Jeudi 12 octobre 2000

Une tite page verte amazonie qui flambe... (pour les plus courageux et les plus concernés www.chez.com/pioum/humanitaire.htm)

Un titre du groupe collection d'arnell andrea (que je conseille d'ailleur pour sa douceur et son moelleux) s'appelle Automne et long silence... Comme si cette fin d'été devenait pour moi une excuse pour distiller du silence ici et ailleurs. Outre le côté mollement poétique de la chose, il n'en demeure pas moins que ce silence en fait chier plus d'un, à commencer par quelques personnes bien intentionnées, qui par interêt, amitié, passion ou dieu sait quoi encore, aimeraient que je m'astreigne à nourrir mon journal, comme le ferait un voisin bienveillant de 60 piges qui viendrait nourrir le poisson et fouillerait dans les petites culottes de la fille du proprio. Une sorte de voyeur impénitent qui du haut de son anonymat prendrait ma vie à bras le corps, pour la secouer à tout va et lui faire tourner la tête.

Mais elle a pas besoin de ça ma vie, elle tourne assez follement comme ça, comme prise dans l'essieu d'un manége elle fait des tour, et tour à tour, je me retrouve loin, coincé à Bruxelles avec l'esprit entre Paris et New York.

En ce moment le monde est fade, et cette fadeur me donne envie de ne pas l'être, de tout faire pour me sortir de ce climat. Devenir différent, et si je l'étais déja, le faire remarquer au monde et à ses environs... Avez déja dit à une fille qu'elle avait les yeux fantabaisastiquement beau ? Où pensé que si la connerie humaine était un carburant on pourrait faire l'aller terre-lune tous les jours pour pas cher ? Qu'elle ressemblait a une être mythologique au croisement incertain entre une boule de suie et un nuage ?

J'aimerais fuir le monde, un monde qui continue à se battre dans l'espoir de montrer que le plus fort résiste toujours malgré ses cicatrices, un monde où l'amour est avachi dans un lit rempli par des illusions ou un manque à gagner, puis ces soirées qui lasse d'encourager les marins coutumier d'une fille dans chaque port propose un porc dans chaque fille, sujet douteux, honteux et castrateur... Je ferme les yeux.

Le virtuel a ses joies, ses délires, ses fous rire, son langage, des LOL et des Arf ponctué de smiley, émoticon, parce que les émotions faut les coder, sinon ça passe moins juste.

Ici la terre (ou presque) rendez-vous à l'autre bout du monde, pour une chicken party virtuelle, avec duel au sommet ferrero et mon chéri (pas le mien, juste le truc chocolaté où surnage une cerise alcoolique), pisang vert martien qui rougit, et le sourire aux levres.

Ps: ton coup de fil était génial, quoique apres les 46 minutes c'était vachement moins bien, puisque c'était fini... à bientot :)

Vendredi 13 octobre 2000 malheur, malheur...

La nuit toutes les peaux sont noires, ça me calme les yeux... Alors je ne dors pas la nuit (les elles)

Les nuits sont de plus en plus froides, le soleil navigue vers d'aures océans, portant son été dans les contrées éloignées, nous laissant l'automne, prémisse d'un hiver rigoureux et mordant... Ce soir nous avons été à une soirée que l'on qualifie d'electro. Dans une sorte d'usine (est-ce le mot ?) désafectée, une rangée d'étages, de la musique tout en haut et cette envie de monter toujours plus haut, gravir les marches, les étages qui nous feront pénétrer dans le saint du saint. Breakon thru to the other side... Cet autre côté est sombre, secoué par des lumiéres stroboscopiques et une foule hétéroclites de cranes rasés, de rastas colorés, de sado-maso en costumes et autre faune d'une autre ére.

Nous naviguons vers les rives incertaines, où le rêve nous sera doux, tendre et voilé. La réalité aura ce flou comme quand on regarde à travers certains verres, une étrange sensation de naviguer dans un espace semi liquide, qui nous guide aux confins de ce que nous sommes ou de ce que nous voudrions être. Ici, le temps nous revéle les attentes promises et autres désirs, nous regardons sans toucher, ces naïades des bas fond, qui à l'étage se trémousses, proies faciles pour fantasmes rapaces... Déja l'heure arrive, celle qui nous fait retourner dans nos tombeaux, celui où l'on ferme les yeux pour se reveiller ici chez soi.

