Lundi 23 octobre 2000

"Aimer, c'est s'augmenter en s'oubliant. C'est échapper par un seul être à la médiocrité de tous les autres." Abel Bonnars

Morsure, déraisons, violence, perte d'identité et haine du monde... Ce que je n'ai pas, ce que je ne voudrais pas avoir, ce que je n'ai jamais eu, et peut etre ce que je combats. J'aimerais voyager loin jusqu'à ne plus me retrouver, gravir les étages des tours illustres et lancer un regard dans le vide déporté que les hommes balancent au creux des nuits, et des jours, et des matins qui se lévent, braves et sereins, remplis du bleu outre mer d'un été finissant sur des notres pré-automnales. La nature fuit, je l'accompagne.

Raccomoder les coeurs, les passions familiéres, avec du fil rouge qui lie bien l'un à l'autre. Engourdir les sentiments pour qu'ils ne se sentent pas voyager, car les voyages durent 4 mois et finissent dans la capitale du monde, avec des baisers profond comme l'océan et larges comme un ciel de 6000km. La douleur ne vient pas de l'absence mais du manque de liberté de se mouvoir, de pouvoir se toucher sans s'atteindre vraiment, où les mots remplacent les gestes et les gestes sont des fantasmes fantomes pour corps dématérialisés.

Sous les pavés la rage... Les animaux sont souvent mieux éduqués que les hommes, les preuves s'accumulent, le monde tourne, vite, chancellant sur son axe. Les yeux rivés sur le lointain, tenace j'écrase le temps, il est déja loin mon présent, projetté vers un avenir de plus en plus proche, me ressemblant plus que jamais.

Mardi 24 octobre 2000

On croit souvent que l'on eut effacer tout sentiment mais c'est eux qui vous efface...

Il nous donne la sensation qu'un manque est plus efficace qu'un étouffement, alors on choisit le précipice, on saute puis certains volent, certains tombent, ça dépend des gens. Certains volent peu d'autres tombent pendant des années. J'aimerais me fabriquer des ailes en cartons pour traverser les océans, je serais un ange triste, même pas immaculé, avec plein de défauts et une ribambelle de tares. Je transporterais un nuage noir et j'aurais vraiment pas l'air d'un ange. Je m'en veux parfois...

Mercredi 25 octobre 2000

"Quand nous ne maîtrisons plus nos émotions, alors la partie du cerveau qui sert à émettre des jugements ne fonctionne plus convenablement" Dalaï Lama

Je relis de temps en temps ce journal, je redécouvre des mots qui étaient oubliés, je réalise l'importance de tenir ce journal, de laisser une trace, aussi bien pour les autres que pour moi. Une sorte de moyen simple de se sentir exister et de quantifier le temps qui passe. Je suis face à des choix multiples qui sont sensés changer ma vie... Le côté théatral du "raison ou sentiment" revient sans cesse. Choisir ce que l'on doit faire ou ce que l'on veut faire. Toute la question est la, et chaque choix donne lieu à de nouvelles priorités et d'autres choix. C'est un probléme Cornélien, entrer dans la vie sans en profiter ou s'en écarter pour en respirer tous les sucs ?

J'ai tellement envie de changer, de prendre les devants et de faire le bon choix. Tout en sachant qu'une solution aliénera l'autre et la rendre caduque, puis me laissera moins de temps pour vivre comme je l'entend. Je le vis mal à vrai dire, et j'ai plus que besoin de mes amis en ce moment, de leur parler, leur téléphoner, leur demander "alors.. tu en penses quoi ?" mais bien entendu ils ne sont pas la, je dois attendre le vendredi... Puis si je prend le 1er choix, je deviendrai comme eux, pas disponible, vivant pour un travail, établissant une sorte de pacte avec le diable qui me ferait miroiter de l'argent pour me sucer de l'âme, de la liberté. Argent dont je ne profiterais tout de même pas... Pourtant l'envie est grande en moi, et j'ai envie de rentrer dans le rang, même si cette idée m'enerve et me fait du mal. D'un autre côté, j'ai envie de changer, physiquement, à coup de chirurgie, sans doute un de mes plus grand rêve actuel. Redevenir celui que j'étais avant. Certains trouvent ça stupide... Alors je leur demande: "une fée apparait et vous dit qu'elle peut exaucer un voeu, ce voeux dit, remplacez une chose dans votre physique que vous n'aimez pas.." qu'allez vous faire ? Dire non à la fée, ou accepter ? Moi j'accepte. Vous savez, souvent quand je vois dans les magazines des modéles j'ai envei d'être eux, j'ai envie d'être aimé, d'avoir le pouvoir de séduction. Et même si je l'ai d'une façon, par le regard et la voix, je ne l'ai pas par le physique et ça me rend incomplet. J'en souffre enormément.

Quelqu'un m'a dit derniérement que c'est normal que je ne m'aime pas, vu que je suis toujours seul avec moi-même et que je dois me supporter à longueur de journée. C'est un peu vrai. J'ai toujours détesté qu'on m'impose la présence des gens que j'aimais pas, quand des amis de mes parents venaient, je fuyais dans ma chambre, j'étais un peu sauvage. Encore maintenant, je prend presque comme une aggression l'instrusion de gens chez mes parents quand je suis la, et me dérobant à toute politesse, je me cache tant que je peux pour échapper à cette violation. Bien entendu cet héritage psychologique remonte à l'enfance, mais ça c'est une autre histoire. Je suis un pti être particulier voyez-vous, plein de surprises, bonnes comme mauvaises. Je suis un jeu de piste, à vous de savoir où et quoi chercher...

