Les choses que l’on demande à l’amour, raisonnées ou non, semblent se
perdre dans l’inextricable filet du temps, ce temps qui passe et repasse par
endroits, qui nous conjugue indéfiniment au passé moins que parfait, nous rendant moins luisant par l’éminence des
doutes et des actes avortés. Il vient un temps où agir reste la seule
alternative, où l’acte devient pressé et cela devient dangereux, tout est à
prendre prudemment, les obstacles et même la perspective d’un échec ne doivent
pas vous faire reculer ou alors reculer pour mieux sauter, pour prendre de la
distance et régler au plus vite les choses de cœurs qui vous tiennent à cœur.
L’amour est le combat sans partenaire, il se règle en soi, retentissant dans
les tréfonds du désir entremêlé de désespoirs, de pensées fades ou
tonitruantes, pensées qui hurlent leur désarroi et vous pressent d’exister une
fois pour toute pour celle qui… Pour celle qui manque, qui remplit la vie, la
colmate par son attention et plus que jamais, par sa complicité altière. L’amour
est une question d’entraide, pas forcément d’union, l’amour cela peut-être dans
la tête, rester et trouver sa maturité plus tard, devenir quelque chose de fort
mais de prudent. Il est feu qui brûle et qui laisse ses cicatrices à des degrés
différents, il résiste à tout traitement, même si le temps, ce médecin de
l’âme, par ses cataplasmes nous aide à moins dériver.
Dédier les
choses, se rendre compte qu’elle compte, qu’elle redéfinit la vie et les moyens
de s’y conformer, un regard et puis tout le reste, ce qui traverse les portes,
les murs, les distances, ce qui laisse un lecteur pantois devant cette lettre
d’elle, ce qui fait frissonner au bout du fil, ce qui affole les cœurs dans les
couloirs sans pourtant laisser le visage parler pleinement, juste des choses
induites, juste des compliments qui n’en sont pas, puisque réels, admis.
Elle vit en même temps que moi, elle m’assomme de son incroyable
maturité assise, son avidité d’apprendre plus et encore, apprendre pour se
connaître, trouver la clef et la forger une fois pour toute, détenir ce qui
permet à l’âme de se libérer car elle cherche l’assurance d’une liberté
promise, une paire d’ailes efficiente.
En parlant de clef, j’ai peur de me tromper, elle que l’intelligence
abreuve, elle qui à chaque connaissance amasse les questions sans les réponses
et vice-versa (mais surtout vice), elle ne saurait que faire d’une clef ou
d’une délivrance, elle est faite pour briller, pour retenir à elle l’attention
de ses pairs ou d’un être, celui qui saura la comprendre sans trahir le secret
qu’elle porte et qui la porte, un être à la fois présent et effacé pour nourrir
cette micro solitude dont elle raffole, un être à qui parler juste, qui dit
sans contredire, juste discuter de points de vue pour voir plus loin, un être
qui tient la main dans les moments difficiles ou faciles, qui trouve ce qu’il
faut là où il faut ou alors qui admet son incapacité à bien faire. Un être
clef !
Mais cette
clef, cette satanée clef du paradis, la découvrir, se la forger, la tenir à
chaud, la comprendre, est-ce le but ? Et après tout est-ce bien de se
demander si c’est une clef qui ouvre ou une clef qui ferme ? On ne sait
jamais trop bien avec ces passes (pas partout)…
Plus qu’une
ouverture sur son monde, je cherche désormais l’accession à sa reconnaissance,
sombre mais immaculée comme une éclipse en Antarctique…
« Dans
l’insolante et altière raison d’être, dis-moi les mots, qui t’ouvriront… »
MD