Jeudi 25 mai 2000

 

Tout progresse, tout éclôt, rien ne connaît la déchéance, et mourir est différent de ce que nous pouvons croire et plus heureux.  Walt Whitman.

 

Je me suis assoupi, il est maintenant minuit et quelques, nous sommes rentrés en jeudi comme un train rentre dans une gare. J’ai assisté au concert des nits où je me suis ennuyé avec brio, comme si tout cela n’était déjà plus réel ou tangible pour moi. Je suis déjà un spectre.

 

J’ai fait un rêve assez étrange, à la fois malsain et excitant. A vrai dire, ce rêve je l’ai déjà fait, sous d’autres formes mais la conclusion était la même, mais le plaisir jamais aussi intense.

Je rêvais que je me promenais dans la rue, je devais rentrer chez moi dans un soir humide où la pluie laissait les trottoirs luisants, glissants et pleins de lueurs étranges. L’air était lourd et frais à la fois, l’humidité faisait son travail et transperçait ma veste, mon pull, pour se blottir contre ma peau qui se pensait à l’abri sous le tissu.

En un bref instant un homme sorti, bredouilla quelque chose et me planta un couteau dans le ventre. Il fouilla nerveusement mon corps qui gisait au sol, et parti en courant sans rien prendre, car il n’y avait rien à prendre. Je me sentais bien, avec cet état qu’on a quand on se réveille doucement, mais la on s’endort… Je souriais et à la fois des larmes coulaient, je savais que j’allais être délivré de tout cela sans à avoir à le faire moi-même, et puis je repensais à ma vie. Les gens que j’ai aimé, les choses que j’ai vu, les poèmes lus, les peaux caressées, les mots dits, les photos prises… Et puis j’aimais ma vie, j’aimais celui que je fus, je regrettais rien, c’était un moment que je voudrais vivre perpétuellement. Puis je me suis réveillé, quelques larmes avaient coulé sur mon oreiller, et je me rendis compte que tout cela était un rêve, que je me retrouvais à nouveau emprisonné dans cette vie et que tout restait à faire…

 

Je vais encore passer ma nuit avec des gens virtuels, passer ma vie à jouer avec des fantômes tout en en étant un moi-même, Bruno m’a avoué qu’il avait eu Céline au téléphone et qu’elle ne comptait pas nous revoir de quelque façon que ce soit. Bruno commence le travail lundi, je serai alors livré à la solitude la plus glaciale pendant quelques mois ou plus La vie continue… Oui mais sans moi L

 

A Bientôt, ici ou ailleurs

 

Pour elle pas besoin de décrocher la lune… C’est elle la lune.

 

 

Jeudi-Vendredi-samedi 26 mai 2000

 

The pussy day… (jeudi soir)

 

Premier jour à Londres, arrivée à la gare de Waterloo, je constate avec joie que cette mode des jus multi fruits explose littéralement ici, surtout le savoureux orange-fraise et orange-framboise, un régal ! Nous passâmes devant les monuments illustres et trop connus pour être cités…

En quête d’un hôtel ou YMCA ou Youth Hotel… Nous finiront par trouver quelque chose près de Notting Hill, le désormais célèbre New Atlantic Hotel.

Nous avons fait la rencontre d’un chat, noir et blanc qui nous a fait nous écrier d’une voix d’idiot « oohhhh le pti chat » ! Nous l’avons papouillé pendant de longues minutes, ce que j’ai ainsi classé immédiatement comme le meilleur moment de la journée.

Arrivé à l’hôtel, d’un premier abord tout paraît clean, puis petit à petit nous remarquons de nombreux graffitis, traces laissées, sur les lattes des lits superposés.

Je dors donc entre « When someone wanted to fuck… », « 2 bretons à Londres en manque de cul et de teush »… J’ajoute dans un élan de déprime, « Marc et Bruno, à Londres en manque de tout »… Je m’endors difficilement dans les bruits des allées venues incessantes.

 

Sick and Twisted… (Vendredi)

 

J’ai pris sans doute le meilleur petit déjeuner de toute ma vie, au Coffee Republic, un croissant aux amandes-frangipane encore chaud et un Teaser, sorte de glace pilée goût fraise super rafraîchissant avec paraît il tout un cocktail de vitamines. Miam

 

Bien entendu, Soho en point de ralliement inéluctable, Bruno doit faire le plein de vinyls pour ses futures soirées en tant que DJ. La moisson fut décevante à son goût, nous avons pourtant exploré la moitié des disquaires de Soho.