Jeudi 26 octobre 2000

Oubliez l'image du brontosaure qui lève la tête au-dessus des arbres. Son coeur n'était pas assez puissant pour pomper son sang à cette hauteur et il gardait plutôt le cou à l'horizontale pour se nourrir. Heureusement que je ne suis pas un brontosaure car j'adore regarder les étoiles... Pourtant mon coeur est pas puissant du tout, même si en ce moment il est gros-gros...

Avec des yeux de serpents qui s'activent, laissant sa trace sur les rochers, gravitant jusqu'à l'au-dela, vibrant les mantras sous la gorge, hululant à la lune et pavanant dans les cercles forclos... Mais il ne me verra pas, je roderai dans l'ombre du monde, dans les coulisses, attendant le bon moment pour lui apprendre mon souffle.

Joie détournée par la nuit blanche, gardant son astre caché sous mille ciels de papiers, répartissant le sang dans les corps et l'envol dans les coeurs. En dehors de moi, des villes inondées par la pluie, frémissantes dans la saison terne, floues de loin, soutenant tout le reste, et conspirant dans un vent de révolte. Je me demandais si son absence est calculée, si le destin a échoué, si c'est nous qui nous leurrons, dans nos passions cinglantes nous immolant par le peu de présence de l'un, de l'autre. Partout nos gestes échouent et brassent le vide, le déplace ça et la, comparant un rien avec un autre, échouant parfois dans un rêve où les visages sont flous et les actes réducteurs.

Vendredi 27 octobre 2000

Les gens sont étranges quand tu es un étranger, Les visages semblent laid quand tu es seul, Les femmes semblent perverses quand elle ne veulent pas de toi... (Doors - People are strange)

Je n'allais décidement pas bien, raccolé par de vieux démons qui à l'envi grignottent un peu de mon paysage, laissant des nuages gris à ramasser et des pensées en bernes s'acculer à l'entrée. On me promet que le bruit va passer, qu'il sera lointain, puis inaudible, jetté au loin comme une pierre et ricochant fier sur les vagues d'incertitudes...

Elle m'a dit, c'est normal que tu en es la, que tu ne t'aimes pas, que tu t'entendes si mal avec toi, à force de vivre dans cette solitude tu formes un vieux couple avec ton ego, et comme tous les vieux couples, il y a des heurts, des coups et des cris. Alors ceux qui veulent m'effacer s'effacent eux-même, laissant à la dérobée les vrais regards, ceux qui durent et qui m'aiment.

Soigneusement étiré, le temps s'allonge sous nos doigts, il dévore le ciel et ne rend rien... Tout nous ressemble et ce tout nous exploite, nous ment et nous bouscule, nous gardons le peu d'intimité dans une portion d'espace cyber-flippant, à l'abri du jeu des autres, attirant à nous des larmes aiguisées qui sous l'exploit nous lacérent là où il faut. Les lieux communs se bousculent, je plonge vers toi, es-tu prête à me recevoir ?

Les grandes algues s'agitent sous les hautes zones, dansantes, enthousiastes, molles, irréelles, magma vert sombre, les mots ralentissent et les corps s'avancent. Je suis une spirale, je te suis imaginaire, calme et repentis, comme ces images estompées, et comme un écho je te parviens de loin et ma lumiére te touche, te martéle, te dévaste et te rend à la fois moins seule et perdue. Nous sommes les courants marins, repoussant et s'attirant de loin... Viens dans mon bras de fleuve, déesse des rêves en immersion...

The river told me Very softly Want you to hold me, ooo Free fall flow, river flow On and on it goes Breath under water 'till the end Free fall flow, river flow On and on it goes Breath under water 'till the end (J.Morrison)

 

Samedi 28 octobre 2000

un autre jour, plein de fissures et de promesses...

Nous avons été au magasin 4, lieu underground si il en est, deversant son plein de gens, amateur d'une musique tribales et electronique. Une chaleur étouffante, une fille saoule, une fille rouge comme l'enfer et une fée lutine. En dehors de cela, rien n'existe, tout me foudroye et le monde continue à garder sa calme rotation, pas contrariant le monde.

Post Scritpum aux anges déchus: Audrey je vois au lointain ta tour d'ivoir où ma présence y glisse tout en bas, me perdant dans le marais de mon insuffisance.

Dimanche 29 octobre 2000

Pas grand chose à faire, journée molle mais agréable, nous sommes allés voir Sloan Bruno et moi, ex-groupe noisy qui a mal tourné, j'ai pas apprécié, j'avais mal au pieds et la tête ailleurs. La premiére partie, Chrome Yellow, était plutot pas mal, avec plein d'influences, puisant tantôt vers Pavement, ou encore Smashing pumpkins, c'etait somme toute assez bien fouttu même si encore un peu amateur.

Lundi 30 octobre 2000

J'ai fait un rêve étrange... Je rêve souvent que je suis en contact d'une maniére ou d'une autre avec des extraterrestres ou du moins des ovni. Je me souviens d'un rêve il y a longtemps où j'étais sur une immense plage où la mer laintaine finissait dans un horizon obscur, le ciel était illuminé de sortes de symboles pentaculaires, talismaniques et astrologiques, d'un bleu divin. C'était une manifestation qu'on me disait prochaine, d'ici quelques années des signes dans le ciel nous indiqueront la fin des temps et l'age d'or de l'humanité... Dans ce rêve, une sorte d'ovni, posé sur quatre pieds sur un sol sec et poussiéreux. Il y avait une borne qui donnait des informations... Je me retrouvais dans mon jardin, je rêve souvent de ce jardin, surtout d'une maniére abandonnée, rempli d'herbes folles et les murs détruits, tout est laissé à la nature. Un lutin ou plutot un farfadet me parlait, je voulais le prendre en photo. Il était caché dans un tas de feuilles, puis sur les dalles de la cour... Etrange.