JIM MORRISON

Soul Kitchen 

La pendule dit qu’il est l’heure de fermer, maintenant
Je pense que je ferais mieux d'y aller maintenant
J’aimerais vraiment rester ici toute la nuit 
Les voitures passent en rampant toutes remplies d’yeux
Les lampadaires répandent leur lumière creuse 
On a le cerveau comme meurtri par une surprise engourdie
Il reste un endroit où aller
Encore un endroit où aller
Laissent moi dormir toute la nuit dans la cuisine de ton âme
Me réchauffer l’esprit près de ton aimable fourneau
Laisses moi dehors et j’irai errer
En trébuchant dans les bosquets de néon
Tes doigts tissent de prestes minarets
S’exprimant dans des alphabets secrets
J’allume une autre cigarette
J’apprends à oublier, j’apprends à oublier
J’apprends à oublier, j’apprends à oublier
Laissent moi dormir toute la nuit dans la cuisine de ton âme
Me réchauffer l’esprit près de ton aimable fourneau
Laisses moi dehors et j’irai errer
En trébuchant dans les bosquets de néon
Bon, la pendule dit qu’il est l’heure de fermer maintenant 
Je sais qu’il faut que je m’en aille maintenant 
J’aimerais vraiment rester ici
toute la nuit, toute la nuit, toute la nuit 



Crystal Ship 

Avant que tu ne sombre dans l’inconscience
Je voudrais un autre baiser
Une autre chance vers la félicité
Un autre baiser, un autre baiser
Les jours sont clairs et remplis de peine
Enveloppe moi dans ta douce pluie
La fois où tu t'étais enfuie fut trop insoutenable
Nous nous retrouverons, nous nous retrouverons.
Oh dis moi où se trouve ta liberté
Les rues sont des champs qui ne meurent jamais
Délivre moi des raisons pourquoi
Tu pourrais pleurer, je pourrais fuir
Le vaisseau de cristal se remplit
d' un milllier de filles, un millier de frissons
Un million de façons de passer le temps 
Quand nous rentrerons, j’enverrai un mot 


Strange days

Les jours étranges nous ont trouvés
Les jours étranges ont dépisté notre trace
Il vont anéantir 
Nos joies fortuites
Nous devronscontinuer à jouer
Où trouver une autre ville
Yeah! 
Des yeux étranges emplissent d’étranges pièces
Des voix signaleront leur fin fatiguée
L’hôtesse sourit 
Le péché fait dormir ses hôtes
Ecoutes moi parler du péché 
Et tu sais que c’est ça
Yeah! 
Les jours étranges nous ont trouvés
Et au fil de leurs étranges heures 
Nous nous attardons seuls
Corps égarés
Souvenirs détournés
Comme nous passons du jour
A une étrange nuit de pierre



Summer's Almost Gone 

L'été est presque fini
Presque fini
Oui, il est presque fini
Où seront nous 
Lorsque l'été sera passé?
Le matin nous a trouvé calmement inconscients
Le midi a brûlé l'or de nos cheveux
A la nuit nous avons nagé dans les flots riants
Quand l'été sera passé
Où seront nous?
Où seront nous?
Où seront nous?
Le matin nous a trouvé calmement inconscients
Le midi a brûlé l'or de nos cheveux
A la nuit nous avons nagé dans les flots riants
Quand l'été sera passé, où serons nous?
Où seront nous?
L'été est presque fini
L'été est presque fini
L'été est presque fini
Mais ils sont passés
L'hiver arrive
L'été est presque fini


---------


Savez-vous la chaleur du progrès
sous les étoiles ?
Savez-vous que nous existons ?
Avez-vous oubliés les clés du Royaume
Avez-vous déjà été mis au monde & êtes-vous en vie ?
Ré-inventons les dieux, tous les mythes des siècles
Célébrons les symboles des profondes forêts anciennes
(Avez-vous oublié les leçons de la guerre antique)

Il nous faut de grandes copulations dorées Les pères ricanent dans les arbres de la forêt
Notre mère est morte dans la mer

Savez-vous que nous sommes conduits aux massacres par de placides amiraux
& que de gras et lents généraux sont rendus obscènes par le sang jeune

Savez-vous que nous sommes gouvernés par la télé
La lune est une bête au sang sec
Des groupes de guérilleros roulent des joints dans le carré de vigne voisin
thésaurisant pour la guerre sur le dos d'innocents bouviers qui ne font que mourir

O grand créateur de ce qui est
accorde-nous une heure de plus pour accomplir notre art & parfaire nos vies

