« je
m’arrache un petit cri puis j’oublie… »
Que font
les gens quand ils sont loin ? Assez loin pour disparaître et vivre dans
un autre monde. Moi je vis dans un tas de mondes différents. Ce qui me permet d’aller
loin, de vous voir vivre d’en haut et de partager avec vous les émotions que
vous faites naître comme de petits nuages colorés qu’on respire.
Je vis par
procuration, en substance je ne suis rien, j’éveille les gens en les provoquant
ou en les aidant. Ma lutte n’est pas une révolte, mais j’aime être ou me sentir
être le trait d’union liant les choses entre elles. Un peu comme une ombre
fidèle qui nous rappelle que le soleil brille et nous inspire des idées
lumineuses, des instants précieux et des sourires ardents.
Si
seulement je me sentais un peu plus humain, j’arriverais à être comme vous, me
sentir des vôtres et ne plus devoir partager les choses mais les vivre.
Pourtant le
temps est compté, il tourne et si je m’amuse en ce moment, bientôt et sans
doute trop vite, je devrai renoncer à certaines choses.
Tout va si
vite, et pourtant…
"Le
passé m'encourage, le présent m'électrise, je crains peu l'avenir". Sade
J’ai perdu
plusieurs pages de ce journal sous l’impulsion d’erreurs informatiques à
répétition. Comme si une fée mécanique coupait le fil et me disait réécrit tout
cela, change et ne réapparaît pas sans avoir trouvé la bonne voie
(voix ?). Fais toi entendre loin, respire et propage ton souffle. Enfle
les poumons, ouvre les yeux, fais déteindre ton gris-vert sur un monde, met toi
en orbite, ramène ces idées qui faisaient de toi un être unique, regagne ton
charme d’antan, ta magie pour enfin croire en toi et te dire que tu as encore
les facultés d’exister et d’être aimé.
Parfois
pourtant je suis plus dur, plus fermés, comme si tout ne devait pas sortir ou
alors pas pour vous, pas encore. Un potentiel doit il nécessairement
sortir ? Souvent je me dis que je suis déjà mort, que mon suicide à
réussit et que je survis mystérieusement dans un demi-monde où tout le monde
fait comme si j’étais encore la, laissant tellement de confiance en mon ombre
qu’ils me parlent encore assez pour que je me sente un peu la mais plus trop,
juste ce qu’il faut pour ne pas éveiller de doute.
Je suis le doute.
J’ai du
charme à revendre, en solde, je le brade, il me ramène à moi, à ce que je suis
et ce que je suis venu, avec un petit lyrisme qui transpire et une joie
miséreuse qui apparaît tous les mille ans. Je suis un triste sire qui s’oublie
exister, qui oublie de rire et de sourire plus souvent qu’il ne le faudrait,
préférant le long silence à l’éclat.
[10:29]
<Night04> pourquoi les gens s'amusent ils à devenir tellement complexes
qu'ils nous font peur ?
[10:30]
<Drucilla> peut être simplement dans le but de rester totalement
imprévisible ....
… Le
suis-je encore ? Est-ce une force ou un défaut qu’on embellit ?
Surprendre, saisir, extasier, faire trembler et frémir, je change de masque, je
suis intouchable, celui qui croit me cerner se trompe, celui qui pense me
connaître ne connaît qu’un aspect, celui qui veut me comprendre se perd.
[10:31]
<Drucilla> une sorte de liberté de ne pouvoir être totalement compris :o)
[10:31]
<Night04> oui... comme une tempête
[10:31]
<Night04> quelque chose qui souffle dans toutes les directions, puis faut
aller loin pour plus en subir les conséquences
Je suis le vent qui souffle et vous emporte, il m’emmène loin ce vent, bourrasque froide qui tonne et résonne dans mon avenir. Je le sens monter ce son qui réclame son dut, la torpeur et la sérénité. J’attends le moment où tout sera accompli et où ma vie aura été quelques successions de réussites.
Je laisse
dans les mémoires les stigmates d’une disparition, la rage d’une vie et le
désordre qui abolit. Mais d’un autre coté j’aurai tout donné sans rien prendre,
j’aurai garanti le bonheur, et si le manque se fait sentir, il reste la mémoire
pour embellir nos souvenirs du quotidien manqué.
