lundi 11 septembre 2000

 

Pour reprendre l’expression de mon ami Cain, « Quant a être heureux, je sais pas ce que c’ est; je sais juste que par moment je me dis "il faudrait que ce soit (tout le temps) comme ça », j’aimerais bien en effet connaître ces joies illustres qui ponctuent la vie. On s’accorde des plaisirs simples, vous savez ces petites choses qui font qu’une matinée commence bien et qu’une soirée se termine sur un sourire. J’aime bien ne pas m’accrocher au réel, on me l’a reproché ces derniers temps, on m’a reproché plein de choses, prenant le fait que je sois malheureux comme exemple infalsifiable de mon erreur. Car je vis dans l’erreur. Ne portant pas de costume, ne m’identifiant pas à des gens de mon âge engouffrés dans leur boulot jusqu’au cou, se noyant sous des responsabilités de pacotilles et trimant pour un argent dont ils ne profiteront qu’usés, moi je préfère la liberté, prêt à écrire le petit guide Michelin de la folie pas ordinaire et délirer tout haut à tout va.

Il est 6h25 du mat, encore une nuit blanche, je vais me coucher, en essayant de rêver que je suis une trompette de Jéricho qui abat tous mes murs, au moins j’aurai toujours des tonnes de briques pour en reconstruire de nouveaux, mais pendant ce temps, je pourrai voir mon pti horizon, avec ce soleil levant et cette lune couchante.

Bye ici J

 

mardi 12 septembre 2000

 

Aux aurores assassinées et autres vertus atrophiées…

 

J’aimerais penser que tu n’es pas unique, que tu n’es qu’une petite chose qui se débat mollement dans un univers amniotique où ton état de créature non née expliquerait ton refus à me répondre. Mais aux dires de certains, tu existes en même temps que moi, tu me lis, tu me sens exister mais dans un sens tellement commun que tu oublies que je souffre de ne pas ressentir ta présence. Pauvre conne ai-je envie de crier, avec tes airs de beauté distante, archétype obséquieux d’un canon commercial, cariatide catatonique, tu ne m’inspires maintenant que dédain, haine et souffrance. Je ne veux plus penser à toi, même si au fond je suis victime une fois de plus à mon attachement que j’ai pour les autres. Maintenant le jour qui se lève est un jour sans toi, ton visage s’est usé au point de ne plus exister pour moi, tu es un trésor enfouis que je me lasse de redécouvrir, je te laisse pourrir sous terre pour des siècles et des siècles.

Bien à toi

Moi

 

17h15

Je me sens une fois de plus enfermé dans quelque chose dont je n’ai pas idée, respirant en circuit fermé, vivant en autarcie dans un monde qui me ressemble de moi en moins. Je m’échappe, enfin dans le sens où je ne me contiens plus, où je ne m’appartiens plus. Je est un autre et il me fait peur. Ma violence, mes tremblements, mes crises de larmes, un parfait exemple clinique de ce que peut-être la dépression san thérapie adaptée. Pourtant j’ai en moi encore quelques particules primordiales qui me font espérer que les choses vont changer. Mon opération des yeux qui me permettra de retirer ce flou, puis peut être d’autres opérations plus esthétiques qui me feront dire que mon corps est mieux qu’un lambeau de peau à forme humaine. J’en suis arrivé petit à petit du stade à me détester à me haïr de toute mes forces. La seule vue d’un miroir peut me faire pleurer, une photo également. Je ne supporte pas la chose que je suis devenue. Autant les photos d’avant je ressemblais à quelqu’un, que maintenant je me fais peur. J’ai comme une folie dans le regard, quelque chose qui dit que je ne suis plus tout à fait normal, que je suis déjà ailleurs.