Les mites & les athées sont doublement divins & mourants
Nous vivons, nous mourons
& la mort n'arrête rien
Nous poursuivons notre voyage dans le Cauchemar

Accrochez-vous à la vie Notre fleur passionée
Accrochez-vous aux cons & aux bites du désespoir
Notre ultime vision nous a été donnée par la chaude-pisse
L'entre-jambe de Colomb s'est gonflé de mort verte

(J'ai touché sa hanche & la mort a souri)

Nous nous sommes assemblés dans ce théâtre antique & fou
Pour propager notre rage de vivre & fuir la sagesse grouillante
des rues

Les portes ouvertes sont enfoncées (1)
Les fenêtres gardées
& seule de tout le reste
Pour danser et nous sauver
Avec le divin simulacre
des mots
La musique enflamme le tempérament

(Quand on permet aux meurtriers du seul Roi
de rôder en liberté
un millier de magiciens surgissent
dans le pays)

Où sont les festins
qui nous ont été promis
Où est le vin
Le vin nouveau (il meurt sur la vigne)

simulacre résident
donne-nous une heure pour la magie
Nous du gant pourpre
Nous du vol d'étourneau & de l'heure de velours
Nous de la race du plaisir arabe
Nous du dôme solaire & de la nuit

Donne-nous une profession
Pour croire
Une nuit de luxure
Donne-nous espoir dans
La Nuit

Donne de la couleur
cent teintes
un riche Mandala
pour moi & toi

& pour votre maison
coussinée de soie
une tête, la sagesse
& un lit

Décret troublé
Le simulacre résident
t'a revendiqué

Nous avons cru
au bon vieux temps
Nous en profitons encore
Dans une moindre mesure

Les Choses de la Bonté
& un sourcil peu engageant
Pardonnent & permettent

Saviez-vous que la liberté existe dans un livre de classe
Saviez-vous que des fous dirigent notre prison
Dans une geôle, dans un cachot
Dans un tourbillon
blanc, libre et protestant

Nous sommes juchés la tête en bas au bord de l'ennui
Nous cherchons à atteindre la mort au bout d'une bougie
Nous essayons de trouver quelque chose Qui nous a déjà trouvés

Nous pouvons inventer nos propres Royaumes
de grands trônes pourpres, ces sièges de luxure
& aimer il nous faut, sur des lits de rouille

Des portes d'acier enferment les cris du prisonnier
& de la muzak, grandes ondes, berce leurs rêves
Pas de fierté d'homme noir pour hisser les poutres
tandis que des anges moqueurs filtrent les apparences

Être un collage de poussière de magazine
Gratté sur les fronts de murs de confiance
Ceci n'est qu'une prison pour ceux qui doivent
se lever le matin & lutter pour de telles

valeurs inutilisables
tandis que des demoiselles en pleurs
étaient leur indigence & font la moue
paroles incohérentes pour
un personnel enragé

Oh, j'en ai assez de douter
Vivez dans la lumière de la certitude
Sudiste

Liens cruels
Les serviteurs ont le pouvoir
hommes-chiens & leurs viles femelles
couvrant de draps misérables
nos marins
(& où donc citez-vous à notre heure d'abstinence)

Traire votre moustache ?
où moudre une fleur ?
J'en ai assez des visages austères
Qui me fixent du haut de leur tour de
Télé. Je veux des roses dans
la tonnelle de mon jardin : pigé ?

Bébés royaux, rubis
doivent maintenant remplacer les
Étrangers avortés dans la boue
Ces mutants, nourriture de sang
pour la plante qu'on a labourée

Ils nous attendent pour nous ammener dans
les jardins désunis
Savez-vous la pâleur et les frissons impudiques de la mort qui vient à une heure étrange sans être annoncée, sans être escomptée
comme un invité effrayant et trop amical qu'on aurait pris dans son lit

La mort fait de nous tous des anges& nous donne des ailes
là où nous avions des épaules douces comme des serres de corbeau

Plus d'argent, plus de déguisement
Cet autre Royaume semble de loin le meilleur
jusqu'à ce que l'autre mâchoire révèle l'inceste
& le respect relaché à une loi végétale

Je n'irai pas
Je préfère un Festin d'Amis
À la famille Géante

JOURNAL DE PARIS
 
Déjà tant de chose oubliées
Tant de choses oubliées
Tant de choses à oublier
 
L’idée de purté une fois
née, tout était perdu
irrévocablement
 
Le Musicien Noir
Dans une maison sur la colline
 
Il y a anguille sous roche
Un squalette dans le placard
 
Désolé. Ça ne te concerne pas.
 