Ne nous
donnons pas de limites, imposons les comme des règles sûres, des valeurs à ne
trangresser que sous couvert d’une sous règle. Inventons des conventions,
construisons notre vie. Remplissons-la de nous le plus possible jusqu’à finir
par être.
J’aurais
voulu connaître votre amour, connaître vos bras me serrer, peut être même ces
yeux remplis de passion et ces bouches qui embrassent. Une étreinte, puis plus
rien, un trou béant dans lequel je saute et je disparais.
La vie est
si belle qu’elle vaut la peine d’être vécue, je ne suis pas un exemple, ni une
victime, je suis moi-même et c’est ainsi !
Je n’en
ferai jamais assez pour qu’on m’aime ou que l’on s’attache à moi. La douleur
serait plus forte, autant m’haïr que m’aimer, c’est plus sûr. Et pour les gens
que je n’ai pas eu le courage de fustiger pardonnez-moi…
J’ai vu une
étoile filante ce soir. Quelque chose de brillant qui passait et s’effaçait
très vite. Apres le vœu de rigueur, je me suis engouffré chez moi, dans mon
confort solitaire. Dans 2 jours je serai à un festival rock (Pukkelpop). Je
n’ai que moyennement envie d’y aller. Toute action est devenue pour moi une
contrainte, et si je le fais c’est pour me convaincre que je suis encore
vivant, encore un peu.
Je revenais
chez mes parents aujourd’hui… Histoire de les revoir, de prendre ma tente et
quelques affaires. Dont ma grosse lampe de « poche » pour se
retrouver une fois venue dans le camping du festival. Evian fait maintenant des
bouteilles très pratiques, on dirait une goutte d’eau munie d’une poignée. Je
suis content, ça a l’avantage de me fasciner, je pourrais le regarder pendant
de longues minutes sans faiblir. Je suis encore complètement addict aux objets
et à leurs formes. Suis-je condamné à ne jamais éteindre cette belle
sensibilité qui s’agite en moi ? Celle qui fait ma force, ma beauté et mon
désespoir ?
Dans la
voiture, j’ai parfois l’impression de faire partie des bagages quand je ne
parle pas, je suis un poids de plus, un poids qui regarde, qui pense, qui
respire et qui de temps à autre se tourne, bouge, se meut doucement… Est-ce les
caractéristiques pour exister et être vivant ? Parfois je chante, j’aime
chanter en voiture. Le plus souvent des chansons de Noir Désir ou de cours
extraits des Doors… Parfois des chants à la dead can dance… je suis assez
polyvalent. Bruno dernièrement m’a dit quelque chose qui m’a fait très plaisir.
Je chantais « Les Ecorchés » et il s’est exclamé : quelle
texture de voix ! J’étais
content et même si je ne souriais pas, en moi j’avais quelque chose qui s’était
rallumé.
Je suis
rentré à temps pour voir à la télé, sur canal +, le concert de GusGus, un
groupe électronique qui m’a souvent fait plus de bien que de mal. Malgré tout,
ce concert m’a déçu. Pourquoi ne peut on pas toujours être au sommet ?
Pourquoi suis-je si bas en ce moment ? Ai-je forcément besoin de quelqu’un
pour me sentir exister ?
Pourtant
j’ai décidé d’écarter l’amour de ma vie, du moins la sexualité qui a pour moi
déjà disparu depuis de longues années, et puis tout le reste… L’attachement aux
gens, la tentation, le désir, l’espoir… Car ils sont source de frustration et
je dois combattre la frustration pour ne plus me laisser atteindre, pour me
permettre de vivre et exister sans trouble. Pourtant, combattre la nature
humaine est un combat perdu d’avance, alors je me fabrique des portes de
sorties, des échappées célestes et des trous de souris.
Je
m’efforce donc d’instiller à ma vie et à mon apparence, un savant mélange
d’attirance et de répulsion, une sorte de balancement entre le bien et le mal
qui me dirige et m’inflige mes joies et mes peines, comme une machine que l’on
nourrit d’un carburant spécial, sois-disant non polluant mais qui apres de
nombreuses années révèle son aspect cancérigène, mortifère.
