VALERIE VALERE

Ces informations sont tirées du tres bon site sur Valérie www.valerie-valere.fr.st

Valérie est née à Paris le premier novembre 1961.Elle fut internée dans un hôpital psychiatrique pour anorexie mentale, à 13 ans.
Elle suit, ensuite, des cours de funambule de l'école du cirque d'Annie Fratellini tout en suivant ses cours au lycée.
À quinze ans, elle écrit "Le pavillon des enfants fous", publié en 1978, dans lequel elle raconte son séjour à l'hôpital.
Elle ira à la Sorbonne pour entreprendre des études de lettres mais abandonnera après la première année. Elle publiera ensuite "Malika ou un jour comme tous les autres" (1979) et "Obsession blanche" (1981).
Valérie meurt à l'âge de 21 ans

 

"Vous m'avez jeté votre monde au visage comme un seau d'eau, je ne trouverai jamais le chemin, je suis perdue " a-t-elle dit.

Françoise Dolto écrivait dans son manuel "Lorsque l'enfant paraît" :
"Tu es né parce que tu voulais naître et que nous voulions aussi un enfant". Réponse à donner lorsque l'enfant demande la raison de sa présence.
Je ne crois pas que Valérie voulait naître. Pourtant, elle apparut un mercredi premier novembre 1961, dans le quinzième arrondissement.
Son père était ingénieur et sa mère secrétaire. En réalité, ils ne voulaient pas d'un second enfant et Valérie portera ce refus en elle.

Petite, elle semblait sage, travaillait bien à l'école. Elle était silencieuse et se cachait sous la table où finalement son frère allait la chercher.
Les livres étaient la seule fenêtre donnant sur le monde extérieur. Et l'atmosphère familiale restait très tendue. Derrière son silence, Valérie absorbait tout, mémorisait tout.
Elle recrachera le venin de ce monde et dévoilera toute l'hypocrisie qu'elle a découvert chez les adultes et qui la poussera à cesser de se nourrir à 13 ans. Ce monde l'écoeure, lui donne des nausées mais lorsqu'elle le criera, personne ne sera encore apte à l'entendre.

" Monsieur le psy, dira-t-elle, ce n'est pas les enfants qu'il faut enfermer mais eux les parents, eux les responsables."

À 10 ans, elle portait déjà ce trouble dans son âme. Elle était triste et seule, ses parents étaient trop préoccupés par eux-mêmes pour voir qu'elle existait. Valérie était une petite fille sage et transparente mais dont le coeur était chargé de dégoût.
À 12 ans, elle est partie avec son père en Belgique durant une semaine. Heureuse de partir, Valérie découvrit qu'elle n'était pas seule avec lui. L'amante de son père était là aussi. Valérie fut derrière, comme toujours, mise de côté. Le voyage lui fut insupportable.

Valérie était repliée sur elle-même. Les fuites, les sauts d'humeurs étaient une tentative pour elle de s'extérioriser. Mais l'année scolaire a passé, le fleuve de la vie continuait à couler tranquillement sans montrer les tourbillons qui se déchaînaient sous une eau trop calme.

L'été est arrivé et elle accepta de passer la fin du mois d'août chez son amie Sophie. Sa mère partait bronzer en Tunisie et son père préparait un voyage d'affaires pour le Canada.
Dans cette autre famille où elle fut accueillie, Valérie cessa de manger...

Anorexie

Elle est rentrée chez elle à Paris, au bout de 15 jours et resta sous la surveillance de ses grands-parents pendant l'absence de ses parents. Elle pesait 31 kilos et sa mère, de retour, l'a conduite dans un hôpital psychiatrique.

" Devant l'hésitation de ma mère, le professeur décréta que, de toute façon, il n'y avait pas le choix, que si je ne me rendais pas à l'hôpital moi-même, dès le lendemain, on viendrait me chercher, que ma mère serait coupable d'un assassinat si elle me laissait ainsi. "
(Le pavillon des enfants fous).

Anorexie... c'est un dernier appel, une manière de dire :
"Je ne veux plus vivre !"

Le premier dialogue qui se produit entre la mère et l'enfant se fait durant l'allaitement. Ce n'est pas seulement un moyen de subvenir à ce besoin naturel mais c'est un moment où l'enfant se nourrit d'amour, du moins quand il y en a...

