Je suis l’ombre qui marche, celle qui développe son mystère dans la périphérie.Traquant le dernier regard, le dernier mot inscrit au revers de la connaissance, revigorant le regret fortuit, induit dans la machine à rêve, propulsé bien plus loin que vous, bien plus loin !

 

Honorer les crises, en vider l’intensité pour se satisfaire d’une carcasse vide.

 

Il est des âmes qui deviennent ombre sous le joug de la tristesse. Malmenées sans arrêt, sans fin, elles perdent leur engagement à mesure que leur ancienneté se réduit. Le puits tarit, les choses retournent si promptement à leur néant que l’on reste souvent là à ne rien faire, à ne rien vouloir faire.

 

Elle disparaît vers l’arrière.

 

Elle s’étend, s’éteind, se glisse sensuelle sous les portes amoindries. Elle tremble, vitalité défaillante dans l’astre qui s’institue mort-né ou mort en devenir. Nous palpons les chairs liquides qui s’offrent à nous. Spectacle sexuel bourré d’à priori, on va en finir avec ce symbole de vie cannibale !

 

Viens contre moi, je suis déjà ici, raméné à la chance d’être.

Toutes ces phrases non dites que nous n’avons pas entendues, bloquées dans les parois intenses d’une gorge fermée. Portes-tu encore les germes de ma malédiction ?

 

Contrôler l’obsessive fadeur qui émane de tout, celle qui arrasse et dresse les sens à ne faire que le mime d’un désir animal, inconscient et instinctif. Pire, reflexe ! Les doutes sont ailleurs, ils naviguent sur des eaux calmes, ralenties par le besoin d’évasion tendre, un long chemin vers le ciel meurtri, vers la passion ravageuse des délices hivernaux. Quand il fait froid dans les corps, tout va ! Nous sommes retenus ailleurs, passez une prochaine fois…

 

 

 

 

Prouver mon ombre, mon appartenance à ce monde forclos, à cet idéal calme qu’instille la vie des labeurs. Travailler à être soi-même, en voilà un mérite. Parvenir à exister enfin, par la seul force de son être. Mais à garder plus près de soi, le mérite fatal de ressembler à son ombre, là où tous les points conbvergent, là où toutes les inanités se glacent, se crispent dans un délire inconventionnel. Je voudrais savoir ce que tu fais pour cela.

 

Je ne suis pas mort, mes yeux regardent.

 

Mes mains aggripent tes hanches redoutables, ma langue apprend les courbes, géométrie explicite des corps en mouvement. Je suis le cœur couronné qui octroie les prospérités gracieuses, je me doute que tout cela finira encore. Mais oubliant ce destin d’errance, je parcours sans cesse l’opinion pudique en choquant les êtres et leurs formes arrêtées.

 

La sensation revient à la charge. Tout y est : choc de tête, impression de vide, mal au cœur, respiration saccadée, saccagée presque, le monde tourne plus vite et nous nous perdons en chemin. Tomber dans le lac, le lac brille sombre, la lune roule encore dans ses écumes noires qui traînent à un jet de pierre de nous.

 

Il est un temps des jouissances parfaites, désemplies d’amertume et d’éloges trop braves, un temps qui contemple les siens, parfaits amours devenus inconscients de leurs mérites.

Je pourrais bien me tromper, mais encore une fois j’exécute les dernières volontés d’une pensée bien destinée à se donner mort et lassitude.

 

De tous les combats, certains sont menés pour être perdus. L’amour en bon dernier se délivre du fait et perd à l’envi le goût des réussites prononcées.