GRAVITATIONS

AU DESSUS DE LA VIE

 

Semaine du 17 au 24 mai 2000

 

mercredi 17 mai 2000

 

Le jour travaille derrière la vitre, je vais me coucher… Il est 6h

Levé à 12h… Je continue à lire « Vie Secrète » de Pascal Quignard.

« La fascination repose sur deux mots : bordure et débordement. Chaque soir –devant le temple de Paestum- la mer débordait dans la nuit. Nous descendions tous les soirs. C’est la que nous aimions dîner, dans l’air et le bruit de la mer. Avant de dîner, en buvant du vin, nous regardions la mer se décolorer à l’horizon, sur la ligne imperceptible du promontoire. Alors, dans cette beauté, nous dînions… Les sentiments dérivent des humeurs qui dérivent elles-mêmes des échanges des nuages et des couleurs et de la vapeur qui allaient et venaient entre le premier océan et le premier soleil, jadis, avant même que les terres s’érigent et que la vie animale y invente ses corps. » Je partage ce passage, car à vrai dire, ma vie est assez molle en ce moment, je dors peu, je ne sors pas, je ne vois personne bref je ne vis pas. A partir de la semaine prochaine je devrai m’habituer à cette solitude… Mais cela ne me fait pas peur, après tout j’ai mes livres, mes écrits et quelques projets en sommeil.

Je pense de plus en plus aller au théâtre, mais bizarrement, ne rien faire me prend tout mon temps et puis les autres ne sont pas vraiment disponibles, comme si je représentais à moi seul un point noir qui se confond dans la nuit. Je disparais ne laissant que quelques phrases sur une page.

Pourtant en moi l’amour renaît, je le pensais à jamais écrasé, foulé du pied, et le voilà qui repointe le bout de son nez. Je suis heureux car elle existe en même temps que moi et sa lointaine présence me tient chaud. Je pense que face à une maladie, la seule raison valable de se battre est l’amour. Sans cela, on décline en pure insouciance, car comme on dit, faut bien partir un jour.

 

Jeudi 18 mai 2000

 

Les paradoxes médicaux sont souvent risibles… Le fait de ne rien faire, de rester passif peut développer chez certaines personnes une hyper-activité de certains organes. Ce qui est bien entendu jamais trop bon. On verra pour la suite  (…toute triste comme dirait Pierre)

Pour me calmer, je passe mon temps à m’énerver sur mon script irc que je n’arrive pas à finir…

 

Bathory me semble une personne bien triste. Elle a passé 20 minutes à essayer de me convaincre que l’amour était juste une fonction animale, bestiale, seulement fomentée par le désir procréatif. Même si je pense que ce n’est pas que cela, je ne peux me résoudre de distinguer l’homme de l’animal, au moins parce qu’il a su intégrer la notion de plaisir dans l’acte, les caresses, la douceur. Il a intellectualisé la chose, la rendant profonde, romantique voire poétique. Et quand bien même notre corps est régit par une chimie complexe et ordinaire, je n’en demeure pas moins profondément attaché à des valeurs, à des douces croyances qui font que l’amour reste une chose belle, sans doute la plus belle. Et si cette folie est la mienne, je suis fier de l’abriter en cet esprit/cerveau que l’on dit malade mais que je sais encore apte à faire la différence.

 

J’ai discuté avec Cain des amitiés virtuelles, à mon avis ce mot le choque… Moi je trouve que c’est plutôt bien, dans un sens où c’est mieux que rien. Je lui ai donné l’exemple très romantique du siècle passé où les gens intrigués par un article, un livre, un tableau écrivaient plein de verves à ces auteurs. Parfois une  correspondance passionnée s’établissait. C’était la aussi des liaisons virtuelles, et pourtant elles furent à la base de bien des écrits. Je pense à Carolune, à isabel_ que je surprends dirait on, à Petite_fée que je ne vois plus guère… A t’elle retrouvée ses ailes ? La liberté de l’un mène t’elle à la solitude de l’autre ? Et puis je suis loin de Caro, que je me demande si c’est légitime d’aimer un fantôme…

Je me pose tellement de questions que ces questions font de moi un point d’interrogation coloré, tel un arc-en-ciel qui émerveille les poètes ou romantiques et disparaît un peu plus tard, comme un est venu. Nous sommes tous des éphémères.