Valérie ne voulait pas d'un corps d'adulte. C'était devenir adulte, donc devenir comme tous ceux qu'elle détestait tant. Cesser de manger, c'était cesser de grandir.
Dans le monde psychiatrique, Valérie symbolise le cas irrécuperable, le mauvais exemple.

Isabelle Clerc écrit dans son ouvrage "Valérie Valère, un seul regard m'aurait suffi" :

" Depuis que Valérie est née, tous les gestes tentés vers sa mère sont restés suspendus dans le vide. Pas de prise réelle, authentique à laquelle s'accrocher. Alors à son tour, elle lui donne à toucher le vide.À sa façon, en refusant de se remplir, elle renvoie sa mère à ce vide qui lui a été proposé et auquel elle s'est identifiée. "

Dans cet hôpital, Valérie a mené une lutte. Elle racontera cette lutte, ces 4 mois infâmes dans " Le pavillon des enfants fous ".
Manière de soigner :
" Mange, mange, mange... ensuite tu pourras sortir ".
Un compromis, un chantage surtout. Valérie luttait contre le personnel hospitalier, contre leur chantage.
" Ils ne m'auront pas ! " revient sans cesse comme un refrain dans " Le pavillon des enfants fous ".
Guérison ? Atteindre une prise de 10 kg, après quoi Valérie sera considérée comme guérie. Fausse guérison, evidemment.

À son entrée à l'hôpital, ses livres lui on été confisqué. Enfermée, elle pert peu à peu notion du temps.
Les visites de sa mère, maquillée et bronzée, sont chargées de reproche ("Tu veux me rendre malade ?", " Je ne céderai pas."). Ses parents étaient en plein divorce et ils n'hésitaient pas à se disputer à son chevet.
Valérie n'arrivait pas à les atteindre, à toucher leur être profond. L'anorexie était une façon de dire : " J'existe ! ". Mais ses parents n'ont pas compris le message.

Pour sortir de cet enfer, de cet hôpital, Valérie a compris qu'elle n'avait pas le choix:   elle devait manger.
Elle a rencontré d'autres anorexiques durant son séjour. Leur seule motivation pour manger était de sortir et se venger.

" Le regard ébahi sous la calotte blanche éclatait de victoire. Rien qu'à cause de cet air de triomphe dominateur, j'aurais voulu lui cracher mes bouchées à la figure. Mais non, c'est stupide, je me vengerai d'elle après. "

Valérie a dû se forcer à manger. Elle finit par peser 10 kg de plus. Elle est sortie mais pour retourner au sein d'une famille qui était à présent brisée par le divorce des parents. En effet, son père était parti.

L'école du cirque

Après être sortie de l'hôpital, Valérie se sentait perdue. Elle a rencontré ensuite un acteur, chez qui elle est allée quelques fois. Et c'est cette rencontre qui la poussa à s'inscrire à l'école du cirque.

Elle choisit comme discipline la danse et le fil, deux disciplines qui lui convenaient parfaitement. Elle possèdait la souplesse pour la danse et un parfait equilibre pour le fil.
En classe, Valérie était solitaire, isolée.

Valérie était partie 4 jours avec Welly Rajman, son professeur de danse, à la Verberie, un village près de Beauvais afin de répeter pour un gala d'enfants.
Le spectacle eut lieu dans un hôpital psychiatrique. Coincidence ?
Son passage laissa une certaine empreinte dans l'air. Ce que Valérie ressentait et ne le disait pas, elle le disait avec la danse, avec son corps.

" Pierrette " de Balzac...
Pierrette raconte l'histoire d'une petite orpheline qui s'en alla, tirée par son frère et sa soeur, à Paris.
Revenus dans leur sous-préfecture, la ville ne reçoit que Pierrette. Jaloux, son frère et sa soeur la font souffrir et elle en meurt.
(
C'est du Balzac!!).

Guy Joré, le metteur en scène, recherchait depuis des mois une fille qui devait jouer le rôle de Pierrette. Il remarqua Valérie à l'école du cirque. Il alla la trouver et lui raconta l'histoire de Pierrette. Valérie écoutait, silencieuse comme toujours. Après une audition, il l'engagea.
Elle est partie tourner avec toute l'équipe dans le Massif centrale. Valérie était distante, solitaire. Enfuie au fond d'elle-même, elle était une enigme pout tous ceux qui l'entouraient. Elle supportait difficilement l'ambiance du tournage.