Je ne pourrais pas durer longtemps comme ça. Cette solitude, ce manque de tout, cette résignation desespérée à survivre, cette apathie constante, ne me lachant quelque peu que dans le sommeil où au moins dans mes rêves je vois des gens, mais de moins en moins. Je suis souvent devant des étendues vierges ou des villes desertes à la beauté futuriste, froide et bétonnée. Même en rêve je ne tombe pas amoureux, je n’ai ni aventure ni conivence, je rêve assez peu de fille, mes personnages sont plutot asexués, et le plus souvent je réalise que ces rêves sont un spectacle de mon esprit pour mon corps, pour maintenir à flot mon cerveau et lui empécher les dérives chimiques les plus importantes.

 

J’arrive de moins en moins a avoir des idées claires, mon journal en pâtit et mes essais de romans en prennent un coup aussi. Je pense toujours vivre mes derniers instants, prêt à entamer le rapide processus d’éradication, mais au dernier moment une musique ou un livre me tirent de l’ennui. Pourrais-je encore tenir un an, deux ans, … A trois je saute.

 

 

Confession à la lune

 

En revenant d'avoir parlé avec tommy, je savais que je n'avais plus aucune chance avec Audrey, que la belle n'avait pas été touché par mes écrits et que en général les gens perdent un peu ce qui fait de la vie quelque chose de doux et d'agréablement illusoire.

Je me suis un peu enervé, j'étais tres triste, puis dans le métro je pense que j'ai même pleuré, tout au fond pour que les autres me voient pas, parce que les autres ils ont un regard que j'aime pas quand je suis comme ça :(

 

Puis j'ai lu ton journal et ça m'a donné un pti sourire, t'es ma pupuce magique à moi caro... et je préfére tes 17 printemps aux 23 hivers des autres... ça aussi je l'écris pour qu'on arrete de me prendre la tête sur mon âge. Drucilla m'a aussi un peu aidée, en me disant que j'avais pas d'âge, ça me rassure et me renfloue, on dirait un ange, pas que j'ai des ailes, mais je vis ailleurs aussi avec un âge secret et des pensées rien qu'à moi. Mon fort intérieur il est rempli de toi, de poémes, de gens que j'aime et de souvenirs millénaires. Puis moi aussi je ferme les yeux sur une ville broccolis qui est tantot verte, tant bleu au dessus et qui a plein de gens qui font pas attention à moi. Alors je ferme les yeux pour pas pleurer, mais l'eau elle coule quand même quelque part et ça ne va pas...

 

Mercredi 13 septembre 2000

 

Peut on avoir sans être et être sans avoir ?

 

Il doit exister quelque part un gardien des rêves, qui est la pour surveiller des vannes et des canalisations, pour empêcher que certains rêves ne débordent pas trop dans la réalité et empêcher les cauchemars d’arriver (ça c quand une canalisation est sale). Il vit un monde où le ciel est gris par endroit, noir de l’autre puis sur le trottoir d’en face il fait beau avec un soleil radieux et un beau ciel bleu où des nuages paresseux vont et viennent comme un troupeau de baleines ouatées. Sur la pelouse du jour on y voit deux lapins qui gambadent, bruns et le museau vif, toujours à renifler tout ce qui passe. A quelques mètres de la un homme âgé taille une haie comme au ralenti. Faut pas croire, ici le temps passe moins vite, même si parfois il va plus rapidement pour rattraper le temps perdu. Une bonne mesure à toute chose, c’est la clef de l’harmonie.

 

Mais l’harmonie c’est aussi le manque d’imprévu, une sorte de douce monotonie que l’on regarde sans se poser de question. On vit bien, sans trop de surprise, laissant le temps qui passe se mêler à nous, détendre nos peaux et nos souvenirs, qui s’en vont comme ces volutes de fumées qu’aurait fait un bateau à aubes en passant.

Mon harmonie est pend dans l’armoire, accrochée à un ceintre. J’hésite toujours à l’enfiler parce que je sais jamais quel temps il va faire en moi.