 

Vendredi 19 mai 2000

 

Ce mois ci, le vendredi fut perdu…

Passé à la trappe… Néanmoins, quelques idées ont germées

Autour de moi les projets se lancent comme des petites fioles à la mer, des ballades à Londres, en Suisse, l’expo 2000 en Allemagne, Amsterdam et ses clubs, bref, l’aventure continue. J’en ai profité pour penser à ma vie, une fois de plus, me pencher sur cette vieille mourante, et puis me poser les questions qui nous font avance, reculer ou stagner. On fait le bilan quoi…

J’ai jeté sur papier les raisons les plus crédibles pour lesquelles une femme pouvait être avec un mec… Voici quelques raisons parmis d’autres :

Par amour, par dépit, par vengeance, par profit, pour le sexe, pour le prestige, pour le fric, pour son train de vie, pour ses opinions, pour sa fonction dans la société, son statut, pour sa beauté, faute de mieux, pour se caser, complicité … La conclusion dans tout cela c’est qu’il existe infiniment plus de « mauvaises » raisons que de bonnes.

L’amour n’a réellement existé en tant que tel à partir de ce siècle, avant le mariage et ces choses étaient basées sur le profit, sur des alliances… Maintenant l’amour est libéré, il s’affiche et chacun peut à son aise piocher dans le vivier, influencé où non par des modèles prédéfinis que la société de consommation affichent à coups de pubs, de films et autres. Le culte du beau, le culte de la perfection. Certes louable dans un sens, car il pousse l’individu moyen à s’élever, mais tout compte fait ça gonfle un sentiment d’infériorité de plus en plus pesant.

Si on n’a pas la beauté (et encore cette dernière est soumise à des critères ethniques, idéologiques, culturels, bref la beauté en un sens est assez relative et c’est une bonne chose), ou disont l’harmonie (ça, ça reste déjà plus décelable, minceur de rigueur musclé mais pas trop, taille moyenne, visage harmonieux, carré…) il reste le charme. Valeur en perte de vitesse pour certaines, mais pourtant il a la cote. Si vous n’êtes pas beau, convainquez les autres que vous l’êtes, après tout, la pub c’est comme cela, le matraquage d’idée finit toujours par payer (ex : votre bonheur ne peut être complet que si vous possédez telle ou telle chose…) Et puis le remplissage, voir le verni culturel est toujours une bonne chose. Car quand on a plus la jeunesse (entendez, le dépassement de la 20e, voir fin de 20e pour les cas les plus grave) on ne génère plus la spontanéité de rigueur, on devient posé, limite sérieux, on a besoin de se remplir de plein de choses et puis l’expérience, y a rien de tel.

Vous ne serez jamais parfait, mais vous pouvez toujours être mieux qu’un autre !  

Sans doute une phrase à répéter chaque matin J  Et puis c’est pas difficile, il suffit d’apprendre à se cultiver. Rien de pire qu’un mec qui n’a rien à dire ou parle de son boulot ou d’une passion barbare et barbante à longueur de journée. Il faut être diversifié, et pour cela j’ai un mot… Encyclopédique !  Mais pas trop… car l’excès tue. Rien à faire d’un mec qui en sait plus sur vous que vous. Donc mettez-vous au niveau de la personne, voir plus bas, il se sentira plus fort. Et au moment où il s’y attend le moins, le surprendre. Car le principe de la séduction fonctionne sur la surprise.

Et puis il faut travailler sa démarche, son regard, ses gestes, sa voix… tout un travail que d’être naturel J

 

Et puis il me venait une pensée plus frivole, quoique pratique, considérer l’acte sexuel comme un exercice, comme quelque chose de profondément favorable au corps. Car les caresses, le frottement, favorise le flux sanguin, une sorte de massage soft. Je devrai y penser.

J’ai dit à Caro ce soir qu’en ce moment je passais ma vie à amasser les choses pour un jour pouvoir les partager avec la fille qui saura m’aimer ou qui aura pitié ou qui voudra mon fric, ou mon corps.. bref, les raisons données plus haut. L’idéal est bien entendu l’amour, mais est il encore de ce monde ? Est il pour moi ? N’ai-je pas déjà passé mon tour pour le transmettre à la génération d’ici. Suis-je un peu à l’image de ce vendredi, perdu, passé à la trappe ? 

L’avenir nous le dira.

 

Samedi 20 mai 2000

 

Bruno est venu chez moi, du moins chez mes parents. Nous devions travailler à notre projet musical. Nous avons donc écouté les sons, les samples, boucles, nous avons improvisé des choses. En gros on a joué. Impressions générales : Positives.

