, oubliant leur vie dans un travail informatique auquel ils donnent
tout leur temps et dans une atmosphère aseptisée où la présence spectrale
de Bill Gates plane comme celle de Big Brother. La durée de vie créatrice
du programmeur microsoftien est estimée à sept ans. Après c'est le flou: un
destin de millionnaire grâce aux actions que l'entreprise distribue à ses
employés? Ou un job minable dans le télé-marketing?
Ces
esclaves de Microsoft vont pourtant briser leurs chaînes. On les voit quitter
Seattle et partir en caravane vers la Californie. La terre promise, c'est
Silicon Valley où ils vont créer leur propre entreprise et développer «Oop»,
un ébouriffant projet de Lego virtuel. Tant pis si l'intrigue romanesque traîne
un peu les pieds. «Microserfs» vaut par l'étrangeté concentrée de cet univers
dont les codes sont aussi rigoureux que ceux du salon Verdurin décrit par
Proust. Dan et ses potes estiment que les autoroutes de l'information constituent
«la blague du siècle» («une projo de diapos avec musique»).
Ils préfèrent se chercher une philosophie dans les manuels d'ingénierie autoroutière
des années 70. Entretenir des relations par e-mail. Produire la critique post-féministe
des poupées Barbie. Ou encore débattre des céréales qui sont décadentes et
de celles qui ne le sont pas. Sous l'ironie cosmique de l'auteur, on trouvera
des questions auxquelles la littérature se confronte peu ou mal. Savoir, par
exemple, comment les techniques et les machines conditionnent la façon de
voir le monde. Ou ce que devient, aujourd'hui, le désir de laisser le vieux
monde derrière soi pour s'en aller en bâtir un neuf.
M. A.
«Microserfs», de Douglas Coupland, traduit de
l'américain par Léon Mercadet, Lattès, 427 p.
Par Douglas Coupland
Simon & Schuster, New York, 1993
C'est
Douglas Coupland qui a inventé l'expression maintenant courante/aberrante
de « Génération X », en l'utilisant comme titre de son premier roman. Dans
Shampoo Planet, qui traite des « adolescents à l'ère de la mondialisation
», Coupland raconte les expériences d'adolescents nord-américains durant
les années 90. Tyler Johnson, le personnage principal, est déchiré entre
sa conscience et ses ambitions. D'une part, il est convaincu d'avoir la
responsabilité personnelle d'améliorer le monde et de sauver l'environnement
mais, d'autre part, il aspire à se faire une place dans le secteur corporatif
affluent, lequel véhicule des valeurs contraires à ses idéaux. Suivez Tyler
Johnson à mesure qu'il s'explique le monde contemporain et lutte pour s'y
tailler une place.
Les
sujets discutables à propos de la culture sont très nombreux ces jours-ci.
Le débat sur les moeurs de la jeunesse d'aujourd'hui, 1998, est répandu presqu'autant
que l'emblème du Coca-Cola. La réponse à la question de "qu'est-ce
que la Culture?" est souvent ambigüe parmis les jeunes. On retrouve plusieurs
auteurs qui aiment mettre une étiquette sur les générations, tellement, qu'il
en est devenu un jeu obsessif.
Beaucoup d'auteurs utilisent un "langage farouche" qui dépasse plusieurs
jeunes. Par "langage farouche", je veux dire; le langage des "grandes"
personnes. Un langage qui n'est pas "apprivoisé" et que peu qui
l'utilisent peuvent l'expliquer. Lorsqu'on ne comprend pas, (nous les jeunes),
on demande une explication et les plus vieux se précipitent vers la première
porte de secours: "vous, les jeunes, vous ne comprendrez jamais..."
Alors, sans doute, on va se contenter d'avoir une "Mcjob" que dit
Douglas Coupland: "Mcjob: un emploi bas en paie, dignité, bénéfices et
sécurité (d'emploi) dans le secteur des services. Considéré, fréquemment,
comme un choix de carrière "satisfaisant" par ceux qui en n'ont
jamais eu".(1) Bien sûr, nous sommes une génération d'individus interchangeables
et nous nous prostituons d'employeur en employeur. Nous sommes la "génération
Glad" comme le dit Nicole F. Bernier dans son "Manifesto de la génération
Glad"(2), que j'aborderai plus tard.