Tombé sur quelques tracts… Deux soirées intéressantes, une session en 4 salles Jungle-drum&Bass old school mais dans un endroit inconnu et une soirée, Sick & Twisted, dans un bel endroit appelé le Dome.

Nous nous sommes donc retrouvés au Dome, endroit peuplé d’une faune de punk, gotiques et autres cyberDarker. Sur le tract le ton est donné :Gabba, dark drum&bass, evil noise, industriel, hardcore-techno, drill, digital hardcore…… Les rythmes étaient parfois si rapides qu’on ne les entendaient plus, je pense que c’est le point de non-retour de la musique, le coté le plus bruitiste de tout ce qui se fait d’electro. Certains morceaux faisaient penser à une longue explosion atomique, d’autres à un concert de tronçonneuses sous amphés. Bref, à part quelques morceaux jungles très puissants, rien de très dansant. Pourtant, je me suis éclaté comme un fou, c’était bien.

Nota : heureusement qu’on a pris nos boules Quies, en sortant malgré nos protections on avait les oreilles qui sifflaient. Arg

Sur le chemin, nous demandons à un couple genre cinquantaine où est l’arrêt des Night-Bus, ce qui nous indiquent gentiment en nous donnant également les indications pour nous rendre sans encombre à la salle de la communauté gay de Camden. Hum… Etrange.

 

Bien entendu, arrivé à l’hôtel je remarque avec une joie assez peu dissimulée que j’ai perdu ma clef à la soirée, sans doute en dansant comme un malaaaaaade. Un peu inquiet mais plus tordu de rire qu’autre chose, nous abordons la matinée d’un autre œil. Re-Hum

 

Long long day… (Samedi)

 

Ce ne fut sans doute pas le meilleur jour. Fatigué de la veille, Bruno m’a traîné de disquaire en disquaire, j’ai même attendu quelques fois dehors, assis sur le sol lisant « les Vierges Suicidées » et m’attendant que certaines personnes bien attentionnées me jettent des pièces. Mais la culture n’est pas vendeur, juste la misère.

Je me suis promené un peu, seul dans les rues de Soho, remarqué au passage des cartes postales superbes, des aquarelles naïves où une souris rendait visite à des poissons ou encore un trio, chat, chien, renard qui regardait un coucher de soleil. Exquis !

 

Nous avons été chez CyberDog, magasin de vêtements étranges, techno, on eut dit un hangar énorme, une cave de briques, avec expo permanente et cyber. Vraiment intéressant. Tee-shirts clignotants avec incrustations numériques, vestes futuristes, incrustations de plastique partout, montres fluo, bijoux venus d’un autre monde… Bref ça vaut le coup.

 

Néanmoins l’ennui fut au rendez-vous, on a vraiment l’impression d’être seul au monde quand on marche dans une ville inconnue, quand on voit des couples ou des gens rire, s’amuser, alors que soi-même on est si isolé, perdu. Je me suis finalement arrêté sur un banc pour écrire quelques textes et notes.

« J’ai trois coupes, des libellules y boivent, le soir tombe, je me sens seul… »

« Ton visage, sur photo, respire tout autant, que dans mes souvenirs cachés »

« Dans ma prison, des soleils brillent, pas tous de la même intensité, mais chacun fait son possible, pour me réchauffer »

 

Samedi soir… Last day, de retour au New Atlantic Hotel, nous avons une autre chambre et de nouveau les graphs… « Love is a name, love is a game, forget the name and play the game »… Moi j’ai jamais eu la mémoire des noms et puis j’aime pas jouer.