De retour à Bruxelles nous avons dévalisé le Biodrome, boutique Bio high tech de la capitale. On a décidé de se laisser tenter par un genre de quiche aux Brocolis et autres desserts que je ne citerai pas (dont une barre aux noisettes, un délice). Ce soir était un soir particulier, car nous allions à l’aventure dans un genre de soirée Jungle-Drum&Bass plus ou moins privée dans un squat à Merchtem.

Nous sommes donc arrivé au pied d’une immense usine désaffectée, on eut dit une forteresse telle qu’on en voit dans les films, et puis cette lune, ses nuages diffus et quelques étoiles se joignaient à l’ambiance. J’étais assez excité.

Trouver la salle fut plus facile que nous pensions. Il est vrai, monter 7 étages à pied, arriver sur un toit, marcher sur une passerelle, et des escaliers branlants… Puis on arrive enfin à cette salle, avec quelques piéces annexes munies de matelats, bref des chambres. Puis un urinoire rudimentaire, genre bouteille en plastique découpée pour faire entonnoir. Cela ajoutait un cachet underground à l’endroit. La faune n’était pas en reste. Quelques purs clubbers, des rastas, des filles avec Dreads locks, cheveux teints rose, vert et autres, quelques pseudo-gothiques, bref une faune underground des plus hétéroclite 

Le seul bémol il faisait chaud, tres chaud, TROP chaud. La police est passée pour une raison obscure et nous nous sommes retrouvés privés de toute aération. Ce fut ma foi plus que pénible. Je dansais cinq minutes et je devais m’arreter, voir sortir dans le couloir respirer. J’étais trempé. Pourtant j’ai aimé cette ambiance, la musique y était bonne sans être merveilleuse, on va dire efficace. Je continue à prendre ces soirées comme un exercice physique, un moyen de me dépenser et affiner ce corps qui a beau être musclé mais demeure barbare. La danse est franchement un des meilleurs moyens de sculpter tout cela. Enfin quand je dis danse, il faut savoir ce qu’est la Jungle et Drum&Bass, c’est sans doute la danse la plus déchaînée qu’on connaisse, personne ne tient plus de 10 minutes en se donnant à fond.  On en vient aussi à regarder les autres pour essayer de s’inspirer de nouveaux mouvements pour devenir sans cesse meilleur.

Et puis la nuit se termine, nous rentrons fatigués mais content, en pensant déjà à notre prochaine soirée… A Londres pourquoi pas.

 

dimanche 21 mai 2000

 

J’avoue, j’ai passé mon reste de nuit sur irc à parler à des inconnus. Peut être des futurs habitués, quoique je me détache un peu, ou du moins je prends cela avec un éloignement de plus en plus certain. Heureusement que des gens comme Cain restent égaux à eux-mêmes.

Eurydice m’a proposé un plan étrange où il faudrait que l’on se suce le sang, bref encore un trip étrange, au charme vampirique. Moi j’adore ce genre de choses qui sortent de la normale. On se sent différent et puis on peut raconter ensuite des anecdotes qui semblent incroyables au premier abord et qui vous classe définitivement au rang des gens intéressants, voir fou. Mais ça c’est autre chose. Et puis on peut pas plaire à tout le monde.

J’ai regardé Haute Voltige en DVD cet aprem. Pas mal.

Il est maintenant 20h30, il pleut. Je vais aller courir un peu, enfin un peu plus tard.

 

Caro elle est géniale parce que sur son site y a une vache qui saute au-dessus d’un croissant de lune…

Caro elle est géniale parce que dans ses ptits yeux d’alien y a plein de choses qui passent, tantôt le rire, puis les larmes, et croyez pas qu’elle fait ça comme tout le monde, non non, Caro quand elle fait quelque chose, elle le fait à fond, puis elle l’écrit et c’est forcément attachant.

Caro elle pense à moi, à ma santé, à mon avenir et puis elle s’inquiéte de ma vie, elle m’ausculte de loin, elle prend de mes nouvelles et j’aime ça.

Puis en gros quoi lui répondre ? Que le fait d’être secret est une partie intégrante de ce que je suis, ça fait peut être mon charme mais ça lui fait du mal…

« Pour vivre heureux, vivons caché » Moi je me cache derrière un écran, l’écran total à l’abri des coups de soleil. Alors je bronze pas, je prends pas de risque, je vis la avec ma petite conscience qui fait mal et puis mon cerveau qui carbure à plein régime, laissant ma mémoire en chemin. Je pense à la chanson de Dominique A, il perd la mémoire puis la retrouve, mais découvre peu à peu que ce n’est pas la sienne. Au début ça lui convient, mais il est vite dérangé car sa nouvelle mémoire lui joue des tours. Pas évident la mémoire neuve.