Dimanche 15 Octobre 2000

Les gens plats courrent les rues, ils pourraient passer sous les portes, avec leur cerveau en bandouliére, s'écoutant penser comme on écoute un walkman, toutes leurs petites idées préformatées, prémachées et prédigérée... Et si j'étais comme ça, plus automate qu'une sauce en pot, vendu à grande échelle dans un rayon de lune. Vous savez, je me vends mal, on me voit même pas, je suis caché derriére le gros pot la devant... Mais certaines savent que derriére son ombre, l'on me trouve, alors elles cherchent, fouillant les pans d'ombres, y mettant la main pour finir par me frôler et essayer de m'attraper. Vous en avez du courage...

Les gens plats sont des gens passe partout, on les retrouvent sous nos semelles à mimer chacuns de nos pas. Nous sommes l'exemple à suivre faute de mieux, puis hop ils sautent sous une autre paire et croient refaire le monde. Ils vivotent dans leur infra-monde, dans l'ombre de chacun, à l'abri des coups de genie. Avec eux le monde est plat, tourne moins rond, moins vite et surtout moins beau. Puis y a les gens gonflés qui manquent pas d'air mais c une autre histoire.

Entendu aujourd'hui : "oui tu as bcp de charme" (j'ai l'impression apres avoir entendu ça d'être passé d'une alimentation pile sur le secteur 220v, en un mot comme en cent, je suis gonflé à bloc comme peu de bouteilles d'helium à ce jour).

Lundi 16 Octobre 2000

Un objet tombe toujours dans les endroits les plus inaccessibles, ou sur les objets les plus fragiles

Suis-je un objet ? Puis-je me laisser tomber sur toi dans ton la-bas, où les grattes ciels s'élancent comme des geisers de pierre, où la nature combat le béton et les gens se laissent aller à rêver tout haut. Objets inanimés, avez-vous une âme ? La question se pose t'elle aussi pour les objets animés, les automates ou ces gens bourrés d'automatismes qui font de leur quotidien un rituel monotone et acromatique. Avez-vous une âme ? Savez-vous l'utiliser pour faire briller les yeux des filles, pour amener les astres scintillent jusqu'à nous et nous faire croire qu'il existe encore des êtres nantis du pouvoir de l'imaginaire, de la séduction exclusive, mythologique et orgiaque.

Sous les nuits froides d'un hiver épinglé au sol, l'air mélange tout, laissant un brouillard absenter l'horizon et donner aux lumiéres de la ville un petit je ne sais quoi de flou qui leur va si bien. Laissant ces derniéres concurrencer les étoiles, qui tournent mollement comme des flammes vivantes qui ne brulent pas mais scintillent dans leur lointain. J'aimerais être le souffle long qui arrive jusqu'à elles, me prélasser dans les champs d'étoiles où ma lumiére se marierait avec la leur, nous serions bien vous savez et même que si je vais assez vite on pourrait me confondre avec une étoile filante. Avec un peu de chance, une jeune fille me verrait et ferait le voeu de me rencontrer, parce qu'il y a beaucoup de star ici mais peu d'étoiles. Alors je lui ferais voir les couleurs de ma vie, je lui apprendrais mes mots et comment ils se vivent, nous serions heureux un bout de temps qui durerait assez longtemps pour oublier que nous ne nous sommes jamais vu. Alors nos voix s'emmeleraient comme des pinceaux magiques et ça ferait des tracés vertigineux, un peu comme ces peintures sous LSD, un peu du n'importe quoi qui fait s'interroger sur le pourquoi du comment. J'aimerais bien être un pourquoi, parce qu'à force de me poser des questions je voudrais être la question plus que la réponse...

A l'impossible nul n'est tenu, je ne tiens à un fil et toi, tiens tu à moi ?

Mardi 17 Octobre 2000

J'ai appris qu'une fille jouait dans une piéce expérimentale le rôle de l'amour et que j'allais sans doute la rencontrer... J'aime les gens étranges qui ont le courage et le talent de faire des choses folles.

