L’OUTRE-MONDE ET QUELQUES DERIVES

 

 


Elle résiste, animalise la lutte, retarde l’instant final et resserre l’étreinte. La nuit balaie les derniers vestiges et noie la précision dans son brouillard noir, tout est infiniment trahi car non-vu : Nous sommes les proies de l’invisible lutte des corps en suspend, armés de leurs plaisirs respectifs, soumis à l’intransmissible désir d’être encore et encore.

Nous arriverons au point, à la ligne courbe, horizon proche, écartant les frontières à jamais franchies dans le doute et la passion. Transmise par insémination, la mémoire libère ses stances dans un souffle court. Le ciel recule, frondeur, nos astres déliés retombent sur nos paupières trahies, euthanasiées.

Petite mort, grandes funérailles, nous seront tous là, remerciant les participants d’avoir enfin réussit à se libérer, à sortir un peu d’amour d’un cœur sec, triste mais contemporain, orné de prestiges fin de siècle.

Je t’offrirai de ces étoiles qui filent, celles qui plongent encore une fois et résistent aux vœux les plus fous. Nous allons recommencer ce qui nous a perdu un jour. Ayons le courage de croire ce qui est mensonge, fourberie et caprice, avons-nous l’audace de surprendre l’écoute des cœurs dérivés?

Rentrons dans l’espace trahi, celui qui garde jalousement les plaies passées, la souffrance et les mots doux qui calment jusqu’à tuer à petit feux. Je brûle de t’appartenir encore une fois, avoir le verbe fin et la pensée pure. Nous avons encore une vie pour tout décider, après, ce sera trop tard.

Le temps trahi ceux qui s’aiment, il tend des pièges immoraux qui ralentissent les bouches et les font se croiser inexorablement. J’ai une âme à rendre et des actes à finir !

Jadis nous étions, indéfinis. Je voudrais tant retrouver une partie de toi, celle qui résiste et meurs toujours avant moi. Il fut un temps où tout se retenait, où nos chaînes étaient assez tendres pour que notre volonté nous approche, nous avions tout à gagner et nos sentiments se sont perdus, noyés en un lieu où nul ne sait crier.

Nous sommes perdus quelque part, à toi de revenir, au point de ralliement.

Je me souviens de tes lèvres qui sous lesquelles travaillaient les mots audacieux, ceux qui retenaient les sources et en garantissait la pérennité. Il existe encore des univers, mondes en jachère, qui demandent l’esprit pour les sculpter, les apprivoiser, leur souffler une vie enfin cohérente. Rejoignons-nous entre l’épine de Sarde et le pic d’humilité, nous aurons tout à nous dire même si la parole ne travaille pas, nous saurons ce que nous sommes.

Sauras-tu le langage symbolique des trêves vites consommées, des destins particuliers qui finissent lourdement sous une main vengeresse, sauras-tu pallier à l’incohérence de mes actes si prompt à oublier l’harmonie de tes traits…

Ils résistent, mais nous résistons, puis tout revient à l’anormal, rien n’est compris, nous demeurons ainsi incompris des autres et de nous-mêmes, livrés ensemble à l’intransigeance exquise d’un monde fou d’exister à l’envers.

Nous voltigeons, acrobates émérites, de rêves en fantasmes, entamons la longue route qui nous ramènera plus près du bonheur connu. Nous appartiendrons à cette grande fuite d’âmes qui subsiste malgré tout.

Il reste une chance, ce sera peut-être notre chance ? Qu’avons-nous à perdre sinon nous ? Avançons encore…

Pour nous, le souvenir travaille.