Parfois il pleut, de plus souvent même, alors si j’essaie mon harmonie les temps de pluie, elle rétrécit et elle est plus si bien ajustée, je me dis qu’un jour je saurais plus la remettre et qu’elle me servira plus à rien. Alors je la mets pas, je regarde les gens vivre, rêver sans moi, avec leurs maisons qui s’allument le soir pour s’éteindre dans la nuit. Mes yeux sont fatigués, ils se perdent dans un creux de nuit, je ne les ferme qu’au petit jour quand tout le monde les ouvre et se lève. Alors moi je me couche, allant retrouver les abords du rêve, vivant mes jours comme vos nuits, faisant parfaite figure d’extraterrestre, figure décalée d’un temps moderne qui me laisse sur la touche.

On peut avoir sans être, être sans avoir, puis moi à tous les coups je me fais avoir…

 

jeudi 14 septembre 2000

 

Depuis déjà quelques mois je reçois quotidiennement une  newsletters d’une fille qui se fait appeler Frannie. Comme moi elle raconte sa vie, elle le fait avec talent, utilisant des beaux mots et tout ce qu’il faut de richesse pour souvent captiver, voir émouvoir. C’est mon supplément d’âme quotidien et j’aime ça.

Mais la où le bas blesse, elle donne terriblement envie, envie de la rencontrer, de la compter parmis mes rares amies, envie de discuter au moins avec elle. Mais elle met des barrières, une froideur robotique et implacable. Sans doute que sa vie lui prend trop de temps, qu’elle a ce qu’il lui faut, alors elle n’a pas le temps, ni l’envie de connaître plus, sans doute aussi par pudeur et je n’ose croire, par timidité. C’est un peu ça qui m’attriste avec le net. On communique, on donne tout et à la fois on donne rien, on reste chez soi, on ne voit pas l’autre, même si des lignes sur l’écran s’accumulent, on ne se voit pas. Au mieux on espère une photo, ce qui excite en un sens notre frustration mais qui d’un certain coté rend la personne plus réelle. Voilà le problème, un problème inédit jusqu’à ces dernières années. On doit prouver que l’on est réel, et plus on essaie de le prouver, plus ça nous rend virtuel, insaisissable.

 

Frannie j’aimerais tant connaître, quelqu’un de ta culture, de ta sensibilité. Mais je pense que tu n’en as ni le temps, ni l’envie. Et toute façon, comme d’habitude, les distances jouent contre nous. Comme on dit souvent, plus quelqu’un est intéressant, plus il est loin. Je n’ose imaginer le degré d’intérêt de quelqu’un qui h’habite sur Venus. Je dis Venus car ma grand-mère aimait cette planète, elle me disait que la bas toutes les filles étaient belles et pouvait combler le cœur d’un homme pour toute une vie. Pourtant quelques années plus tard j’ai su que Venus était une planète aride, sans vie et sans amour. Et moi je vis sur Venus, ayant cru à la légende, puis, je sais pas comment retourner sur terre, je ne peux que vous voir vivre avec mes télescopes, vous me semblez loin, si loin.

 

vendredi 15 septembre 2000

 

C'est dommage qu'on puisse pas acheter de l'amour en grand magasin comme du jus d'orange, moi j'aimerais bien, ce serait plus pratique. Je prendrais un amour sans conservateurs comme cela il serait naturel et il aurait pas d'arrière goût chimique, puis si je l'oublie trop longtemps dans mon frigo et que mon amour est moisi, je pourrai toujours aller au magasin du coin en rechercher du neuf. Moi je sais que l'amour se vend pas, il s'échange, encore faut il donner ce qu'il faut et trouver quelqu'un pour le troc...