 

« One day in a life » Dimanche

Chic, le Holland and Barret est ouvert ! C’est LE magasin où l’on peut trouver tout ce qui existe en vitamines et autres suppléments. Quand Bruno louchait sur les Smart Drinks et autres pilules, je me suis dit qu’après tout c’est plus économique de le faire soi-même, ce que j’ai déjà fait après tout. Récolte intéressante, Guarana en comprimé à 1200mg, et gélules avec L-carnitine, citrimax, synephrine, guarana, quercetin… Il me reste encore du ginseng et pollen, plus qu’à compléter avec des oligo éléments (surtout zinc et magnésium) l’avantage à se « doper » naturellement n’entraîne pas le coup de pompe après un dopage synthétique. Etre plus performant, mieux, plus intelligent, ça s’achète en super marché… (monde bizarre et puis si vous croyez ça zetes un peu bêtes)

Acheté maxi de Ben Christophers pour ses deux lives en face B, c’est si beau, si calme, on dirait du Radiohead, ça m'a fait partir.

Nous partons, le train attend, nous aussi, nous le prenons et c’est déjà le retour.

 

Dans ce train je regarde dehors. Le ciel gardait sa lumière jalousement, affaibli après ces jours de pluie, un masque nuageux couvrait l’horizon et se disloquait lentement laissant de temps à autre poindre une trouée bleue. La, derrière ces nuages, le soleil frappait. Finalement, le masque tombe, se disloque. Le reste de ce qu’il était ressemble à des traînées cotonneuses immaculées. Et sous ce ciel ouaté, un goût d’évasion. Je savoure les yeux mi-clos ce trouble sentiment d’éternité en ne pensant à rien, rien, rien

 

lundi 29 mai 2000

 

Aux perséïdes (étoiles filantes), pensez donc à moi. Ça porte bonheur (caro)

 

Voilà ce qui arrive, à force de trainer le soir sous la pluie… Moi qui ne suis jamais malade, en ce moment je gagne à la loterie des virus. Et puis je gagne à tous les coups, grippe, rhume, bronchite, bref.

 

Je m’ennuie un peu dans mon petit espace blanc. Un livre pour compagnon et comme perspective… Alors que tous ces mots tournent en moi, les miens plus ceux des autres qui se mélangent, je repenses aux rencontres fugitives que je fais par le net. Et chacune veut être plus qu’une ombre, chacune veut être différente et à coup sûr chacune l’est.

Je retrouve cette tendresse apaisante, ces attentions qui me manquent et une présence. Isabel_ travaille dans l’hopital des fées, elle soigne les gens, avec des mots et des médicaments, le soir elle écrit des lignes et je lui répond. Isabel_ a des mots faciles qui touchent et qui à la fois font vibrer, car faut pas croire, elle est sensible, elle a ce qu’il faut pres du cœur pour faire palpiter celui des autres. Alors elle veut me connaître et en retour elle veut que je la connaisse, mais isabel_ est une ombre claire qui reste virtuelle tout comme moi. Nous jouons avec des fantomes, nous jouons à nous faire peur, à agiter des draps en guise de drapeau blanc… Cessez le combat, j’ai trop donné, je veux un repis… Et puis non, on retourne ici avec du vide dans les mains. Le pire dans tout cela, c’est qu’on s’y fait, on espére rien, on n’a que des sensations irraisonées comme si l’amour était définitivement ailleurs, au-delà.

 

Le temps passe si vite, je compte à peine toutes ces années où mon cœur ne s’est pas mis à battre et un cœur qui ne bat plus est un cœur mort…

Instant de vie, dévie, sors du cadre, échappe toi, je ne regarde pas.

La morsure sera faible mais efficace, tu reviendras quand tu veux, m’emporter sous tes faux airs de félicité. En attendant, les secondes s’inclinent, traitresses dans la main nourriciére, se figeant au bout d’une larme d’acier inoxidable…

 

J’ai lu un article édifiant… il y a 80 suicides par jour aux Etats Unis, 30 000 par an, une tentative à lieu toutes les minutes et une tentative réussie toutes les 18 minutes, 3 à 4 fois plus d’hommes se tuent tandis que 3 fois plus de femmes font des tentatives, 80% des suicides sont commis par des hommes âgés entre 20 et 40 ans, En général, pour chaque décès par suicide, on dénombre 10 à 20 tentatives (variant selon les groupes d'âges), de 1976 à 1996, il y a eu une augmentation du taux de suicide de 25% chez les femmes et de 78% chez les hommes et le suicide est la seconde cause de mort parmi les lycéens voire la premiére en France (3 000 victimes de plus que les accidents de la route). Le taux le plus élevé de suicide est chez les hommes de 50 ans… Sur 10 personnes, 8 ont exprimé leur intention de se suicider. Toutes allusions au suicide ou  à la mort doivent être prises au sérieux, il n'y a ni courage, ni lâcheté. La personne ne voit plus d'autres choix possibles pour se sortir d'une situation qui lui est intolérable Pour 1 suicide, environ 6 personnes sont affectés de près ou de loin 

 

Prends soin de toi comme s'il s'agissait d'un autre !!!

