Mardi 19 septembre 2000

La grande occupation des gens est de vous servir de tuteur, comme si vous étiez une plante qui pourrit par la racine, les gens sont votre baton de vieillesse pour un moment, jusqu’à ce qu’il en ai marre, et ça arrive plus vite qu’on ne le pense. Je n’ai pas besoin d’aide, je n’en demande pas, je suis fier dans ma déroute, isolé et serein, prompt à faire les plus atroces bétises et ne rien regretter. J’ai le regard des gens perdu, ceux qui ont un feu à la place du cœur et qui étouffent déjà dans leur fumée…

Mercredi 20 septembre 2000

Argumenter est un mot ancien qui veut dire la blancheur de l’aube Lever les yeux, retarder l’instant, se dire qu’on vous aime et que rien n’existe en dehors de cela. Mon esprit se vide, gonflé d’hypericine* et de désolations. Je pense que la chimie peut faire beaucoup pour moi, reconnecter les fils qui se sont entremelés sous le joug d’une grande douleur. La chimie répare les grands désordres. J’aime à le croire et en espérer l’efficacité. Faire l’apologie des chimies ? (mot poli pour ne pas dire médicament). A vrai dire, j’ai l’impression qu’aucun n’a jamais fait d’effet, ou alors mineurs, peut-être en fin de compte que si je n’avais pas pris tout cela il y a quelques années je ne serais plus la. Et alors qu’est ce que ça change ? La souffrance n’est pas continue, elle prend des aspects différents, elle reste et résiste. Prompte à remonter à la surface des que l’occasion se présente. La moindre injustice ou la moindre jalousie reveille en moi des torrents de lave qui me font flamber. Je voudrais être réincorporé ailleurs, dans un corps moins hostile, moins barbelé, quelque chose de doux et chaud qui saura contenir mon âme grande et fragile. Depuis tout petit je voulais me meler à la pensée des autres, devenir l’autre, le comprendre et apprendre de lui. Sans pour cela demander, juste être la en lui. Je pensais que la sexualité permettait un certain transfert et pourtant elle m’a déçue, elle ne donne rien, elle prend. Les événements enseignent le courage ou la rupture, un peu des deux parfois, ne tenant qu’à un fil je me suspend, accrobate de mes peurs, au dessus d’un océan noir, vide et froid. J’hôte l’abandon par l’imagination constructive, je fabrique un palais de nuit, qui dans son ombre m’habrite, m’enferme et m’engloutit.

*hypericine, substance dite sérotoninergique, c’est-à-dire permettant d’améliorer le taux de sérotonine dans le sang et dans le cerveau . Elle inhibe la Monoamine Oxydase, enzyme cérébrale responsable de la dégradation des neurotransmetteurs, et exerce ainsi un effet antidépresseur remarquable.C’en est quasi poétique

jeudi 21 septembre 2000

Je pense que ça faisait un bout de temps que je n’étais plus sorti en ville, à zoner seul, me trinballant avec le sourir et le casque sur les oreilles, regardant les filles dans les yeux, attirant plus souvent un sourire qu’une fuite. En gros, sous ce soleil je suis heureux, écoutant coldplay, mon nouvelle folie que j’écoute en boucle tous les jours et toutes les nuits… A propose de nuit, c’est les Nuits du Botanique en ce moment, c’est à dire une semaine entiére de concerts dans toutes les salles et le parc du botanique. D’ailleurs ce soir je vais voir Autour de Lucie… Petite anecdote quand même. Revenant d’avoir été cherché mon ticket, je flanais dans le Parc, et je suis abordé par un couple qui intimidé et excité à la fois, me demande si je ne suis pas le chanteur de … (tellement connu que j’ai oublié le nom), la dessus je répond « oui bien sur » et il me ressort un lamentable « j’aime beaucoup ce que vous faites », la dessus je réplique « moi aussi j’aime beaucoup ce que vous faites… » Le couple étonné, mais souriant me serrera la main et partira l’air heureux.

vendredi 22 septembre 2000

On est forcé de généraliser, sinon on a plus d'avis si tous les cas sont particulier. Avoir un avis est-ce le plus important ? On en change tout le temps toute façon. Camper sur ses positions est mauvais et rester dans le vague aussi, où est le juste milieu ? Je voudrais me sentir en sécurité dans tes bras, mon abri anti-atomique à moi, mon anti-tristesse, mon anti-douleur… Comment passer d’abri-atomique à abri anatomique, réintégrer l’autre, lui donner à rêver, être dans ses songes et partager son intimité… Pas possible pour l'instant

Samedi 23 septembre 2000

Si tu donnes ta langue au chat, puis-je être le chat ?

Dimanche 24 septembre 2000

J'étais à Paris ce week end, je pourrais en dire mille choses mais je ne dirai rien. Sinon que la bas, une fois de plus quelqu'un me ressemble, elle est belle, lointaine, furtive et prise. Enfin l'amitié est aussi un expédient agréable, qu'il faut renouveller de temps en temps par des présences et des mots bien introduits. Une amitié ça se travaille comme une construction lego, et demande aussi à être de temps en temps déconstruite pour parfois faire table rase et y voir plus clair.

Lundi 25 septembre 2000

C'est toujours assez difficile apres avoir vu des gens pendant deux jours, de se dire qu'on va passer une semaine entiére sans la moindre présence humaine. Les gens sont trop loins ou trop chiants pour être ramenés à soi. Ici le desert sommeille, a l'interstice d'un néant souterrain.

Mardi 26 septembre 2000

Commencé mon cahier de charge pour finir tous mes projets en cours. J'en ai à peu pres jusqu'à juin 2001, me donnant juillet 2001 pour tenter de trouver une copine ou une aventure. D'un côté je me sens tres occupé (pour somme toute pas grand chose) mais c'est toujours mieux que me morfondre dans mon coin. La je me donne au moins le statut d'actant et actif, menant à bien ou à mal certains projets informels ou artistiques destinés plus ou moins à être exposés (imposés ?) quelque part.

Même si ce caractére revet une importance somme toute moyenne, je m'y attéle, menant ma barque et espérant redevenir peu à peu quelqu'un au sens social du terme. J'aurai donc moins de temps pour ce journal, vu que je méne de front déja trois projets semi-littéraires.

Mercredi 27 septembre 2000

Je suis pas si fragile!!! Bien que...

Je m'attéle à mon site et à de nombreux projets. Je vois loin, je peux tout, je suis.... pas encore prêt. Excusez si mon journal prend du retard, les jours se remplissent alors que mon journal se vide, vous savez, les vases communiquants et tout ça, bhen ici c pareil.