Au firmament s'attache le chaos et en moi les limbes. Que peut on y faire ? Retenir l'instant présent, le garder contre soi, le réchauffer, débuter un monologue, dialoguer avec l'espace, le vide ? J'ai mille raisons de croire en cette absence puisque mon quotidien la contient, contraint (à rester pres de moi), la nourri et la rempli d'air vivifiant. Je suis le regard d'ailleurs, qui dans un trouble s'écarquille et laisse tomber des visions sonores qui dans vos oreilles retentissent comme des petits bruits insistants, je suis la, je suis la dans un murmure, mais vous ne me voyez même pas. J'existe loin, plus loin que vous, gardant mes distances comme on garde un troupeau. J'aimerais m'échapper, mais garre au précipice, un pas de trop et je tombe.

Alors dans ma chute, on entendrait encore ce murmure, je suis la, je suis la, puis on ne me verrais même pas, parce que les gens ils regardent en haut quand il faut regarder en bas, et regardent pas quand je suis devant eux à m'agiter et à essayer d'exister. Parce que les gens ils s'en fouttent, on est que le remplaçant d'un remplaçant, et ils oublient l'importance des choses. Cupidon prête moi tes ailes pour sauter les précipices... Et conquérir la chaleur des corps, la douceur des regards neufs et fuir l'accoutumence du rien.

L'amour est un parasite, comme les puces, ça vous saute dessus et ça vous démange de partout. Puis l'instant suivant, quand il vous a bien irrité, la puce elle s'en va vers un autre pour le faire rougir jusqu'au sang... Le coeur lui c un pois sauter, vous savez ce vers qui parasite un pois mexicain et lui fait faire des cabrioles. Bhen le coeur c'est exactement ça, sauf que quand le vers il part, ça nous laisse tout vide et notre coeur il est mort.

Je crois en la réincarnation du coeur, je cherche un vers qui serait pas trop gourmant, qui saurait me faire sourir quand il bouge et me donner un peu de chaleur quand il dort en moi. J'aimerais l'imaginer aussi brillant qu'un soleil miniature, vous savez ces soleils de dessin animés qui font pas mal quand on les regardes. Puis ce serait mon astre et moi tout l'univers. Je sauterais de planéte en planéte, restant un peu plus longtemps sur Venus, puis sur la lune, regagnant de temps en temps la terre pour rapporter mes souvenirs stellaires à ma belle du moment. Mais les songes n'ont qu'un temps, et mon soleil c'est toi.

- Les ailleurs on la vie dure... Grandissant dans leur approximation, fomentant le vague et les guerres de l'espace qui s'allonge, nos vies sont détendues à ne plus en voir la fin. Avez-vous déja eu la sensation d'être suivi par un être invisible, et quand on se retourne on ne voit rien, on entend rien... Moi ce serait plutôt un être invisible qui me précéde et que j'aimerais rattraper, il est la contraction de ton absence, de la solidité du vide. A chaque coin de rue j'aimerais la croiser, et puis voir en ses yeux un semblant d'interêt, une lueur, qui peut-être partirait la seconde d'apres mais qui aurait la justesse d'exister.

Mercredi 18 octobre 2000 a l'ombre des maigres réussite, nous jaugeons notre peine

J'ai parfois l'impression de rater les choses de la vie, ma vie sociale en tout cas. Rassemblant une maigre poignée de copains et l'illusion d'avoir des amies par ordinateurs interposés, j'en viens à me poser des questions de plus en plus souvent. Car je réalise que même en me battant continuellement contre cet état de fait, les résultats sont minces. C'est à dire du lundi au jeudi je ne vois personne physiquement (sauf les caissiéres du supermarché du coin). L'évolution a été de réunir mes amis à Bruxelles, ainsi le vendredi et le samedi on s'engouffre dans diverses soirées underground et drum and bass, où l'on fait valoir nos talents de danseurs à côté d'un public souvent mou, faignasses mais de temps en temps accompagné d'une demoiselle plus ou moins artificielle et à l'abord difficile, voir impossible. Le reste de la semaines nous sommes créatifs à notre façon travaillant à nos projets respectifs et le plus souvent artistiques. Nous voyons loin certes, mais notre présent lui il souffre et nous aussi par la même occasion.