Un vieil homme, la fille
                           De qualqu’un
 
Se lève
et nous voit, silencieux, dans la salle
au piano désaccordé et aux mauvais
tableau
 
lui parti au boulot
sa nouvelle femme se pointe
 
( Les forêts-cierges de
Notre-Dame )
 
des nonnes mendiantes aux sourires
mouvants, petit sacs de velours
yeux cataleptiques
 
vagabondant vers les vitraux
Calendriers de mosaïque
Eclatante
 
J’écris ainsi
       pour te capturer
 
Donne-moi ton amour, tes yeux
las et affligés, qui aspirent à la 
délivrance
 
Un petit parc
caché – nous nous baladons
 
Et les affiches crient
une révolte inoffensive
 
les murs fatigués s’effritent,
graffiti dans le
ciment desséché
 
un vide suralimenté
poussière-d’horloge
 
Je me souvients des autoroutes
 
L’été, à tes côtés
Océan – frère
 
Orages passagers
 
Feux électriques dans la nuit
 
"pluie, nuit, misère –
les wagons de queue"
 
Secoue-moi ça ! Wanda,
Gras marécage en rade 
Femme
 
On a toujours besoin de toi
 
Secoue tes cuisses
Dodues sous cette
Tente du Sud
 
Alors quoi.
 
C’était vraiment dingue
Au départ elle était nue
Puis elle s’est habillée.
 
Un viel hôtel bon marché
des clochards dans le hall
clochars poseurs, d’une pauvreté 
satisfaite
 
De l’autre côté de la rue,
une salle de billard renommée
rendez-vous des acteurs
 
un ex-champion – foyer
des musiciens beat, des poètes
et des vagabons
beat
 
dans la tradition du Zen
venu de Chine jusqu’au
Métro
      en 4 vies faciles
 
Il quitta sa piaule en pleurant
ordres de la police
embarqués ses meubles, tous ses
disques et mémentos, et les reporters
qui comptaient sur des larmes et
des jurons contre la presse:
 
 
" J’espère que les junkies Chinois
                  auront votre peau"
 
oui, ils l’auront
car le pavot
mène le monde
 
Cette fleur
délicieuse
 
Cher Billy !
 
Te souviens-tu
du serpent
ton amant
 
fragile dans le sable
embroussaillé de ronces
et de cactus
 
Bien sûr.
 
Je me souviens aussi
Des étoiles dans la nuit
coup de fusil
 
bouffant de la chatte
jusqu’à ce que l’esprit
se clarifie
 
Dieu, ça roule
 
dans la Nuit Persane ?
 
        "Dans le canyon
        il y a un palais       
        où toi et moi
        sommes nés
 
        Maintenant me voilà seul
        Ramène-moi dans
        le Jardin
 
        Ombre Bleues
        du Canyon
        Je t’ai rencontrée
        et tu t’en es allée
 
        et mon rêve s’en est allé
        Ramène-moi dans ton Jardin
 
        Un homme en quête
        du paradis perdu
        Peut paraître idiot
        à ceux qui n’ont jamais
        cherché l’autre monde
 
        Là sont couchés les amis qui dérivent
        Follement dans
        Leurs jardins privés"
 
Le con fleurissait
et les murs tapissés
Frémissaient
 
Dans le miroir
un monstre est apparu
Pour narguer cette chambre
et son idiot
tout seul
 
Donne-moi des chansons
à chanter
des rêves d’émeraude
à rêver
 
Et je te donnerai
un amour sans voiles
 
Soleil
 
sous l’eau, c’était
tout de suite étrange
et familier
 
le garçon noir
en plongée, palmes et masque,
 
De ses narines coulait du sang
Cristallin et liquide
Tandis qu’elle émergeaient
 
Emergeaient et palpitaient
dans leur univers humide
 
Dans les profondeurs se trouvait un Royaume
Empire du sable immobile
et oui, de poissons
en couleurs de fête
- ils sont les dernier
                            à quitter
 
 La mer joyeuse
 
 Je te mange
 en evitant tes os
  verbeux
 
 et je recrache des perles
 
 La petite fille poussa
 de faibles cris de surprise
 quand la batte frappa
 ses flancs
 
 J’était là
 Près du feu dans la
 Cabine téléphonique
 
 Je les ai vus charger
 j’ai entendu le cri de guerre
 indien senti l’adrénaline
 de la peur ailée
 
 l’ivresse de la terreur
 ivre mort dans le 
 sang éclatant de la bataille
 
 Arrivés nus
 nous repartons meurtris
 pâte nue offerte
 aux vers mous et lents
 du dessous
 
 Voici mon poème
 je te le dédie
 Grande bête craintive et fleurie
 
 Grande épave parfumée de l’enfer
 
 Terrible et bienfaisante maladie

 peste d’été
 
 Sacré bon dieu de trou du cul
 Fumier de freak
 
 Tu mens, triche
 voles, tues
 
 tu te saoules de eaux
 grasses de la Folle
 avidité Sudiste
 
 tu meurs seul et complètement
 
 De la boue jusqu’aux bretelles
 Un nouveau venu dans tes 
 culottes et qui cela peut-il être?
 