Le monde du cinéma est un monde de jalousie, d'hypocrisie. C'est un milieu difficile, et il faut passer pardessus les moqueries et les jalousies.

Toutefois, Guy Joré était content de son travail.

Valérie tourna dans d'autres films, notamment avec Jeanne Moreau dans " Lulu ".
Finalement, elle abandonna ses chaussons et le fil de fer.

L'écriture

Elle marchait, elle errait dans les rues, avec un petit carnet en poche. Elle cherchait dans les rues grises et tristes quelque chose qu'elle ne trouvait jamais. Deux ans sont passés depuis son internement.
Sa mère est partie en vacances, laissant Valérie seule pendant 3 semaines. Valérie écrivit alors, sans s'arrêter, " Le pavillon des enfants fous".

" Ces quatres mois restaient tellement présents en moi, tellement que j'ai compris que si je ne disais pas le temps dans le pavillon des enfants fous, il me gênerait, s'interposerait entre moi et la vie. Il fallait que j'en sorte."

Lorsque sa mère est rentrée, Valérie avait écrit la dernière ligne.

Elle venait d'avoir 16 ans, elle entrait en classe de philosophie au lycée Racine. Un matin, elle reçut un imprimé de Grasset. Le livre est accepté avec quelques modifications.
Elle refusa.
Quelques jours plus tard, De Stock accepta le manuscrit. " Le pavillon des enfants fous" est sortie en librairie le 9 novembre 1978.

Valérie a découvert une nouvelle passion: l'écriture.

" Écrire, dit-elle, c'est une très grande liberté, j'y ai trouvé la justification de vivre."

Elle continuait sa vie de lycéenne, tout en tissant des liens d'amitié avec son professeur de philosophie.
Après ses devoirs, elle prenait sa machine à écrire pour rejoindre son monde.
En deux mois, elle a écrit " Malika ou un jour comme tous les autres", sorti le 26 avril 1979.
Beaucoup se sont retrouvé dans " Le pavillon des enfants fous".

C'était l'heure du succès, la publication par centaines de milliers d'exemplaires.
Mais sa mère n'a toujours pas compris, elle n'a pas été au bout du " pavillon des enfants fous".

Le 27 avril 1979, Valérie passa à " Apostrophes". Belle vengeance contre ces infirmères qui ont été si inhumaines.
(
note de la webmaster: ou ne serait-ce pas plutôt humain, dans la nature de l'homme?).

Cette année-là, Valérie souriait. Une porte venait de s'ouvrir sur quelque chose de nouveau, sur un autre monde chaleureux où sa présence était fortement demandée.
Sa relation avec sa mère n'a pourtant pas changé, même si Valérie est parvenue à prendre du recul, le drame vivait toujours au fond d'elle.

Les demandes d'interviews ne manquaient pas. Valérie restait distante, acceptant parfois d'être interviewée, refusant d'autres fois.
Toutefois, Jean Couturier, journaliste, a su l'appréhender. Elle parla librement de "Malika".

" Malika, dit-elle, est un grand rêve qui finit parce que la réalité n'est pas comme ça. S'ils avaient continué leur vie, ils n'auraient pas pu poursuivre leur amour. Il est trop beau, trop pur.".

Elle ecrivait page après page, sans arrêt. Juste après " Malika" , elle préparait déjà " Obsession blanche".
Ses tiroirs cachaient encore bien d'autres pages:

"Aurel", essai inachevé 1977
"Passerelle des rêves", avril-juillet 1978
"Station D", août-janvier 1979
"Autobiographie", 1979
"Pierre Torran", 1979
"Laisse pleurer la pluie sur tes yeux", 1979

Elle passa son bac et l'obtenu en remportant les palmes scolaires et éditoriales. Valérie eut ses 18 ans, elle pouvait désormais toucher de ses droits d'auteurs.

 

Le pavillon des enfants fous

Il s'agit de son premier roman.A l'âge de 13 ans, Valérie fut internée dans un hôpital psychiatrique pour anorexie mentale.
Elle raconte ici les 4 mois d'internement qu'elle a vécu.
Roman très direct et très fort, c'est l'histoire d'une longue souffrance.