1.Coupland, Douglas, Generation
X: Tales for an Accelerated Culture, St. Martin's Press, New York, 1991,
p. 5 2.Bernier, Nicole F., Manifesto de la génération Glad, La presse,
Montréal, 15 juillet, 1995.
Douglas
Coupland
Génération X
Collection 10/18
Traduit de l'anglais par Léon Marcadet
"Avec Génération X, best-seller aux USA, Douglas Coupland a eu l'idée imbécile de naître entre 1960 et 1970. Ceux qui sont nés après la bataille et qui vieilliront dans le siècle prochain. Cette fiction reality show est un roman à trois personnages qui se croisent dans les bars à cocktails de Palm Springs. Par bien des aspects, la tendresse mêlée à la révolte, le portrait d'une classe d'âge - ce roman rappelle L'Attrape-coeur ou Moins que zéro." Frédéric Beigbeder
Douglas Coupland est un écrivain allemand né le 3à décembre 1961 à Baden-Söllingen. Il a grandit à Vancouver (Canada).
Génération X est un livre à la fois critique et drôle. C'est une critique acerbe et caustique de cette génération américaine née entre 60 et 70, jeunesse désabusée dans la lignée des générations dites perdues (époque Hemingway) puis foutues (époque Kerouac).
La richesse de ce livre provient outre des dialogues et du scénario (plutôt secondaire et pretexte à une critique de cette société américaine gavée d'MTV, de souvenirs du Viet-Nâm, fan des stars et du show-business, cultivée à grand coups de Disneyland.....) des annotations que Douglas Coupland nous offre pour "expliquer "et enrichire son roman.
Ces annotations sont en fait les définitions de mots (réels
ou inventés, poétiques, drôles ou critiques mais toujours
représentatifs d'une génération) que Coupland invente
pour représenter chaque paragraphe :
Exemples :
Coupland nous offre également quelques chiffres forts représentatifs :
“A quoi sert de vivre quand on n’a pas le temps de vivre ?” Triste constat de Douglas Coupland dans son dernier livre “Microserfs”. Ou bien est-ce là une simple affirmation réaliste et désabusée ?
Douglas Coupland, auteur de “Génération X” et “Microserfs”.
Les “héros” de l’œuvre de Coupland ne sont autres que des employés de la multinationale de Bill Gates : “Microsoft”. Ces Nerds (passionnés d’ordinateurs), petits génies en herbe se vouent corps et âme à saint Bill, gagnent des millions, habitent les endroits huppés de la Silicon Valley (la Mecque de la technologie informatique) et rêvent en assembleur (1) voire en HTML (2)... Ils sont l’archétype de la réussite couplée d’une faillite sociale et sentimentale. Douglas Coupland, déjà auteur de “Generation X” est un bon romancier, mais ici, il n’a pas eu besoin de se creuser trop la tête car ayant lui même travaillé chez Microsoft, il parle en connaissance de cause. “Je suis célibataire. J’en attribue partiellement la cause au fait que Microsoft n’incite pas aux relations soutenues. L’année dernière, j’ai rencontré une fille à la Conférence Mondiale des Développeurs Apple à San Jose. Elle travaille près d’ici, chez Hewlett-Packard sur l’A90, mais l’affaire n’a pas eu de suite. De temps en temps, j’ai une petite histoire, mais le travail me prend toute ma vie. J’annule les rendez-vous et la romance tombe à plat.” Terrifiant microcosme qui borne ses employés à travailler pour travailler et non plus travailler pour vivre, la vie étant en option, à moins - et c’est le cas de Coupland, qui a quitté ses employeurs après quelques mois - de s’en affranchir.
Alors, quelle est la raison de cet engouement international pour les micros ? L’explication est élémentaire. L’ordinateur est un outil qui décuple la créativité. Et un moyen d’épanouissement à utiliser en doses homéopathiques. Passé le cap du Nerd et autres Geek (3) on comprend aisément l’augmentation de la fréquence d’utilisation d’un micro. Des études ont démontré que les accros du Net (4) sont autant de clients en moins du petit écran. Ce fait n’a pas manqué d’éveiller l’intérêt des publicitaires qui ont aussitôt transféré une part de leur budget sur le Web (5).