 Tu le sais
 Tu en sais plus
 que tu n’en dis
 
 Bien plus que tu ne l’avoues
 
 Ange-putain merveilleux et servile
 tu m’as fait du bien Vraiment
 
 tu as été chouette avec moi
 
    Sur les trottoirs les piétons ont pressé le pas
 On se mêle au flot des passants. Soudain
 les flics, en formation, boucliers de plastique
 et visères, brandissant des matraques
 longues et minces comme des baguettes,
 déblayant la rue à contre-courant.
 S’approcher ou se tenir à l’écart.
 Les cafés rentraient les tables
 empilaient les chaises les unes sur 
 les autres, tiraient les barreaux d’acier
 parcs de sécurité. Sifflet à
 l’arrivée des fourgons. Soldats
 à moustaches. On quitte la scène.
 Dans les yeux de la jeunesse une lueur de méfiance.
 L’église. Une scène pastorale
 avec guitares, tambours, flûtes,
 harpes et amoureux. Après
 Shakespeare & Co., les restaurants
 et leur clientèle élégante, une rue
 transversale, le coin du Jazz
 ( Story Ville ) Nouvelle-Orléans
 en miniature.
 Des negros avec des chemises Africaines.
 Un orchestre de cuivres, musiciens de rue.
 " Fare well to my web footed friends "
 La foule sourit, sautille et chante.
 On passe. Boulevard Saint-Michel.
 La statue. La Seine. Feux de joie
 des paperasses qui vrombissent méchamment,
 le long du blvd. Voitures des pompiers.
 Odeur de fumée. On s’approche plus près
 encore plus près. Soudain des cris aigus
 ululements de guerre indiens et la foule
 se replie en courant. Pendant notre fuite,
 ils nous attaquent par-derrière,
 Ecrasés contre les tables des cafés.
 Métro et Kiosque à journeaux – Une
 fille est tabassée, ses cris. Je
 n’entends plus les coups. Pluie ( Un homme avec une bouteille )
 Tu me retrouves à la manif
 
 On se joint à des groupes sous les arbres
 sous la pluie. Grands édifices publics.
 
 Tu nous retrouves à la manif
  
 Nous devons attacher ensemble
 Toutes ces impressions désespérées
 
 Argent, beauté de
 
        (la monnaie
        vert pâle
              graisseuse
        ornementée
            douce
        texture
                sillonnée)
 
                             Peau ou cuir
 
 Se laisser glisser
 dans le sein chaud de la marrée
 
 Baiser labyrinthe humide
 
 creusant les puits
 chevauchant les mensonges
 
 tous creux et pieux
 
 Marcher dans la rue
 Rouler vers la plage
 Eclair d’un noyé
 Une Ville assiégée
 
 Le Désert
- bleu rosé métallique
 et vert insecte
 
 miroirs blancs et
 étangs d’argent
 
 un univers dans
 un seul corps
 
 Mélange bien arrosé de
       fumier et de lait paillé
 
 Connexions ténébreuse
       dans le forêt et la ferme
 
 élégance
       comme un plat tout grouillant
 
                     N’en Dis Pas Plus
 
 - On en a eu pour notre compte.
 - Tu l’as dit, bouffi.
 
 tu dois affronter
       ta vie
 qui, à la dérobée,
       se glisse sur toi
 comme un serpent lové
        extasié
 
 bave d’escargot
 
 tu devras l’affronter
                   l’inévitable
                         un jour ou l’autre
 Bloody Bones t’a bien eu !
 
 l’espoir n’est qu’un mot
            quand on pense en terme 
                                       de Nappes
 Le rire ne peut détruire
             sa drôle de sensation
             ni satisfaire notre
                                 étrange désir
 Des enfant naîtront
 
 Bienvenue à la Nuit Américaine
 là où mordent les chiens
 en quête d’une voix, d’un visage
                d’un destin et de gloire
 pour être apprivoisés
                 par la Nuit
 dans le silence ouaté d’une
                 voiture luxueuse
 Des auto-stoppeurs le long de la Grand-Route
 