Extrait:

"Rien n'est admis,on doit suivre leur troupeau, faire tout exactement comme ces robots. Pourquoi donc ne supportent-ils pas que quelqu'un refuse de manger ? ça ne leur retire rien de leur assiette... ça ne les regardait pas... Je les détestais."

" J'espère qu'ils vont au moins me laisser mourir comme je veux... Je sais que la torture consiste à vous faire vivre malgrè vous.
N'est-ce pas plus terrible que de vous dérober la vie lorsque vous désirez la garder ? Je n'ai pas demandé la vie, je n'en veux plus. Maintenant j'ai le droit de choisir."
p.21


Malika ou un jour comme tous les autres

Ce roman, elle l'a rédigé à 17 ans. C'est l'histoire de deux enfants, Wilfried (15 ans) et Malika (10 ans), qui vivent seuls.
Leur mère est décédée et leur père voyage pour les affaires, ne venant les voir que deux ou trois fois par an.
Tour à tour, chaque personnage raconte cette histoire. Ici, Valérie parle d'amour, de joie et de bonheur, avec beaucoup de spontanéité.
Mais elle parle aussi de mort. Cependant, la mort n'est pas, ici, ce concept négatif tel que nous le connaissons. Ici, la mort est la porte d'un autre monde où l'amour trouve véritablement sa place.

Extrait :

"Wilfried et moi, on n'appartient à personne, ni aux jours, ni aux maisons, ni aux gens et on devient fous quand on le veut, aussi souvent qu'on le veut..."
p.255

" Et même si la mort, c'est vide et noir, on se tiendra la main pour continuer à s'aimer encore."


Obsession blanche

Gene, un jeune écrivain, se retrouve devant l'angoisse de la page blanche après avoir rencontré le succès avec son premier roman. Il cherchera son inspiration à travers ses rencontres et ses errances. Il finira par se réfugier dans un hôpital psychatrique.

Extraits:

"Gene ne voit défiler que le rêve inlassable d'une main qui court sur le papier en laissant derrière son passage les caractères fins et appliqués de sa propre écriture. Une écriture lente d'enfant consciencieux.Point. Il relève la tête.
La feuille est vide, le rêve mort."


Laisse pleurer la pluie sur tes yeux

C'est une oeuvre posthume.Yan, vingt ans, est un étudiant en philosophie qui sombre dans la mélancolie jusqu'au jour où il rencontre Mikaël, un adolescent de quinze ans, dont il tombe amoureux.
De nouveau, c'est une histoire spontanée, remplie d'amour comme de tristesse.Ils s'enfuiront vers la mer pour s'aimer librement. Le style est clair, Valérie joue avec les mots en leur redonnant tout leur sens.

Extraits:

"Combien de temps sommes-nous restés ainsi à nous découvrir, combien de rêves avons-nous construits en l'espace de cet instant fugitif mais éternel, combien de phrases ont couru entre nos regards fixés dans le reflet de nos regards, je ne le sais pas et quelle importance...
Je l'ai vu s'avancer vers moi, il s'est arrêté à quelques pas se balançant légèrement d'une jambe sur l'autre... "

p.98


Vera, Magnifica Love et pages diverses

C'est le recueil posthume de deux nouvelles accompagnées de textes divers. Tout d'abord commençons par "Véra" :
Il s'agit d'une autobiographie romancéee. Véra est une étudiante qui sombre dans la mélancolie (mais ce mot est bien faible!).
"Magnifica Love" est l'histoire d'une danseuse admirée par tous.
Mais je ne vous raconte pas tout car je pense que c'est à vous de découvrir! (eh! oui, je ne fais pas une thèse sur ça).
Toutefois, voilà des extraits, d'abord de "Véra" et puis de "Magnifica Love" :

"J'ai une peur maladive de la vie. Cet après-midi encore, je me suis angoissée pendant tout le cours de civilisation sur mes chances de réussir l'examen, et mes multiples probabilités de le rater. Je ne sortais pas de ce tunnel.Je ne pouvais absolument pas écouter ce que disait le prof.
La seule question capitale, essentielle était de savoir si je le passerai finalement. J'en ai conclu que non.
"

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"Magnifica Love finit sa dance superbe et sensuelle par un saut de chat en l'honneur du chat Cyprio et de ses magnifiques yeux verts irisés d'or et d'argent.
Epuisée, elle retombe sur la moelleuse peau de loup recouvrant le divan et étire dans un voluptueux mouvement ses longs membres fatigués."

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