Je suis
le mot du rite, je suis le sacrifice, je suis l’offrande et l’herbe
rituelle ; c’est moi qui suis la prière ; c’est moi qui suis le
beurre clarifié ; je suis le feu ; je suis la libation »
(Bhagavadgîtâ, cv)
Je suis
pourtant encore influencé par ces images que la télé nous fournit, rien qu’à
voir le clip de Billie Piper par exemple, il me vient l’envie de voir cette
fille exister dans mon entourage, pour peut être me nourrir en fantasme pour
quelques années. Puis le fait qu’elle existe quelque part, me fait du bien
autant que du mal. Je dois me distancier de mon humanité, pour me recentrer sur
quelque chose de plus productif. Ma mère me rappelait que j’avais tous les
dons, elle se rassure en me rassurant, m’invitant à me pencher sur mes
facultés, ma facilité à composer en musique, en écriture, en photographie, en
art et puis cette pensée délicieusement déstructurée qui part dans tous les
sens et qui au détour d’une plainte se mue de temps en temps en quelque chose
de poignant. J’essaie de m’en convaincre pour m’aimer un peu.
Ces
derniers temps j’ai découvert un nouveau journal on-line, cette fille, Frannie,
a en elle les mots et la simplicité que l’aime lire. Je suis tellement content
de découvrir des gens qui sont intéressant, enfin, qui m’intéressent. Je
souffre tellement de ne pas assez partager mes idées, voir ne pas parler du
tout. Puis d’une certaine façon je ne favorise pas l’échange, je suis assez
sauvage, je reste dans mon coin, m’écartant des gens qui loin d’être mes semblables
sont différents, sont des clones ratés qui vivent déjà dans un autre monde que
moi.
Je passe du
coq à l’âne, une vraie basse-coure dans ma tête. On les entend mes idées, elles
piaillent, caquettent, gloussent… une vraie fête printaniere avec tout ces
relents faux qui me font avouer que l’illusion est encore de mise sous ce ciel
bleu.
Je suis
perdu…
Qui me
retrouvera ?
jeudi
24 août 2000
Pour
protéger la ferme de la foudre, ouvrir tout grand le Livre sur la table qui est
au centre de la cuisine. Pascal Quignard ‘Petits Traités I’
Mesdemoiselles,
vous n’avez pas à être belles, cet artifice s’effacera bien vite, soyez belle
autrement, et là vous ne ferez plus partie de la machination publicitaire, vous
aurez vaincu le corps pour vous étendre à l’âme. Moi je cherche des âmes qui
vibrent et qui savent regarder dans la même direction que moi, je cherche la
complicité et l’unisson. Je cherche celle qui…
Je me plie
à son pouvoir, à ses inflexions douces et à sa beauté passagére, des larmes
tremblent à la comissure de mes levres, refusant de tomber, de glisser dans le
néant pour finir en oasis salée sur un sol étranger. Je suis la pensée muette,
disparue, tendue vers ce qui reste et restera, tous ces souvenirs qui cognent
en moi, étant beaux par nostalgie induite. Un monde s’étire sous mes pieds, je
le regarde se balancer, droit et fier, de haut en bas, de gauche à droite, mon
âme est un balancier en mon centre, il me raméne de temps en temps à toi, dans
un rythme que j’aimerais connaître pour un jour, quand je serai assez pres de
toi, t’aborder, t’accrocher au passage et nous eveiller à la douce harmonie qui
nous manque.
Le silence
n’existe pas, il n’y a que des oublis d’écouter le bruit qui nous habite. Ne
plus écouter son cœur par habitude, se murer dans une sorte de vaporeuse
habitude qui nous fait oublier la proximité des choses et leur existance. Si
seulement je pouvais oublier mon désir d’être avec toi comme on oublie
d’entendre son cœur.
J’aimerais
cette simplicité, oui j’aimerais bien…
Dernier
conseil à la mode : « trouve une occupation, un dérivatif ». Je
me vois déjà creuser des tranchées censées détouner un fleuve, voir le courant
enfler et emporter quelques métres de
parois, mélangeant l’eau et la terre, calmant le premier passage par une sorte
de va et vient mélancolique.