 Cock-pit
 Je suis vrai
           Prends-moi en photo
 Il est vrai, pris
 La réalité est ce qui nous
                   a été caché
                        si longtemps
 la naissance le sexe la mort
 nous sommes vivants quand nous rions
 quand nous sentons le sang
                   affluer et jaillir
 le sang est vrai dans sa rougeur
 l’arc-en-ciel est vrai dans 
                      son absence de sang
 
 Attaque soudaine
 Poignardé, l’acéré mais sans
 douleur sans mort
 
- Zone de silence
 Propulsée
 étrangeté muette
 prise de conscience
 si gênante pour l’esprit
 pleine de vie, d’amour et de rire
 et du doux souvenir de temps
 meilleurs
         quand nous parlions et que les mots
                    étaient caressants
                          auprès du feu
 
 Voici ma forêt
        une mer de fils.
 Ce troupeau de vision
        est ma flammes.
 Ces arbres sont des hommes,
        les ingénieurs.
 Et une tribu de fermiers
        en repos Dominical.
 
 Dieux – les réalisateurs.
        Caméras, Centaures
 grecs sur la flèche des grues,
        glissant gracieusement
 Mobiles, silencieuses
 
 Vers moi –
        un clown bondit
 Dans l’œil splendide
        du soleil.
 
 Un grand danger réside
        dans la courbe d’une cuisse.
 Le doigt vendeur –
        seigneur.
 
 Danses et réjouissances
        l’été reptilien
 Ils seront là bien avant
        notre départ
 Lézardant au soleil
         sur le porche de marbre
 Alors qu‘en eux-même ils enragent
        contre la chaleur engourdie
 D’une Ville envahie
 
 Le Royaume nous appartient
 
 Traductions du divin
 dans toutes les langues. Le Blues,
 Les disques te font planer,
 dans les armée / radios dynamiques.
 Le nouveau rêveur chantera
 à l’esprit avec des idées libérées
 des griffes de la parole.
 Stations attention pirate. Las Vegas T.V.
 Emissions de minuit.
 
 orage électrique
               à l’avant
 pression barométrique zéro
               forêt
 chien aux yeux bleus
               suffocant dans la neige
 Orage dans la nuit
               survol des déserts
 capitales de néon, Étendues sauvages
               répercutés puis étouffés
                   par des anges
 
 Vol de l’Ange
        vers la plantation de tabac
 le relais routier
        demain
 
 prépare-toi pour la Nuit
        les rumeurs  s’éveillent
 graduelle sensation
        d’apprentissage et de souvenance
 
 imagine un paradis au
        cœur de la nuit
           l’un d’entre nous serait-il absent?
 
 La forme est un ange de l’âme
        le cycle cheval homme
            enfant
 
 La musique, le sexe, l’idée sont les
        courants de la connexion
 
 l’amitié sert de transition
 
 elle conduit l’âme loin de la 
        stupide sournoiserie
             vers le soleil couchant
 
 Travail accompli
 
 Bienvenue à la nuit
 Bienvenue aux belles et sombres
        pronfondeurs de la Nuit Américaine
 
 un homme prend le temps de mourir
        déchets de son ambre
 
 traces boueuses de pieds de pourceauux
 
 dans les camps, avec leur bûches
                               noircies
 les étoiles tortueuses ont le chiffre
                               de la destinée
 
 Dieu, aie pitié de nous
 
 Abandonne le sens informé
 dans notre sillage
 tu seras Christ
 au cours de ce voyage organisé
- l’Argent triomphe de l’âme –
 
Derniers mots, derniers mots
fini
 
Et le froid frisson du vent mauvais
l’empreinte de la main d’un enfant
        sur la baie vitrée
et le fusil chargé porté       
        sur l’épaule.
Feu dans la nuit
        attendant, dans une maison éteinte
        que la race cruelle et folle
        arrive de la ville
        s’enfonçant à tâtons dans la fumée
        et le fuel et des cendres en guise de lait
        et le regard malfaisant
             ils aboient triomphalement
Qui pourrait donc les arrêter ?
 
L’arbre creux, où
        tous les trois nous avons dormi et rêvé
        dans le tournoiement
        des ombres et de l’herbe
Bruissement las des feuilles
Un veillard entraîne les danseurs
        sur un air d’autrefois
obscurcissement
des ombres rapides s’inclinent sur la
        chair des forêts
        pour permettre de respirer
 
Un éveil
Secoue tes cheveux pour en chasser les rêves
        Ma mignonne, ma douce
Choisis le jour, et le signe
        de ton jour,
        La 1re chose que tu vois.
 