Je devais me retrouver à Louvain la neuve ce soir, mais manque de pot, un virus trainant par la a cru bon se s'accrocher à moi et tenter une histoire d'amour carnassiére avec mes cellules saines... Mais ce qui est bien avec moi c'est que j'ai des defenses immunitaires dignes d'éloges, à tel point que cela en devient presque une fierté personnelle, un don physique que l'on exhibe au grand dam d'une population souffreteuse (eh tu veux voir mes defenses immunitaires ? elles en valent le déplacement ...) Je devrais utiliser cela comme élément de séduction, porter un tee-shirt expliquant ma force contre la maladie et ma faiblesse contre l'adversité. Ce qui aura toujours l'interêt de succiter des miséricordes chez les âmes bien nées et compatissantes, ou aux contraires attiser la haine de plus d'un aigri à la santé valétudinaire.

Au delà des océans un coeur travaille et s'imagine être une usine à sentiments, galvaudant des mots aigre-doux, épicés et ouatés à la fois, garantissant l'extase dans les 10 secondes et le 7e ciel à répétition. Puis sans doute un cercle d'amis pour pas un rond, et une foule de souvenirs à compartimenter ici et la. Encore un saut à faire, mais ici je risque de tomber de haut et vraiment me faire mal. Qui vivra verra... mais est-ce que je vis ? Si oui comment, pourquoi et c'est encore loin l'amour ? (une voix comme lointaine dans un micro répond dans 5 stations).

Jeudi 19 octobre 2000

Les choses autant que les gens nous échappent... Ils sont la, placés comme des bibelots pas contrariant et à peine le dos tourné que déja ils ne sont plus la, comme si les secondes s'acharnaient contre nous et s'amusaient à la déplacer assez loin de notre champ de vision et de nos tentatives de réapropriation. Mais il faut se rendre à l'évidence, ils ne nous appartiennent pas autant que nous ne leur appartenont pas. Nos vies se balancent de droite à gauche et notre seul travail consiste à trouver la bon mouvement qui nous balancera en même temps que l'autre pour voir son regard, sentir son souffle se placer sur nous et peut être plonger l'un dans l'autre comme la lumiére plonge d'une aube à une autre.

Détail et questionnement croustillant du jour: pourquoi les gens qui disent détester mentir s'obstinnent à le faire ? Par pur amour du paradoxe ? Pour être insaisissable et contrariant ? Pour decevoir avec brio ?... Les raisons restent floues, mais l'acte manqué est réussi.

Vendredi 20 octobre 2000 : Why can't it be beautyfull ?

Pousser le rêve en dehors du silence urbain, le rendre bruyant, rempli et fracassant... Courrir apres la pluie qui déja déménage vers d'autres mondes plus secs, avec le souvenir d'un aquarium qui se remplissait pendant ces averses, rendant les fantomes de ses occupants moins mélancoliques, avec des rêves d'eau qui bruissent et font surnager les derniers instants pâles, les reflets d'hier et de demain. L'eau n'est jamais silencieuse, au pire elle nous renvoit à nous même, déclenchant en nous la conscience de notre vacarme interne, coeur qui bat, artéres qui foudroient et digestion qui opére.

Les sentiments ne sont pas une mince affaire, ils grossissent le coeur et parfois l'étouffent ou le font exploser. Un coeur ça a besoin d'espaces grands comme l'Arizona, sinon ça bat trop vite et trop fort et on entend plus que lui. Alors il faut s'avoir s'éloigner et ne rien promettre, ne pas trop faire rêver les jeunes filles parce après elles ont mal dans leur lointain la-bas. Alors on ne parle plus d'amour, on parle boulot, quotidien, pluie, beau temps, jusqu'à faire croire qu'on est aussi terne qu'un sous sol d'immeuble.

Samedi 21 octobre 2000 : Ne jamais remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour même... Ne jamais dire jamais... ok j'ai rien dit :)