 

Caro elle est géniale parce qu’au fond, je sens qu’elle m’aime… Bhaaa pas un de ces amours forcément possibles, envisageable ou facile, mais un amour gentil qui réchauffe, un amour platonique, intellectuel et puis c’est très bien ainsi. En tout cas, même si je me trompe, ça me fait plaisir d’y croire, parce qu’être aimé ça fait un bien fou, vous avez pas idée J

 

Il est décidément tard. Ce soir Kenji m’a félicité pour l’aspect de mon script irc, ça m’a fait plaisir. Je suis content de réussir de temps en temps à faire quelque chose de bien. Puis c’était l’anniversaire de Sabrina aujourd’hui. Je lui ai promis quand je la vois, je l’enlève et l’emmène au théâtre, je l’invite bien entendu. J’espère la voir prochainement, ça fait déjà 5 mois et demi qu’on ne s’est plus vu en vrai… Elle habite à 20 minutes de chez moi L

Les gens les plus inaccessibles sont pas toujours le plus loin. Demain lundi, comme d’habitude rien de prévu. Sans doute lire, faire mes courses, rester devant mon ordinateur, aller chercher ma place pour le concert des Nits mercredi…

La liberté c’est bien, mais à la longue elle vous étrangle et vous laisse la, tout seul.

 

Lundi 22 mai 2000

 

La mode est au rose cet été, puis Barbara Cartland meurt aujourd’hui… Sale temps pour le rose

 

J’ai enfin été chercher, à la dernière minute comme il se doit, ma place pour le concert des Nits pour mercredi. Soir où je verrai enfin la fameuse Audrey dont me parle tout le temps Pierre, à vrai dire la seule présence féminine de son univers, et par conséquent du notre.

Promené à H&M et chez PC, plus aucun tee-shirt à ma taille, que des L, XL mais plus de M… Contemporary propose une chemise en Tarkel, matière futuriste pour homme moderne… Je n’en saurai pas plus.

J’ai repensé à ma liste des raisons d’aimer, Caro m’aurait sans doute dit autre chose… à peu de choses près j’imagine « Tu ne peux pas rester avec quelqu’un que tu n’aimes pas !  Pour aimer, ce garçon doit être ma raison de vie, mon air, mon oxygène… Il doit me faire flamber les joues » Je pense qu’elle dirait cela et puis elle a bien entendu raison, j’aimerais encore avoir cette adorable naïveté, mais je pense que la maladie qui me taraude c’est la vieillesse, je deviens adulte et mes rêves sont tombés au fond de la piscine. Pas de chance.

 

J’ai vagabondé dans les rayons de librairies, à la recherche de je ne sais pas quoi et puis j’ai trouvé… Tombé dessus au hasard (il fait bien les choses dit on souvent)  « Glamour Attitude » de Jay McInerney…(« sexe, pouvoir, argent, célébrité sont les quatre commandements de la religion des années 90. Elle a son Vatican –New York- et ses grandes prêtresses –publicistes et rédactrices en chef- et surtout des idoles : top models, et leur suite composée de courtisans, d’agents, d’attachées de presse, de gardes du corps, d’avocats, etc… ») Sans prétentions ce livre à l’air assez dans le ton, et me fournira sans doute quelques plaisirs J. Puis une biographie sous forme d’album photo de Saint Exupery, pas mal et enfin…. Sans doute un de mes grands livres, en tout cas quelque chose que j’attends depuis longtemps : Les Vierges Suicidées de Jeffrey Eugenides. Porté à l’écran par Sophia Coppola (Virgin Suicides) avec notre Kirsten Dunst… Bientôt sur nos écrans et dans nos rêves J

« Les arbres comme des poumons gorgés d’air… ainsi avons-nous commencé à découvrir leur vie, à acquérir des souvenirs que nous n’avions pas vécus, nous comprîmes l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort et que notre seule tâche est de faire le bruit qui semble les fasciner… Nous apprîmes qu’elles savent tout de nous alors qu’elles nous demeurent insaisissables » Je pense que ce livre va très loin, bien plus loin que la plupart. Et puis ce bruit qui semble les fasciner, je l’ai en moi, il résonne, il me perce le crane, m’empêche de dormir, et ne trouve aucune oreille où se loger.