Un arbre calciné, tel un oiseau
        préhistorique géant, une feuille.
sèche et âpre, contes craquelants
        dans la tiédeur de ses vagues.
Les dieux du trottoir feront l’affaire.
        La forêt du voisinage,
Le musée vide et déserté, et
La mesa, et le Monument gravide
De la Montagne surplombant le kiosque à journaux
        où se cachent les enfants
              Quand l’école est finie
 
 
LA CROISÉE DES CHEMINS
 
Rendez-vous à la porte de tes parents
Nous te dirons ce qu’il faut faire
Ce que tu dois faire
pour survivre
 
Abandonne les villes pourries
de ton père
Abandonne les puits empoisonnés
et les rues souillées de sang 
Pénètre alors dans la fraîcheur de la forêt
 
La floraison
        d’êtres divins
dans l’air muet
        paraîtrait
               étrange
à un intrus
hors du commun
 
mais c’est tout ce qui nous reste
               pour nous guider
Maintenant qu’Il est parti
 
La putain Hystérique rit
        comme une veille fille
On te voit, vielle bique, retrouve
        tes esprits
Etendu, je délire
        Tu danses, silencieuse nubile
voulant être possédée
        récits inouïs
               osez Indiens vous relever
Ecrasés, comme le prépuce sacré
        des Peaux-Rouges
Le cancer s’est déclaré avec le cruel
        coup de couteau et la verge
endommagée s’est redressée
        à l’Est
               comme une étoile
                       en feu
 
Dans cette obscure caverne
nous ne pouvons aller plus loin.
Ici l’argent est la clé
d’une vieillesse sans rides. Chevaux,
donateurs de culpabilité. Grands
sacs d’or.
 
Je demande l’obéissance !
 
Nous explorons ce théâtre
antique et démentiel, obsène
tels de luxuriants autels
d’églises.
 
Je confesse
aux foulards
froids parterres
rideau effleuré
 
Les acteurs sont deux fois bénis
devant nous. Ceci est trop
sérieux, trop sévère.
 
Grand mystère !
Passion éternelle
modelée dans la sérénité.
 
Pour toi le sexe
était un fil
qui nous relie
dans l’instant
sur cette pâle
planète.
 
Au poète
et à la cover-girl
photo en couleurs,
aux armées
qui se rejoignent,
dans le désert,
à Samson
et tout ses
généraux
désormais tenus
au silence avec
d’exotiques
archanges
crépusculaires, dans
des sommeils
Sumériens
et N.Africains.
 
Il y a foule au bazar
les danseurs sont florissants.
Serpentins et plaisirs.
Je t’emmène dans une cave louche
Appelée "Calipah".
 
Reste là écoute
et tu les entendras
minuscules formes juste au-delà
               de la lune
Etoiles-volantes, dards,
lugubres frondaisons
mâchoires de singes qui s’agitent
s’efforçant de battre l’appel
du matin
 
Cri du hibou.
Ecoute les vignes folles.
Le serpent de lait tampe, rongeant
impatient
 
Je te connais.
Celui qui est parti donner
l’alerte. Désabusé maintenant
d’humeur maussade. Transerft
différé.
 
Vole pour moi une pêche
sur l’oranger
gardien du verger
 
Elle est tombée.
 
Que fais-tu la 
main posé sur sa
poitrine ?
 
Elle est tombée, m’am.
 
Donne-la-moi. 
 
Bien, m’am.
 
Va dire au maître
ce que tu as fait.
 
Ils l’ont tué.
 
Plus tard.
 
Montant les escaliers
menottes aux poignets
vers sa cellule.
 
La déflagration d’un coup de feu
Derrière le dos.
 
I
 
Pas non piétinés
Rêves à la lisière
Occasion pour les pécheurs
vivant en apparence
voué à l’errance
seul sur la rive
murmurer pour le seul plaisir
Je ne suis plus
Suis comme bat mon cœur
vis comme je peux
murmurer pour le seul plaisir
sables lointains
 
II
 
Viens maintenant sur mon île mignonne
Toi, si lasse d’aller vers l’ouest
Le loin n’est qu’apparence
ainsi la solitude nous abritera
Viens sous ma voilure
telles des îles languissantes allons
jadis prospère et heureux
Je ne serai plus le marin
Serai-je Ohé matelot
 
III
 
Où étais-tu quand j’avais besoin de toi ?
Où d’autre que dans un havre
Paradis inébranlable ; ravagé, brisé
sans le sou et, pour nous relier, une chose ténue 
 
IV
 
Reptation d’un gamin sans le sou
               gaspilleurs tous des salauds
brassage Nord
               zone souillée
il était perdu
               loin dans un avion
tout là-haut
               longs baraquements ingrats
                       la race du brasseur
 
cet ignoble équipage
               notre jet empoisonné
dieu donne-nous l’amour, donne-
               nous la vitesse
Pour nous ramener chez nous
               l’amour
Mutilé par les hommes
               qu’un rien peut couper
Logement public
               l’incroyable dommage
                       peut être guéri
 