 

Lundi soir… 23h17

 

Qu’elle est douce cette fraîcheur du soir, pleine d’odeurs d’herbe, de nuages et de pluie de la veille. Alors au loin, quelques nuages complètent la douceur de l’instant, un ciel lourd, noir mais avec quelques étoiles qui mettent de l’espoir la où il faut. J’ai l’impression que je suis déjà moins malade, c’est vrai que je guéris vite.

J’ai été faire les courses pourtant, acheté 2 litres de jus d’orange Tropicana, un pain, du lait et le fameux Cake Yoplait, substitut de repas avec 12 vitamines, 11 minéraux et protéines diverses, ça cale bien et ça permet de tenir une partie de la journée. J’ai également acheté de la sauce Céreal avec morceaux de soja, ça se marie très bien avec le riz et la purée, en plus c’est plus sain que du ketchup. Me voilà donc paré pour la semaine question bouffe, vu qu’il me reste 4 sachets de riz et autant de sachets de purée J

Quoique je doive encore chercher du jus d’orange tous les deux jours, voir tous les jours vu que j’en consomme assez bien. J’ai enfin éliminé le coca et toute autre boisson sucrée de mon alimentation, félicitation Marc J

 

Je pense voir Bruno Samedi, essayer de dénicher une soirée, bouger un peu… Je repense à The Winners, une salle de gym, je sais pas si je dois y aller, je fais déjà mes exercices dans mon appart. Enfin je suis tenté par le sauna et le bain bouillonnant et puis les appareils c’est pas mal aussi, un bon Butterfly ou une machine à reps… J’hésite.

Je devrais aller au ciné aussi, voir le dernier Oliver Stone. Bruno travaille et a pas trop envie de voir ce film, je vais donc aller seul comme au bon vieux temps :p

 

Ce journal m’ennuie un peu, je n’ai pas des tonnes de choses à raconter, parce que décrire la préparation du riz ou le paysage par la fenêtre ça passionne pas les foules.

Mon imagination devrait prendre le relais… Etre chaque jour quelque chose de différent, car n’étant personne me permet d’être tout.

Je suis la mousse qui pousse sur les arbres, je suis la poussière qui recouvre les vieux meubles d’une maison abandonnée, je suis l’astre du matin en perdition, je suis le pollen à la patte de l’abeille, je suis morsure de la pluie glacée sur ta peau, je suis sourire quand tu penses à moi, je suis l’ombre qui passe sur tes yeux quand je jour décline…

 

Mardi 30 mai 2000

 

A faire toujours les mêmes choses, il faut les aborder d’un œil nouveau, sinon elle vous épuise et vous plaquent sur le sol. Remarquer la nouvelle pousse sur le buisson, et puis ce ciel chaque fois différent, peuplé de nuages, de lunes montantes et descendantes, puis ce soleil qui n’en finit pas de se cacher. Ici la pluie travaille, elle démarre à 7h et finit quand elle veut, un vrai horaire d’étudiant.

 

J’ai passé une heure sur ma terrasse à écouter un live de An Pierlé, et regarder la fumée qui s’échappait d’une cheminée un peu en contre bas. On aurait dit des fantômes qui connaissait la délivrance, le ciel, le paradis. Alors j’ai pensé que cette maison était magique, que l’âme des morts se retrouvait à cet endroit pour s’y échapper. Un jour moi aussi je passerai par la, en attendant le prochain ramonage qui me sauvera… Je suis goutte de pluie qui tombe en forme de larme

J’ai vu quelqu’un passer dans ma rue, c’est assez rare pour être dit, il avait un chien étrange, une sorte de croisement entre un doberman et quelque chose de plus gros, un berger allemand peut être, en tout cas j’ai été surpris. Il s’est arrêté quelques instants devant la maison des âmes, tel un cerbère, puis a repris sa route, oubliant son rôle de gardien. Je suis le bruit de pas qui se sauve.