J’écoute
Beth Orton, c’est si beau… On dirait du Suzanne Vega, parfois plus triste,
jamais plus beau mais infiniment attachant. « There's no right or wrong This isn't
a test And I won't lose my experience I won't try To put it aside But it's
alright You know that it's alright 's alright It's gonna be alright… »
Ce soir la
lune se reflétera au dessus des nuages, ils me sembleront étirés, immenses et
molletonnés, dans un ciel d’encre noir-bleu qui me fait écrire tout cela. Mes
écrits sont alimentés par l’encre du ciel, je suis déjà la haut et je me
regarde terminer des choses en m’attendant, patient et décidé.
Ps :
oui tu es un éléctron libre, charmant et charmeur, puis je t’imagine dans ton
mystérieux inconnu penser à ce que je pense, et ça me fait du bien.
Aux
derniéres nouvelles, je ne suis pas la.
« La bouche qui parle est invisible à celui qui parle. Quel est celui qui parle sans sa bouche ? Quel est celui qui parle hors de ce qui n’est pas visible ? »
Il fait
chaud, et je fond dans une douce mélancolie. Cohue, chaos, tempéte de têtes, un
horizon bouché par la vie qui bouge, qui s’agite. Le monde existe, il est la.
L’humanité s’exhibe comme dans un Musée à ciel ouvert où l’on expose les
espéces et les genres. Je regarde, j’étudie, je ne touche pas, je frôle.
J’aime
cette ambiance, j’aime ces gens, tellement différents, tellement proches et à
la fois à des années lumiéres de moi.
J’ai vu des couples s’enlacer, des regards se tourner vers le ciel, des mains
se tendre, des bouches s’ouvrir dans un cri et des poings se lever.
Puis au
détour d’un concert, la où la foule était moins dense, une sorte de clairiére
où un couple avait perdu la notion de corps et s’embrassaient dans une sorte
d’immobilité calme et sereine, un tableau symboliste, le baiser. Alors que
d’habitude la vue même d’un couple me plonge soit dans le dégout, la colére et
l’envie, la je me sentais bien, spectateur d’un moment privilégié. Je ne
perdais aucune image, aucun instant. Eux fermaient leurs yeux, alors j’étais
leurs regards, j’étais leur conscience de biais, je représentais ce qui vivait
en dehors d’eux et qui disparaitrais à la fin du baiser.
Les femmes
ont parfois ce pouvoir, faire ressentir qu’elles aiment. Même si je n’ai pour
ainsi dire jamais ressenti ce pouvoir, ni cette grace d’être aimé, je peux la
vivre à travers les autres, la ressentir plus que n’importe qui et l’exporter
sous forme d’écrit ou de belle histoire. J’aiguise ma belle sensibilité sur le
tranchant de vos amours, je suis le spectateur carnivore de vos ébats. Et dans
un espoir vain et ridicule, j’espére que cela m’arrivera encore dans une autre
vie.
Continuité
du Festival Rock, Pukkel Pop.
Le retour à
Bruxelles… Je suis fatigué, sale, je vais me coucher dans cette chaleur quasi
insupportable.
Pourquoi
ai-je autant de tristesse en moi ? Est-ce un bien ? un mal ?
vais-je m’en sortir plus ou moins intact ? Et si oui, pourquoi ?
lundi
28 août 2000
J’ai écrit un mail à Audrey, mail où
je me compare à la pluie, où je dis que je voudrais être une goutte d’eau pour
avoir une vie kaléidoscopique et que mes molécules s’éparpillent tanôt en
pluie, tantôt en brume formant les nuages… C’est un peu déroutant d’envoyer
cela à une inconnue. Et c’est une sorte de quitte ou double, je risque de la
fasciner ou au contraire la faire fuir. Toute façon, je n’ai plus rien à perdre
ou à gagner. Il ne me reste que quelques années au plus, autant se jetter à
l’eau que de vivoter jusqu’à l’échéance.
"
Quelque chose ne tourne pas rond, un truc qui cloche dans le paysage,
cette sensation qu'on commence à comprendre... comprendre que les gens
ne sont pas gentils, que la vie n'est pas rose, qu'on a
parfois mal sans raisons
apparentes "
Stéphane
Hervé