 

Parfois y a des gens dans le métro il demande un peu d'argent, une tartine, une cigarette, parce qu'ils osent pas demander un peu d'amour, puis quand on leur donne, on donne aussi un peu d'amour avec, et ça j’aime :)

 

Un jour je serai si loin qu'on me verra plus, j'aurai un sourire long comme un horizon et je serai heureux, dans un pays de rêve de bavarderai avec les pierres, les plantes et les nuages, comme maintenant mais en vrai. Alors elle sera la, et m'avouera qu'elle m'a toujours aimé mais que par je sais pas quelle pudeur, elle voulait pas me le dire, me le montrer, et je l'embrasserai en vitesse, enfin vite mais bien juste avant de me réveiller. Ptetre que je vais encore pleurer sur mon oreiller, mais bon, le retour à la réalité c'est souvent comme ça :)

 

Portez-vous bien :))p

 

Samedi 16 septembre 2000

 

J’ai pensé que l’on pouvait apprivoiser les choses avec un peu de volonté. J’ai proposé à quelqu’un dernièrement d’apprivoiser un lit. La belle affaire me direz-vous, mais bon, elle (oui c’est une elle) habite au Mexique. Donc la théorie se concrétise une fois de plus, plus on est loin plus on est intéressant. On a rêvé tout haut tous les deux, pensant qu’un lit pouvait nous comprendre et être plus tendre avec nous, peut-être rendre nos rêves plus intenses, plus forts et plus doux. Si on était tous les deux enlacés, le lit nous murmurerait à l’oreille des histoires qui nous feraient voir la vie en bleu nuit, on ouvrirait la bouche pour se rapprocher l’un de l’autre et l’on s’embrasserait pendant un siècle ou deux, au choix. Hier soir j’étais dans une boite de nuit underground, les gens étaient étranges et je devais l’être aussi. Un couple s’embrassait et je les regardais avec autant d’envie que de curiosité, j’étais derrière ce type et mes pensées voltigeaient…puis, je crois bien que j’attendais qu’une voix crie, SUIVANT… mais personne a crié et je suis rentré avec un millier d’espoirs sous le bras.

 

dimanche 17 septembre 2000

 

On a été à l’anniversaire du label Ninja Tunes samedi soir, jusqu’à 3h du mat environ. On sentait la fatigue, la cigarette et la bière (même si je ne consomme pas les deux dernières substances énoncées). Les gens sont étrangement calmes ou alors trop bruyants, jamais comme je les aime. Je dois être difficile.

Tu leur dis nuage, ils répondent oui un nuage de lait dans mon café, les gens sont chiants à plus savoir qu'en faire… et surtout plat comme un mauvais disque.

Sinon j’écoute coldplay et c’est sympa. La, elle est chouette ma vie, quelques minutes de bonheur dans une éternité orageuse J

 

Il y a des gens qui nous hante de leur vivant, ils sont la sans y être, ils résistent à l’appel d’un néant et remplissent de leur présence discrète l’espace imparti au vide. Ils sont les pourfendeurs d’échos, ils sont l’envie et le manque, ils garantissent le choc de la rupture, ils sont l’élan vertigineux vers ce qui nous manque de plus cher. Alors quand vient le soir, et que le jour s’éteint sur la ville, je repense à sa chaleur et son rire, qui déjà plus distant chaque jour se perde quelque part où je n’ai plus accès.

 

lundi 18 septembre 2000

 

Contrôler son cœur ? Ce n’est qu’un organe apres tout qui se bat contre un million de symboles…

On dit que l’amour, c’est aimer une personne même quand on sait qu’elle ne vous aime pas. Dans le théatre c’est la tragedie, dans la vie, le quotidien. On passe son temps à aimer des icones, et parfois ces icones deviennent des gens, comme vous et moi mais en mieux. Et on a le cœur qui bat, la respiration qui se modifie, puis une sorte d’intense joie melée à toutes sortes de choses (peur, tristesse, angoisse). Les histoires tristes sont les plus belles dit on, moi j’aimerais qu’une histoire un jour ne soit pas triste enfin au début au moins.

 

Pourquoi l’amour nous fait faire toutes ces choses ? Je me sens ridicule à écrire ça et à vivre ça surtout. Pourquoi rien n’est simple ? Peut-être parce que nous ne le sommes pas nous-mêmes. Je lisais derniérement : On n’aime qu’une fois. Et la seule fois où on aime on l’ignore puisqu’on la découvre.