 

J’ai du rentrer car la pluie battait, s’écrasant contre la vitre, je la regarde mourir en ruissellement, comme les pleurs d’un millier d’anges. Paraît que ça rigole pas tous les jours la haut. J’ai remarqué aussi qu’une des boites aux lettres de la rue était en forme de petit tonneau, c’est bien original, un moineau mouillé, genre boule de plumes montait la garde sur l’arceau supérieur, sorte de petit diogéne à bec et ailes. Je suis l’odeur de la terre après la pluie…

 

Ouvert au hasard le livre de Alain Ayache, Lettres à Prunelle, c’est un livre que l’on ne peut que lire au hasard, sorte de petit bréviaire du quotidien dispensant formules et phrases bien faites… « il faut pour vivre, espérer, espérer chaque jour qu’un lendemain viendra te délivrer de l’angoisse du lendemain. » Applicable ?

 

Je me suis replongé dans le livre « les vierges suicidées », me retenant de le terminer pour en savourer l’entièreté, comme un orgasme que l’on met du temps à gagner, à force de lenteur, douceur et persévérance. La lecture est comme la sexualité, elle demande de l’exigence, une patience et l’écoute de chacun (l’auteur et soi-même)

Je caresse du bout des doigts mes livres lus, non lus, à demi-lus, oubliés, retrouvés, perdus… Certains ont des noms barbares (les syllogismes de l’amertume de Cioran, le principe de l’Axolotl de Tiberghien, fragmentarium de Mircea Eliade, l’exil intérieur schizoïde de Roland Jaccard,…) d’autres aux noms qui laissent rêveur (l’éveil de la surface (c’est un essai sur le travail artistique de Serrano), Cave bird ( an alchemical cave drama) de Ted Hughes (de la poésie), l’intuition de l’instant (Bachelard, j’étais très fan j’ai quasiment tout lu de ce philosophe-poéte), l’ombilic des Limbes (Artaud)…) Je devrais faire un jour une petite liste de livres que j’ai aimé et la diffuser sur le net, je la limite à 500 dans un premier temps, parce que c’est du boulot à répertorier tout cela, mais j’adore partager ces choses. Prochainement donc…  Je suis le goût du papier sur tes doigts…

 

Hier soir, ça m’a fait du bien, sur irc une Céline est venue me trouver car j’avais dit sur le channel que le prénom de Céline était si beau mais que pour moi il était creux comme la fille que j’ai peu connu mais à laquelle je m’étais attaché. Je lui ai demandé ce qu’elle attendait de la vie et en gros sa petite définition du bonheur,

<Night04> il te faudrait quoi pour être heureuse Celine ?   <Celine> un homme qui saura me respecter  <Night04> c'est l'éternel débat, chacun dit qu'il aime l'intérieur et finit par avouer que l'extérieur est ce qui importe, moi je préfère quelqu'un qui me fasse rêver par ses mots, par ce qu'elle cache dans le cœur, et puis tu sais, la beauté n'existe pas, on devient beau aux yeux de la personne qui t'aime. La beauté ça se gagne  <Celine> bravo

 

En ce bravo, le réconfort d’être moi, de vouloir rester tel que je suis, c’est à dire fidèle à des convictions, à une éthique, à un style de vie. Et puis ceux qui me critiquent sont libres de le faire mais pas libres de vouloir me changer. Je suis passé, présent, futur

 

Continuer la liste d’être ce que l’on est pas permet de vivre plus loin, de regarder les choses d’un autre œil et cultiver l’empathie, la fonction poétique de la vie. Parfois ça fait ressurgir des souvenirs, les miens ou ceux des autres, car ce que je ne suis pas et ce que je dis être est interchangeable, chacun peut revêtir le masque pour son bien être ou pour se faire peur…

 