 

Je me suis ensuite pris des Sushis et du jus de framboises-oranges chez Marc&Spencer. J’ai partagé cela chez qui vous savez, on est parti au cinéma voir le dernier Bruce Willis. Une petite comédie sans prétention, qui d’un certain coté renforce chez moi mon côté Willis… Calme, froid, séducteur.

 

Une image me revient… J’allais donc acheter ma place, je sortais de mon appartement, pris le métro. Et à l’arrêt suivant, qui est en plein air, à la sonnerie de la fermeture des portes, une personne, une fille je pense, tout en noir, avec un large chapeau se glissa vers les wagons, une ombre, on aurait dit la mort…

Elle est montée dans le wagon d’à côté, je l’ai échappé belle.

 

mardi 23 mai 2000

 

Journal intime online, quel paradoxe… On m’a dit que c’était comme une web cam, on peut l’ouvrir sur ma vie et puis les gens regardent. Moi je livre ce que je veux qu’on voie, un partage à l’amiable. J’aime, ça me fait du bien.

Une copine m’a rappelé que Raymond Peynet existe… Illustrateur des amoureux, des choses pleines de charmes, des étoiles, des cœurs, des choses un peu mièvres que l’on aime adorer en secret. Je regardais ses dessins dans de vieux journaux chez moi, mon enfance à été secouée par la poésie des choses et par l’injustice du monde. Joyeux mélange.

 

Mercredi 24 mai 2000

 

Enfin mardi soir, 2h08 du mat, on peut très bien appeler ça mercredi…

Je pense que c’est très original de vouloir être quelque chose d’autre. Les grandes personnes appellent cela de l’empathie… Se mettre à la place de…   Les enfants disent « jouer à être… »  Moi je joue à être du pain, un hamster magique, des brocolis, du pop corn… un tas de choses.

Je peux dire que je suis une crevette bleue géante qui parle 4 langues et qui a des moufles… Mais qui a déjà vu une crevette bleue ?

Puis ç peut amener à des fantasmes d’être du pain : « le soir elle et moi parfois, je fais le pain et elle le nutella, et on se tartine toute la nuit »

Ou du pop corn : « tu trouves pas ça romantique le destin des grains de maïs qui éclatent pour devenir du pop corn ?? »…

Je veux être mieux pour te plaire, je veux être croissant de lune pour faire la lumiére dans tes yeux, je veux être vaisseau spacial pour t’emmener loin, pres des étoiles, je veux être amoureux, je veux être heureux…

 

Et puis je trouve que c’est pas si mal d’être moi, parce qu’en étant moi je peux être tout ce que je veux !

 

16h37 -  Mon bain coule, moi aussi…

Je viens de me lever, rempli d’un rêve étrange. Nous volions des voitures, observions une masse de chair qui était une personne, et puis j’ai rêvé qu’une fille que je connais bien m’ignorait, alors que c’est moi qui l’ignore. Enfin disons que nous nous ignorons tous les deux. Ce soir je vois Audrey et Pierre…

Pierre aime Audrey, Audrey aime Pierre, mais ils ne sortent pas ensemble car l’amour leur échappe. Il paraît qu’elle est belle, qu’elle a dans les yeux ce qu’il faut pour fasciner et dans le cœur assez de cicatrices pour rougir jusqu’au sang. L’amour est un animal sauvage qui nous ronge doucement, c’est un chat qui nous mord le bout du doigt pour nous faire réagir. Moi j’ai ce qu’il faut en moi pour remplir un cœur, pas deux. J’estime que j’ai eu ce qu’il fallait en temps voulu, maintenant tout sera de trop même si je pense que ce n’est pas assez. Toutes les choses qui nous manquent nous semblent précieuses, si l’amour faisait partie de mon quotidien je lui accorderais beaucoup moins d’importance, il serait la, devant moi, monotone mais agréable, j’aurais toute la vie pour le savourer et le détruire à coup de négligences, en le jetant vif sous le train train quotidien d’alors. L’amour est une chose que l’on se passe de cœur en cœur, parfois on le perd, on ne sait plus où ou dans qui on l’a mis, dans quel cœur il sommeil ou dans quel endroit il demeure, alors on le cherche, désespérément…

 

Fée lacrymale au rendez-vous, fin des mots, je vais prendre le métro qui va m’emmener loin, loin, jusqu’au bout du monde !