V
 
C’est ma petite amie :
Je ne dirai pas son 
               Nom mais je crois
que vous la connaissez déjà son
               Nom
                 est
Square feu insecte
marbre safran intro
demi-chiffon en flammes
 
c’est le même jeu
si vous le nommez
par son vrai nom à elle
 
VI
 
Elle vit dans la cité
        sous la mer
Prisonnière des pirates
        prisonnière des rêves
Je veux être avec elle
        je veux qu’elle voie
Les choses que j’ai créées
        coquillages qui saignent
Semences délicates
        d’impossible cuirassés
 
La libellule voltige
        tremblante et taquine
Les herbes folles et ses ailes
        sont terriblement en colère
Etre seul
et guetter l’aube
        Ça pourrait faier
une chansonnette à la noix
Qui parlerait d’une nana
        Que j’ai connue
 
C’était la star
        d’une attraction à 4 sous
 
Elle n’était
Ni moi ni toi
Tu peux me croire
Elle savait y faire
 
et dire à un gars au
bout du rouleau
"Hey,
bourreau des cœurs,
le temps va changer"
 
Alors
Que faire
Rester assis, tout seul
à mâchouiller ma godasse
J’ai beson d’un amour
Pas mieux qu’elle
Mais pas moins bien
Et aucun regret
 
Si tu peux me filer
un tuyau au Téléphone
Je serai une canaille
moins joyeuse et plus avisée
 
Je ne serai que ceci
à propos de cela
J’étais la souris
qui attrapait le chate
 
Je ne veux pas
Te dire comment je vois
les choses
 
Je veux simplement te
Dire – Je suis seul
 
Certaines images me sont nécessaires
       pour parfaire ma propre réalité 
 
Le Temps ronge comme l’acide
Avec des yeux ternis
Tu vois le temps s’enfuir
 
Le visage s’altère tandis que le cœur bat
et respire
 
Nous ne sommes pas stables
Nous sommes une flèche en vol
Le total de nos angles variables
 
Dans la voiture, son visage se métamorphosa,
yeux, peau et cheveux demeurent
les mêmes. Mais cent filles
semblables se succèdent
 
Les rêves sont à la fois le fruit de l’atrophie
des sens et une protestation contre elle.
 
    Rêver n’est pas une solution
 
Au réveil, nous parlions. Nous racontant nos rêves.
une explosion pendant la nuit
 
Une nouvelle sirène. Pas celle des flics, des Pompiers,
d’une ambulance à New York, ou d’un
reportage sur une émeute en Europe, mais l’étrange
sirène prédisant la guerre. Elle a couru
à la fenêtre. La chose jaune
s’était levée.
 
La peur est un portique où
        se glissent les vents du Nord
Un visage à la Fenêtre
        devient une feuille
Malgré le pressentiment de sa perte
Un aigle s’élève, avec grâce, au-dessus
D’un lapin brillant dans la nuit
 
Encore moite au sortir d’un rêve étrange
l’aube jaillit
balafrant le plafond
de la chambre où sont toutes les choses
 
J’étais assis près d’elle, sirotant un sherry frais
 
Aéroport.
            ( Césure = antichambre de l’enfer )
 
Recommence: Au cas où les événements de ces
temps-là… Rêve d’inceste et d’expulsion
de la tribu. Grande Sœur. On appelle ça
la chaude-pisse. Viens donc par ici, perle nacrée.
J’étais vierge. Ça duré 10 secondes.
Alors ne le fais pas. "Je n’arrive pas à me relaxer."
Remonte les pantalons de cuir bien serrés pour le
                                      petit matin.
Ils m’ont abandonné, ils ont déserté la cause,
                                      [message
ou mot pour un autre dieu. "On te chasse
à coups de pied hors de notre univers!" Il a demandé
                                      [à te voir.
Ça ne m’étonne pas.
 
Le mystère du rêve
une femme, peut-être une fille,
cherche à se faire remarquer
 
Le Tueur – Mexicain, nu
        sauf ses chaussures.
 
Des gens, une famille sans liens apparents
se mettent en marche à un croisement hypnotique
après un arrêt sur image
 
2 hommes, des détectives, sur une
piste, passant au crible
des chambres sur cour mal éclairées, et
se consultent à voix basse. Chapeaux, costumes.
Des frères.
 