Je suis bulle d’oxygène courant à la surface, je suis le goût du sucre, je suis le vent qui joue avec tes cheveux, je suis la boue remuée au fond de l’eau, je suis le paysage par la fenêtre, je suis un passant marchant dans la rue, je suis ton ami invisible, je suis silence après le tonnerre, je suis les mots que tu libères pendant que tu dors, je suis l’espoir d’être différent, je suis la peur dans tes yeux quand il rentre la nuit dans ta chambre, je suis l’espoir d’être ailleurs…

 

mercredi 31 mai 2000

 

Aujourd’hui je me suis fait plaisir, c’est idiot mais j’ai acheté des mouchoirs à l’eucalyptus et ça me rend tout heureux ! Comme quoi les joies simples sont les meilleures…

Et puis Cain pensait que j’avais doucement perdu mon sens de l’emerveillement, mais il se trompe, juste que je ne sais pas le partager comme je le voudrais ce petit sens.

Au rayon mouchoirs j’en ai vu à l’Aloé vera, hydratant et au balsam. C’est dingue tout ce qu’on fait maintenant J

 

Rencontré beaucoup de monde en une fois, la conciérge qui m’a attrapé au passage s’inquiétant une fois de plus qu’elle ne me voit jamais rentrer ni sortir, je la rassure en lui prouvant par ma présence que je sors, je rentre et que je ne suis pas encore tout à fait mort. Dans le grand magasin, cette fille qui voyant que j’ai un tout petit panier me fait passer avant elle, dans un reflexe je dis « oh c’estr vrai ? merci »… La caissiére qui m’a sourit, et puis en rentrant un golden Boy vieillant qui m’a bousculé sans excuse, juste parce qu’il était pressé d’aller quelque part. Et moi ça m’a amusé, amusé de voir autour de moi un monde en mouvement, amusé et heureux de cette journée où j’ai vu des gens et puis cette toux qui cesse de me torturer, mon systéme immunitaire travaille pour moi, c’est bien J

 

J’ai décidé de ne plus donner trop de références littéraires ou filmiques ici, je vais faire une nouvelle section pour cela, cela prend du temps car je recopie actuellement des paragraphes entiers… Je sais les scanners associés à un bon programme d’ocr font ça, mais mon ordinateur est une machine étrange, qui n’accepte aucun contatc avec l’extérieur, aucun périphérique n’a de droit de citée sur ses ports, il est hérmétique, un peu comme moi… Coupé du monde, mais bien la, spectateur attentif d’une époque qui s’active.

 

C’est étonnant comme les gens ont besoin d’attention parfois, on me demande sans cesse ce que je pense de telle ou telle action, un peu pour rassurer celui qui les commet que rien n’est forcément grave pour autant qu’on en éprouve une sensible peine ou remord, pourtant je me sens un peu étranger à tout cela même si ça me procure une joie simple de me sentir utile dans ces moments. J’aime ce bonheur discret qui s’épanouit quand à la fin d’une phrase on peut se permettre de dire, je te comprend, je suis avec toi, tu peux compter sur moi, mon attention et mon aide… Parce que vivre c’est aussi ça, se rendre disponible pour les autres, ça fait un peu biblique mon truc, pas grave, aimer son prochain c’est une chouette chose. Et puis j’ai appris un nouveau mot, la pronoia, Le contraire de la paranoïa. Philosophie adoptée par les Zippies : « À chaque moment, dans mon dos, quelqu’un complote pour mon bien. »

 

En ce moment je continue des recherches que j’avais laissé depuis quelques années de côté, les neutropiques et toute la gamme de suppléments alimentaires. En gros, tout ce qui peut nourrir/soigner spécifiquement certaines zones du corps et dans certains cas les doper. Ce ne sont pas des drogues, ni des dérivés stéroïdiens ou amphétaminiques, juste des prodtuits naturels que l’on retrouve en concentrations diverses dans notre alimentation. J’aime ce qui sort de l’ordinaire, puis ce qui peut me permettre d’être mieux physiquement et mentalement. Je suis la volonté de perfection…

 

Je me sens fatigué, j’ai fais des exercices pendant des heures, mon corps se rebiffe et m’élance quelque peu par une fatigue ennivrante. Dernier effort, se porter d’un point à un autre. Demain je serai mieux…

 

Je suis le bleu que le ciel prend sur certaines photos de magazines, je suis forêts dévastées et clairiéres en éruption, je suis volcan éternel, je suis déjà un peu ce que je serai…