Des gens dans un bois, un parc.
Le Tueur se tapit dans son
        propre univers.
 
rêves d’enfants et de familles
retour à l’univers enfoui
pour assimiler et diriger les événements
 
Nouvelles-Orléans, sommeil, (ami
de la mort, sœur de la mort)
bétail, chevaux
des visages deviennent caoutchouteux, comme des
clowns peinturlurés, bêtement sournois, sages et avertis
 
Le mystère du vol
Etre dans le cerveau d’un oiseau
Le but – la fin d’une déesse
        Glisser gracieusement dans le pays du tombeau
 
Le Grand rêve
               Contre
Une violente mise à mort de 
        L’Esprit, du cou et du crâne
Blessé il est arrivé
 
        Le sombre Crépuscule Américain
La nuit comme une vaste
        conspiration pour rêver, tiennent
conseil dans le sable mouvant
 
Tijuana (1) – l’anus de la Nuit
        une civilisation en dessin animé
Les putains sont des trous des sonde dans la 
        Nuit Américaine
 
Qu’allons-nous voir dans les
        entrailles de la nuit, dans
Cet antre gelé où, sous nos yeux,
        les rêves sont frabiqués.
Prophétie sans argent.
 
Cette chanson doit avoir l’étrangeté
triste et banale des pièces
d’argent du royaume. Braises
d’amertume. Senteur de pinède enfumée
Nuit de feu, exercices spéciaux pour
l’accouplement. Un prétexte au
crime. Ecole de la
Nuit. Silence d’une école
la nuit

 

 

À Pamela Susan
Autrefois j'ai été, je pense.
Nous avons été

Ton lait est mon ivresse
Ma soie est ta richesse

Mosaïque

Une série de notes, de poèmes en prose
Histoires, extraits de pièce et dialogue
Aphorismes, épigrammes, essais

Des poèmes? Bien sûr

Je crois que l'interview est une nouvelle forme d'art. L'auto-interview est l'essence de la créativité. Se poser des questions et essayer de trouver les réponses. L'écrivain ne fait que répondre à des questions qui n'ont pas été posées.

C'est un peu comme être appelé à la barre des témoins. C'est cette région étrange dans laquelle vous essayez de fixer quelque chose qui est arrivé dans le passé. Vous cherchez à vous souvenir, honnêtement, de ce que vous tentiez de faire à ce moment-là. C'est exercice mental périlleux. Une interview vous donnera souvent l'occasion d'interroger votre esprit, ce qui est, à mon avis, la définition de l'art. La chance vous est offerte d'éliminer tout remplissage… Vous devez être explicite, précis, aller directement à l'essentiel… Pas de conneries. On trouve les antécédents de l'interview au confessionnal, dans un débat ou un contre-interrogatoire. Une fois la chose dite vous ne pouvez pas la retirer. Trop tard. C'est un moment existentiel.

Je suis, en quelque sorte, " accro " au jeu de l'art et de la littérature : mes héros sont des artistes et des écrivains.

J'ai toujours désiré écrire, mais je me figurais que rien de bon ne sortirait. A moins que, pour une raison quelconque, ma main se mette au travail sans que j'y sois vraiment pour quelque chose. Comme l'écriture automatique, mais cela n'est jamais arrivé.

Bien sûr j'ai fait des poèmes. Notamment " Le Pony Express " (1) quand j'étais en classe de sixième ou cinquième. C'est le premier que je me rappelle. C'était un poème dans le style ballade mais je ne l'ai jamais vraiment achevé.

" Les Latitudes du Cheval " remontent à mes années au lycée. Au cours de mon adolescence j'ai rempli des tas de carnets. Puis, quand j'ai quitté l'école, je les ai tous jetés… pour des raisons stupides, peut-être par sagesse? Je remplissais ces pages nuit après nuit. Si je ne les avais pas jetés, sans doute n'aurais-je jamais écrit quoi que ce soit d'original. Ils étaient, essentiellement, des accumulations de choses que j'avais lues ou entendues, des citations tirées de livres. Si je ne m'en étais pas débarrassé, je crois que je n'aurais pas pu être libre.

La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. À vous de franchir celle qui vous convient.

…C'est la raison pour laquelle je suis tellement attiré par la poésie, elle est si éternelle. Tant qu'il y aura des hommes, ils pourront se souvenir des mots et de leur combinaisons. Seules la poésie et les chansons peuvent survivre à un holocauste. Personne ne peut mémoriser un roman entier, un film, une sculpture ou une peinture. Mais, tant qu'il y aura des êtres humains, les chansons et la poésie pourront perpétuer.

Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs oeillères, de démultiplier leurs sens.

Jim Morrison
Los Angeles, 1969-70